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Irak: Washington arme les Kurdes, l'UE se penche sur la question mardi

Barack Obama doit s'exprimer sur l'Irak à 22h45.

Barack Obama doit s'exprimer sur l'Irak à 22h45. - -

Le président américain fera une déclaration sur la situation en Irak après la nomination d'un nouveau Premier ministre, immédiatement rejetée par le sortant Nouri al-Maliki, qui a dénoncé une violation de la constitution et l'attitude de Washington.

Trois jours après le déclenchement des frappes américaines en Irak, les Etats-Unis ont annoncé lundi qu'ils comptaient livrer des armes aux forces kurdes qui combattent les jihadistes de l'Etat islamique au nord du pays. Côté français, "une intervention militaire n'est pas prévue", a fait savoir Laurent Fabius dimanche lors d'une visite à Bagdad et Erbil pour livrer l'aide humanitaire française, mais la question de la livraison d'armes se fait de plus en plus pressante. Une réunion des ambassadeurs de l'UE se tiendra mardi sur le sujet.

Enfin, en Irak, le président a désigné un nouveau Premier ministre. Une décision aussitôt contextée par le Premier ministre sortant. On fait le point.

> Déclaration de Barack Obama à 22h45

Le président américain Barack Obama s'exprimera dans la soirée sur la situation en Irak après la nomination d'un nouveau Premier ministre, immédiatement rejetée par le sortant Nouri al-Maliki, qui a dénoncé une violation de la constitution et l'attitude de Washington. Sa déclaration est prévue à 16h45 aux Etats-Unis, (22h45 heure française) depuis l'île de Martha's Vineyard, dans le Massachusetts, où il passe des vacances en famille.

> Washington livre des armes

En plus de leurs frappes aériennes, les Etats-Unis livrent des armes aux forces kurdes qui combattent les jihadistes de l'Etat islamique au nord de l'Irak, a annoncé le département d'Etat lundi. "Nous collaborons avec le gouvernement irakien pour envoyer des armes aux Kurdes, dont ils ont très vite besoin. Les Irakiens procurent des armes de leurs stocks, et nous faisons la même chose, nous leur fournissons des armes de nos stocks", a déclaré Marie Harf, une porte-parole de la diplomatie américaine, sur CNN.

> Paris envisage de livrer des armes, Fabius demande à l'UE de se mobiliser

Côté français, "une intervention militaire n'est pas prévue", a fait savoir Laurent Fabius dimanche lors d'une visite à Bagdad et Erbil pour livrer l'aide humanitaire française. Mais, en liaison avec les autres pays européens, la France examine la possibilité de livrer des armes "de manière sûre" aux Kurdes et aux Irakiens, a expliqué le ministre français des Affaires étrangères. "Il faudra, d'une manière ou d'une autre, qu'ils (les Irakiens dont les Kurdes) puissent être livrés, d'une façon sûre, en matériels qui leur permettent de se défendre et de contre-attaquer. On va voir ça dans les jours qui viennent mais en liaison avec les Européens", a déclaré le chef de la diplomatie française.

En quoi pourraient consister ces livraisons de "matériels" ? Pour le directeur de recherche à l'IRIS et spécialiste des questions de défense et de sécurité Jean-Claude Allard, interrogé par BFMTV.com, le soutien de la France pourrait être de l'ordre du "symbolique".

Lundi, la France a demandé à l'Union européenne de se "mobiliser" face à la demande d'armements du président du Kurdistan irakien Massoud Barzani, dans une lettre adressée par le chef de la diplomatie, Laurent Fabius, à son homologue européenne, Catherine Ashton. Le président Barzani "a insisté sur la nécessité impérieuse de disposer d'armements et de munitions lui permettant d'affronter et de battre le groupe terroriste de l'Etat islamique. Il est indispensable que l'UE se mobilise dès aujourd'hui pour répondre à cet appel à l'aide", écrit Laurent Fabius dans cette lettre, en souhaitant la tenue d'une réunion spéciale des ministres des Affaires étrangères de l'UE.

> Réunion extraordinaire des ambassadeurs de l'UE mardi

En réponse à la demande du chef de la diplomatie française, et à une demande de la ministre italienne des Affaires étrangères, Federica Mogherini, dont le pays assure la présidence de l'Union européenne jusqu'en décembre, Bruxelles a annoncé la convocation d'une réunion extraordinaire des ambassadeurs des pays de l'UE pour examiner les moyens d'aider le gouvernement du Kurdistan irakien à contrecarrer l'avancée des jihadistes de l'Etat Islamique (EI). "La réunion du comité politique et de sécurité (ambassadeurs de l'UE) débutera mardi vers 10 heures, mais aucune décision n'est attendue malgré l'urgence", a-t-on expliqué de source européenne. "Il s'agit de se coordonner le mieux possible".

Une décision qui arrive tard, pour la présidente PS de la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée. "L'Union européenne aurait déjà du réagir la semaine dernière" sur l'Irak, a regreté Elisabeth Guigou au micro de BFMTV.

> Ecarté, Maliki rejette la nomination du nouveau Premier ministre irakien

En Irak, la journée a été forte en rebondissements politiques. Le Premier ministre irakien Nouri-al-Maliki semble avoir perdu le bras de fer dans lequel il s'était lancé contre le président Fouad Massoum. Après avoir annoncé tôt lundi matin qu'il allait déposer plainte contre le chef de l'Etat pour avoir violé la Constitution, le Premier ministre a été démis et remplacé par Haïdar al-Abadi, chargé de former le nouveau gouvernement. Jusqu'ici premier vice-président du Parlement, Haïdar al-Abadi venait d'être choisi par l'Alliance nationale, le bloc parlementaire chiite, comme son candidat au poste de Premier ministre à la place du sortant Nouri al-Maliki.

Les Etats-Unis ont félicité le nouveau Premier ministre irakien. La France a appelé Haïdar al-Abadi à former "un gouvernement d'union nationale". Mais dans la soirée, Nouri-al-Maliki a fait savoir qu'il rejetait la nomination du nouveau Premier ministre irakien.

> Les jihadistes prennent le contrôle de la ville de Jalawla

Sur le terrain ce lundi, les jihadistes de l'Etat islamique (EI) ont pris le contrôle de la ville de Jalawla, à 130 km au nord-est de Bagdad après deux jours de combats féroces avec les forces kurdes peshmergas, ont affirmé des sources de sécurité. Un officier de police a affirmé que la ville était tombée aux mains des jihadistes "tôt lundi matin" et deux autres sources de sécurité ont précisé que les combats avaient fait 10 morts et environ 80 blessés dans les rangs des peshmergas.

|||L'ESSENTIEL: 

● Le président irakien a nommé Haïdar al-Abadi comme nouveau Premier ministre. Une nommination rejeté lundi soir par l'actuel Premier ministre Nouri al-Maliki.

● La France étudie la question de la livraison d'armes tandis que les Etats-Unis ont annoncé qu'ils comptaient armer les Kurdes.

● Obama s'exprimera à 22h45 sur la situation

● Les ambassadeurs de l'UE se réuniront mardi pour se "se coordonner"

V.R. avec AFP