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Irak

Début de l'assaut irakien pour chasser l'EI de son dernier carré à Mossoul

L'armée irakienne progressait à Mossoul, le 17 juin 2017.

L'armée irakienne progressait à Mossoul, le 17 juin 2017. - AHMAD AL-RUBAYE / AFP

L'opération s'annonce particulièrement délicate. Les rues de la vieilles villes où les blindés ne peuvent pas passer et les populations civiles utilisées comme boucliers humains ne facilitent pas les choses.

Les forces irakiennes, soutenues par l'aviation de la coalition internationale, ont lancé dimanche l'assaut pour reprendre la vieille ville de Mossoul aux jihadistes qui résistent farouchement dans leur dernier carré dans la cité septentrionale. Une reprise de la vieille ville où sont retranchés la grande majorité des combattants du groupe Etat islamique (EI), permettrait aux forces gouvernementales de contrôler la totalité de la deuxième ville d'Irak. L'opération constitue en principe l'ultime étape de la vaste offensive lancée il y a huit mois par les forces irakiennes pour chasser les jihadistes de leur dernier grand fief urbain en Irak.

Mais elle s'annonce ardue. Située dans l'ouest de Mossoul, la vieille ville est un dédale de petites rues fortement peuplé, guère propice à l'avancée des blindés et où l'usage d'armes lourdes risque de mettre en péril les civils.

Selon l'ONU, quelque 100.000 civils y sont "retenus comme boucliers humains" par les jihadistes.

"Les forces de l'armée, du contre-terrorisme (CTS) et de la police fédérale ont lancé l'assaut sur la vieille ville", a annoncé le chef des opérations, le général Abdelamir Yarallah, dans un communiqué.

Il a été précédé par des frappes aériennes nocturnes de la coalition internationale antijihadistes dirigée par les Etats-Unis, selon un officier.

Dimanche, le crépitement des tirs de mitrailleuses pouvait être entendu en provenance de la vieille ville, selon un correspondant de l'AFP à Mossoul. Des colonnes de fumée étaient visibles au dessus du secteur.

"L'opération a commencé à 6 heures locales (3 heures GMT). Pour préserver la vie des civils, (les militaires) ne peuvent qu'avancer lentement avec l'objectif de briser les lignes de défense de l'ennemi", a dit le général Abdel Ghani al-Assadi, haut commandant du CTS.

"Les combattants de Daech ont construit des lignes de défense solides et opposent une forte résistance", a indiqué de son côté un officier de haut rang en utilisant un acronyme en arabe de l'EI.

"Dernier épisode du show Daesh"

Selon le général Assadi, "l'un des secteurs les plus difficiles à prendre est le quartier Farouq qui mène à la mosquée Al-Nouri". C'est dans cette mosquée que le chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi avait fait, en juillet 2014, sa seule apparition publique connue. Il avait alors appelé tous les musulmans à lui prêter allégeance après avoir été désigné à la tête du califat proclamé par son groupe sur les territoires conquis en Irak et en Syrie voisine.

"Nos forces avancent à pied car les allées sont très étroites. La stratégie a changé: il n'y a pas de place pour le mouvement de nos véhicules et il y a de nombreux civils", a expliqué le général Assadi.

"C'est le dernier épisode du show Daesh. C'est notre opération la plus difficile. Les combats sont acharnés car c'est leur dernier fief. Ils sont encerclés à 270 degrés. Ils n'ont plus que le fleuve et ils n'ont nulle part où aller", a-t-il poursuivi. Le fleuve Tigre divise Mossoul en secteurs est et ouest.

Les membres irakiens "de Daesh vont raser leurs barbes et tenter de se fondre parmi les civils comme ils le font tout le temps. Les (combattants) étrangers combattront avec force et seront finalement tués", a prédit le général Assadi. "Nous espérons pouvoir finir (l'opération) avant l'Aïd, mais je pense que cela prendra plus longtemps". L'Aïd al-Fitr, qui marque la fin du mois de jeûne musulman du ramadan, tombe vers la fin juin.

Appuyées par la coalition internationale, les forces irakiennes ont lancé le 17 octobre 2016 leur vaste offensive pour chasser l'EI de Mossoul, tombée aux mains des jihadistes en juin 2014. Après avoir reconquis fin janvier la partie orientale, elles ont lancé en février l'offensive pour reprendre la partie occidentale dont elles contrôlent 90% selon l'armée.

Craintes pour les civils

L'ONG International Rescue Committee (IRC) a, dans un communiqué, averti que "les quelque 100.000 civils pris au piège dans la vieille ville de Mossoul vont vivre des moments terrifiants et risquent d'être pris dans les féroces batailles de rue à venir". 

L'ONG a mis en garde contre les risques d'écroulement de bâtiments sous l'effet des frappes aériennes. "Cette offensive finale pourrait prendre des semaines et ceux qui sont piégés dans la vieille ville souffriront très certainement de faim".

Depuis le début de l'offensive, 862.000 personnes ont été déplacées de Mossoul. 195.000 d'entre elles sont toutefois revenues dans l'est de la ville. Une perte de Mossoul constituerait un coup très dur porté à l'EI mais ce groupe continue d'occuper des régions dans les provinces de Ninive (nord) de Kirkouk (nord-est) et d'Al-Anbar (ouest). Malgré ses reculs sur le terrain - il est également la cible d'une offensive majeure dans son fief de Raqa en Syrie -, le groupe extrémiste parvient néanmoins à frapper en menant des attentats meurtriers à travers le monde.

David Namias avec AFP