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Iran

Condamnation à mort d'un rappeur iranien: une tribune exhorte Macron à agir "par tous les moyens"

Une affiche montrant le portrait du rappeur iranien Toomaj Salehi lors d'une manifestation à Istanbul (Turquie), le 26 novembre 2022.

Une affiche montrant le portrait du rappeur iranien Toomaj Salehi lors d'une manifestation à Istanbul (Turquie), le 26 novembre 2022. - Yasin AKGUL

Face à la condamnation à mort du rappeur iranien Toomaj Salehi pour son soutien au mouvement de protestation "Femme, vie, liberté" dans le pays, un collectif a appelé le président de la République à "porter sa voix".

"Nous demandons à la France de réagir et de porter sa voix". Plus de 160 artistes, écrivains et militants des droits humains se sont directement adressée au président de la République dans une tribune parue ce mardi 30 avril dans le journal Le Monde. Les signataires, dont la comédienne Golshifteh Farahani et la dessinatrice Marjane Satrapi, interpellent Emmanuel Macron sur le sort du rappeur iranien, Toomaj Salehi, condamné à mort le 24 avril dernier pour avoir soutenu le mouvement "Femme, vie, liberté", né après la mort de Mahsa Amini.

Ils demandent au président "de prendre fermement position" et "d'agir par tous les moyens politiques et diplomatiques pour faire lever définitivement" cette peine prononcée par la République islamique d'Iran. Et "pour obtenir la libération" des autres prisonniers politiques "condamnés au même titre".

"La France doit désormais assumer son rôle de garante des valeurs démocratiques et abolitionnistes de la peine de mort", est-il écrit dans la tribune.

"Si la République islamique d’Iran viole et bafoue les droits humains, la France, elle, ne peut s’en accommoder, car ils sont l’essence même de sa devise", conclut le texte.

"Catalyseur des idéaux de cette population iranienne"

Toomaj Salehi, condamné "à la peine de mort pour corruption sur Terre", l'un des chefs d'accusation les plus graves en Iran, avait été arrêté une première fois en octobre 2022 pour les messages de soutien au mouvement de protestation véhiculés dans ses chansons et sur ses réseaux sociaux.

Après avoir été torturé, placé à l'isolement pendant plusieurs mois puis libéré sous caution, cet artiste populaire a de nouveau été arrêté en novembre 2023 "pour les mêmes faits qui lui étaient reprochés un an plus tôt", explique le collectif.

"Ce chanteur de rap a pris le risque de manifester, mais a surtout été catalyseur des idéaux de cette population iranienne avide de liberté et de démocratie", est-il écrit dans la tribune.

Avant d'ajouter: "le rap, que Toomaj manipule avec ardeur, s’est révélé être un formidable outil politique dénonçant le totalitarisme du régime et sa corruption, encourageant le peuple à ne faire qu’un et à se soulever pour la liberté".

Le régime iranien a exécuté au moins 834 personnes en 2023, soit une augmentation "alarmante" de 43% par rapport à 2022, selon le rapport annuel d'Iran Human Rights (IHRNGO) et d'Ensemble contre la peine de mort (ECPM) publié début mars.

"C'est la seconde fois en vingt ans que le nombre d'exécutions dépasse le seuil de 800 par an", est-il ajouté, précisant que ce chiffre n'avait pas été atteint depuis 2015 lorsque 972 personnes avaient été executées.

"L’une des armes du régime iranien pour faire taire les dissidents est la condamnation à la peine de mort", déplorent les signataires de la tribune.

Juliette Brossault