L'Irak prie ses forces d'arrêter d'utiliser de faux détecteurs de bombes
À la suite de l'attentat de Bagdad, où 213 personnes ont trouvé la mort dimanche dernier, le Premier ministre irakien, Haidar al-Abadi, a ordonné aux forces de l'ordre du pays de cesser d'utiliser des détecteurs de bombes aux check-points. Des outils qu'une enquête a révélé être totalement inefficaces il y a plus de six ans, mais que l'armée a continué d'utiliser jusqu'ici, malgré tout.
La supercherie remonte au début des années 2000, lorsque Jim McCornick, un ancien policier devenu homme d'affaires, annonce avoir mis au point un objet révolutionnaire. Selon lui, son détecteur ADE 651 est capable de détecter des explosifs mais aussi de la drogue, de l'ivoire ou de l'argent, même enterrés dans le sol ou distants de plusieurs centaines de mètres. Chine, Afghanistan, Mexique et, donc, Irak: il en vend des milliers, à prix d'or, aux polices du monde entier. Rien qu'en Irak, il négocie la vente d'environ 6.000 détecteurs.
Un simple détecteur de balles de golf
En réalité, son "détecteur de bombes" n'est autre qu'un détecteur de balles de golf, une simple machine utilisée dans tous les golfs du monde pour retrouver les balles égarées. Un outil acheté 15 euros et revendu 31.000 euros l'unité, qui plus est totalement inefficace lorsqu'il s'agit de détecter des substances explosives. À l'issue d'une longue enquête, le 2 mai 2013, "l'inventeur" est condamné à dix ans de prison pour fraude par un tribunal londonien.
Depuis la révélation du scandale et la diffusion d'un documentaire de la BBC qui prouvait que les détecteurs étaient encore très largement employés, de nombreux citoyens irakiens, de concert avec le gouvernement britannique et l'armée américaine, ont fait part de leur colère. En vain. Et pour cause: le ministère de l'Intérieur, à l'origine de la transaction, a toujours soutenu l'utilisation des machines de McCornick, arguant, malgré l'évidence, qu'ils étaient efficaces pour détecter les odeurs des composants explosifs.
Ouverture d'une enquête pour corruption
Lundi, le chef du gouvernement irakien a également ordonné l'ouverture d'une enquête pour corruption pour tirer au clair les termes de la vente de ces détecteurs au pays, de 2007 à 2010. Une transaction qui aurait coûté 63 millions d'euros à l'Irak, au total.