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Irak

Irak: la carrière de Maliki achevée par l'EIIL

Le premier ministre irakien Nouri al-Maliki, le 30 avril 2014, à Bagdad.

Le premier ministre irakien Nouri al-Maliki, le 30 avril 2014, à Bagdad. - -

Face à l'offensive jihadiste en Irak, le premier ministre Nouri al-Maliki, au pouvoir depuis 2006, pourrait ne pas tenir bien longtemps.

Jamais l'Irak n'a été bien tenu par son armée. Cette structure est née à l'ombre de la coalition multinationale, et donc n'a que rarement assumé des offensives seules. Depuis le retrait américain et multinational, fin 2011, l'armée irakienne reste inefficace. Les officiers et les services secrets, eux, pourchassent les anciens partisans de Saddam Hussein et tous ceux qui opposent le gouvernement de Nouri al-Maliki, avec cruauté.

Un risque de guerre civile

Les recrues, chiites, ne sont pas des fanatiques. Depuis des mois, ces jeunes soldats ont assisté, impuissants, aux exactions des forces de sécurité irakiennes, à laquelle elles-mêmes appartenaient, surtout dans le nord-ouest. Le soulèvement des tribus du nord-ouest a commencé il y a quatre mois, et c'est à ce moment que les forces de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) sont arrivées dans la région pour l'accompagner. L'effet fut très efficace. Les jeunes recrues ont déserté en masse, et les officiers ont dû lâcher peu de temps après.

La sécurité de Bagdad est désormais en jeu. EIIL va-t-il pouvoir prendre la ville? Pas sans les tribus. Les tribus ont-elle le désir de rester lié à EIIL? Pas longtemps. Les chiites de Bagdad et plus au sud, dans la province de Bassorah, ne pourront supporter l'entrée d'EIIL dans Bagdad. Menés par le saint homme chiite Ali al-Sistani, ils s'apprêtent à aller au combat. C'est là le risque de guerre civile.

Maliki sur un siège éjectable

Le premier ministre Nouri al-Maliki ne pourrait pas tenir bien plus longtemps. Il dépend de son parlement pour régner, et les rumeurs vont bon train à Bagdad: son propre parti, Dawa, le lâchera. Cela marquera la fin du lien entre le régime de Maliki et le pouvoir à Téhéran. En effet, l'homme passait pour très proche de Téhéran, et aujourd'hui, cette ligne semble avoir amené le chaos actuel.

Obama profitera de la situation pour pousser Maliki au départ, et aidera à l'installation d'un homme proche de Washington, bien sûr, mais surtout un homme capable de reconstruire un peu d'esprit national irakien. Les regards se tournent vers Iyad Allaoui, qui dirigea le pays au lendemain immédiat de la chute de Saddam. À lui de désamorcer la guerre civile.

Harold Hyman et journaliste et spécialiste de géopolitique