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Oeuvres détruites en Irak: "c'est surtout de la propagande"

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Statues, frises, objets qui ont traversé les âges... Les trésors archéologiques du musée de Mossoul, deuxième ville irakienne, ont été détruits à coup de massue ou de perceuse par l'Etat islamique. Selon ces jihadistes, ces oeuvres seraient contraire à l'Islam. Un saccage qu'ils ont filmé pour entretenir leur propagande alors qu'ils veulent créer un califat islamique en Irak. 

"C'est consternant, quand j'ai découvert les images j'étais abasourdi", a réagi Eric Delpont. Interrogé par BFMTV, le directeur du Musée de l'Institut du monde arabe à Paris déplore un saccage pour toute l'histoire de l'humanité.

Quelle est la valeur des oeuvres détruites par les jihadistes à Mossoul ?

Eric Delpont - "Je ne parle pas de valeur monétaire car ce sont des pièces uniques. C'est une valeur sur toute l'histoire de l'humanité. On parle toujours de l'Egypte ancienne, mais on n'oublie qu'une partie de la civilisation de l'Occident est héréditaire des développements des sociétés qui se sont mises en place en Mésopotamie et dans l'Orient ancien.

On ne comprend pas pourquoi un tel saccage, surtout que finalement ce sont des œuvres qui ne sont pas nécessairement connues par les populations locales. A mon avis, ce sont des actes destinés à l'Occident pour marquer les esprits".

Comment expliquer cet acharnement de l'Etat islamique contre ces collections? Est-ce simplement de la propagande?

"C'est surtout de la propagande. Parmi les statues détruites, et contrairement à ce que disent certains jihadistes, il ne s'agit pas du tout d'idoles. Souvent ce sont des représentations de souverains de l'ancien temps et qui sont des témoignages archéologiques qui avaient été récupérés par les anciens régimes pour, en quelque sorte, créer des identités nationales. Les assimiler à des idoles, les assimiler à des objets qui vont à l'encontre de ce que pourrait être la volonté de dieu, est une pure aberration."

Comment protéger le patrimoine mondial, les sites archéologiques et les oeuvres d'art, dans des zones comme en Irak ?
"C'est la grande question. Que ce soit en Irak ou que ce soit en Syrie, on sait que les sites archéologiques eux-mêmes et les collections sont mises en danger. Depuis quelques années de nombreux pays réclament la restitution de leur patrimoine, qu'ils estiment avoir été spoliées, auprès des grands musées occidentaux. Or, aujourd'hui tout musée a pour mission de rappeler à la nation à laquelle il appartient un peu son identité et ses héritages. Mais en même temps, on est en droit de se poser la question au vu des événements récents sur le bien-fondé de ces restitutions."