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Moyen-Orient

Des obus syriens s'abattent sur le Liban, la diplomatie bloquée

Le conflit syrien a débordé samedi sur le nord du Liban, où les forces gouvernementales de Bachar al Assad ont bombardé plusieurs villages, faisant 5 morts, alors que des rebelles syriens avaient franchi la frontière pour se mettre à l'abri, selon des hab

Le conflit syrien a débordé samedi sur le nord du Liban, où les forces gouvernementales de Bachar al Assad ont bombardé plusieurs villages, faisant 5 morts, alors que des rebelles syriens avaient franchi la frontière pour se mettre à l'abri, selon des hab - -

par Oliver Holmes BEYROUTH (Reuters) - Le conflit syrien a débordé samedi sur le nord du Liban, où les forces gouvernementales de Bachar al Assad ont...

par Oliver Holmes

BEYROUTH (Reuters) - Le conflit syrien a débordé samedi sur le nord du Liban, où les forces gouvernementales de Bachar al Assad ont bombardé plusieurs villages, faisant 5 morts, alors que des rebelles syriens avaient franchi la frontière pour se mettre à l'abri, ont rapporté des habitants.

Des habitants de la région de Wadi Khaled rapportent que des obus de mortier ont commencé à s'abattre samedi vers 02h00 du matin sur des fermes situées à une distance comprise entre cinq et 20 kilomètres de la frontière. De nouvelles explosions étaient signalées à la mi-journée.

Dans le village d'Al-Mahatta, une maison a été détruite, provoquant la mort d'une adolescente de seize ans, ont confié des membres de sa famille. Une femme de vingt-cinq ans et un homme ont également trouvé la mort dans des villages voisins.

Deux bédouins ont été tués dans le village de Hishe, traversé par une rivière délimitant la frontière, lorsque deux roquettes tirées depuis la Syrie ont touché leur tente, selon des habitants de la région.

L'armée libanaise a confirmé l'un des décès et a dit que plusieurs obus syriens étaient tombés sur le territoire libanais, sans donner plus de détails.

Dans un communiqué, le président libanais Michel Sleimane a déploré ces décès et promis une enquête sur leurs circonstances.

A l'inverse de la Turquie, qui accueille ouvertement des insurgés de l'Armée syrienne libre (ASL), le Liban se tient à distance du conflit et a minimisé les précédents incidents qui se sont produits sur son territoire.

Mais des insurgés se servent du nord du Liban comme d'une base arrière et, à plusieurs reprises, les forces de Bachar al Assad ont bombardé des villages libanais et même franchi la frontière à la poursuite de rebelles.

En Syrie, l'armée a bombardé samedi plusieurs localités de la province d'Alep (nord). D'après l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme (OSDH), lié à l'opposition, cette offensive coordonnée vise à déloger les insurgés qui contrôlent plusieurs secteurs de la province.

"Les bombardements sont les plus lourds depuis le début des opérations militaires dans les zones rurales de la province d'Alep visant à contrôler cette région après les lourdes pertes subies ces derniers mois par les forces régulières de l'armée syrienne", précise l'OSDH.

Basé en Grande-Bretagne mais s'appuyant sur un réseau de sources en Syrie, l'Observatoire fait état de trois morts, dont deux insurgés. Il ajoute que de nombreux familles ont dû quitter leurs foyers.

L'agence officielle de presse syrienne SANA fait état pour sa part d'un accrochage "avec un groupe terroriste armé dans le secteur d'Azaz, au nord d'Alep". Le groupe, précise l'agence, "attaquait des civils et commettait des meurtres". SANA ajoute que huit assaillants ont été tués et six véhicules équipés de mitrailleuse détruites.

La ville d'Alep, deuxième ville du pays, a été jusqu'à présent préservée pour l'essentiel des violences. Mais les insurgés ont progressé dans les zones rurales et jusque dans les faubourgs de ce carrefour commercial primordial pour l'économie syrienne.

LA CHINE JUGE INACCEPTABLES LES PROPOS DE CLINTON

Pour l'ensemble de la Syrie, l'OSDH estime à 93 morts le bilan des combats et des accrochages dans la seule journée de vendredi, alors que se réunissait à Paris le groupe des Amis du peuple syrien.

Se retrouvant pour la troisième fois après les réunions de Tunis, en février, et d'Istanbul, début avril, les membres de ce groupe informel ont appelé à une action plus forte du Conseil de sécurité pour faire appliquer le plan de sortie de crise de Kofi Annan et se sont engagés à "accroître massivement" leur aide à l'opposition syrienne.

La secrétaire américaine d'Etat, Hillary Clinton, présente à Paris, a également estimé que la Russie comme la Chine, qui ont opposé à deux reprises leur veto à une résolution au Conseil de sécurité, devraient "payer le prix" de leur soutien au régime d'Assad.

Dès vendredi, la Russie dénonçait une sortie "incorrecte". La Chine a à son tour jugé samedi que les propos d'Hillary Clinton étaient "totalement inacceptables".

"Toute parole ou tout acte calomniant la Chine et semant la discorde entre la Chine et d'autres pays restera vain", a prévenu Liu Weimin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Dans une interview publiée samedi par Le Monde, Kofi Annan juge que se focaliser uniquement sur la Russie est une erreur et estime une nouvelle fois que l'Iran, qui est également un acteur dans la région, ne peut être ignoré.

"La Russie a de l'influence mais je ne suis pas certain que les événements seront déterminés par la Russie seule", déclare l'émissaire de l'Onu et de la Ligue arabe pour la Syrie. "La focalisation unique sur la Russie irrite beaucoup les Russes", poursuit-il.

Avec Roula Naeimeh, Bertrand Boucey, Henri-Pierre André et Hélène Duvigneau pour le service français