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Irak

Irak: nouvelle irruption de manifestants au Parlement

Des centaines partisans de leader politique Moqtada Sadr ont envahi le Parlement irakien ce samedi alors que le pays est frappé par une crise politique. Ils ont annoncé occuper les lieux jusqu'à nouvel ordre.

Pour la deuxième fois en quelques jours, des partisans de l'influent leader politique chiite Moqtada Sadr ont envahi ce samedi le Parlement irakien, après avoir pénétré dans l'ultra-sécurisée zone verte de Bagdad, lors d'une nouvelle journée de protestation dans un pays secoué par une nouvelle crise politique. Les manifestants ont annoncé vouloir occuper le Parlement jusqu'à nouvel ordre.

Brandissant des drapeaux irakiens, des portraits de Moqtada Sadr et des drapeaux aux insignes religieuses, des centaines de manifestants se pressaient dans le hall d'entrée du Parlement avant de pénétrer dans l'hémicycle. Mercredi déjà, des manifestants avaient brièvement occupé le Parlement.

A l'intérieur du bâtiment les manifestants déambulaient dans l'hémicycle en faisant le signe de la victoire et en prenant des selfies, dans une ambiance bon enfant.

L'impasse politique est totale en Irak qui attend toujours la nomination d'un nouveau Président et d'un Premier ministre, dix mois après les législatives d'octobre 2021. Faiseur de roi et trublion de la scène politique, Moqtada Sadr a lancé une campagne de pression maximale contre ses adversaires, rejetant leur candidat au poste de chef du gouvernement.

Tir de gaz lacrymogènes

Ce samedi matin, plusieurs milliers de manifestants rassemblés devant un pont de Bagdad ont escaladé des blocs en béton érigés successivement pour bloquer la voie et des centaines d'entre eux sont parvenus à pénétrer par la suite dans la zone verte, après avoir franchi le pont de la République.

A l'entrée de cette zone, les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes pour éloigner les contestataires et des canons à eaux ont été activés.

Des manifestants ont évacué du secteur des blessés, les portant à bout de bras, selon le correspondant de l'AFP qui a vu un groupe prodiguer des soins à un contestataire, blessé au crâne et le visage en sang.

Des gaz lacrymogènes ont également été lancés contre des manifestants qui tentaient d'arriver jusqu'à la zone verte via un autre pont, selon une source de sécurité.

26 manifestants blessés

Au total, au moins 26 manifestants ont été blessés, s'étranglant à cause des gaz ou chutant des hautes barrières en béton érigées pour entraver l'avancée des contestataires, a précisé une source de sécurité. Et 17 membres des forces de sécurité ont été touchés par des jets de pierres lancées par les manifestants, selon la même source.

"Tout le peuple est avec toi Sayyed Moqtada", ont scandé les contestataires, utilisant son titre de descendant du prophète de l'islam.

Les manifestants dénoncent la candidature au poste de Premier ministre de Mohamed Chia al-Soudani, jugé proche de l'ancien chef du gouvernement Nouri al-Maliki, ennemi historique de M. Sadr.

"Nous sommes là pour une révolution de la réforme (...) pour rendre victorieux le peuple et Sayyed Moqtada Sadr le leader", a lancé un manifestant Haydar al-Lami.

"Le corrompu nous n'en voulons pas, et nous ne voulons pas essayer ceux qu'on a déjà vu" au pouvoir, a-t-il dit, interrogé par l'AFP. "Ils ne nous apportent rien, depuis 2003 jusqu'à maintenant ce sont les mêmes, ils nous ont porté préjudice".

Mercredi, des milliers de manifestants sadristes avaient envahi ce quartier et brièvement occupé le Parlement pour rejeter la candidature de M. Soudani, ancien ministre et ex-gouverneur de province âgé de 52 ans.

"L'escalade politique accroît les tensions dans la rue"

Issu du sérail politique, M. Soudani est le candidat du "Cadre de coordination", alliance de factions chiites pro-Iran regroupant la formation de l'ancien Premier ministre Nouri al-Maliki et les représentants du Hachd al-Chaabi, ex-paramilitaires intégrés aux forces régulières.

"Poursuivre l'escalade politique accroît les tensions dans la rue", a regretté dans un communiqué l'actuel Premier ministre, Moustafa al-Kazimi.

S'il a aujourd'hui décidé de maintenir la pression sur ses adversaires, M. Sadr leur avait pourtant laissé la tâche de former un gouvernement, faisant démissionner en juin ses 73 députés: ils représentaient la première force au sein du Parlement de 329 députés.

Dans la nuit de vendredi à samedi, les partisans de Sadr ont saccagé à Bagdad des bureaux du parti Daawa de M. Maliki, ainsi que des locaux du Courant Hikma, la formation du politicien Ammar al-Hakim, qui fait partie du Cadre de Coordination, selon une source de sécurité.

P.B. avec AFP