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Moyen-Orient

Des sociétés françaises opérant en Syrie dénoncées à la justice

La Ligue des droits de l'homme a transmis au parquet de Paris une liste de sociétés françaises ayant fourni à la Syrie du matériel ayant selon elle permis la surveillance informatique de la population. /Photo d'archives/REUTERS/Eric Gaillard

La Ligue des droits de l'homme a transmis au parquet de Paris une liste de sociétés françaises ayant fourni à la Syrie du matériel ayant selon elle permis la surveillance informatique de la population. /Photo d'archives/REUTERS/Eric Gaillard - -

PARIS (Reuters) - La Ligue des droits de l'homme (LDH) a transmis mercredi au parquet de Paris une liste de sociétés françaises ayant fourni à la...

PARIS (Reuters) - La Ligue des droits de l'homme (LDH) a transmis mercredi au parquet de Paris une liste de sociétés françaises ayant fourni à la Syrie du matériel ayant selon elle permis la surveillance informatique de la population.

Il ne s'agit pas formellement d'une plainte et le procureur de Paris est donc simplement appelé à décider de lui-même s'il est opportun ou non d'ouvrir une enquête, sachant que l'exportation de ce type de matériels n'est soumis à aucun contrôle légal.

Les violences en Syrie ont fait au moins 18.000 morts, selon des organisations syriennes de défense des droits de l'homme, depuis le déclenchement d'une insurrection en mars contre le régime de Bachar al Assad. La France demande à l'Onu des mesures contraignantes contre le régime, bloquées par la Chine et la Russie.

La LDH met en cause en particulier la société informatique Qosmos, spécialisée dans la fourniture de Deep Packet Inspection, un matériel destiné à analyser en temps réel les données numériques qui transitent sur les réseaux.

"Il est en effet apparu que la société Qosmos (...) a été, à plusieurs reprises et d'après des sources différentes, mise en cause pour avoir contribué à fournir au régime syrien le matériel de surveillance électronique nécessaire à la répression de la contestation qui a lieu en Syrie depuis mars 2011", écrit la LDH dans un communiqué.

La société n'a pas réagi dans l'immédiat. Qosmos indique sur son site internet fournir "une technologie d'intelligence réseau qui identifie et analyse en temps réel les données qui transitent sur les réseaux".

Il est précisé qu' "au-delà d'une simple classification du trafic, la technologie de Qosmos permet également d'extraire du contenu (...) ce qui rend possible une analyse précise et exhaustive de l'activité des réseaux en temps réel".

Patrick Baudouin, président d'honneur de la Fédération internationale des droits de l'homme, associée à la démarche, estime qu'une procédure est nécessaire.

"Alors que les autorités françaises dénoncent avec fermeté les exactions perpétrées par Bachar al Assad à l'encontre de la population syrienne, il est indispensable que toute la lumière soit faite sur l'éventuelle implication de sociétés françaises dans la fourniture de matériel de surveillance au régime syrien", a-t-il dit dans un communiqué.

Les organisations estiment qu'il faut oeuvrer à un encadrement concernant la fourniture de ce type d'équipement aux dictatures.

Une plainte comparable concernant la société française Amesys, qui opérait en Libye, a débouché sur l'ouverture à Paris d'une information judiciaire pour "complicité d'actes de torture".

Des découvertes dans les bâtiments officiels du régime Kadhafi, après sa chute, fondent des soupçons sur l'utilisation de ses produits pour des persécutions politiques.

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse