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Moyen-Orient

Des hélicoptères de combat entrent en lice en Syrie

LES RÉFUGIÉS SYRIENS AFFLUENT EN TURQUIE

LES RÉFUGIÉS SYRIENS AFFLUENT EN TURQUIE - -

par Khaled Yacoub Oweïs AMMAN (Reuters) - Des hélicoptères de combat ont, pour la première fois, été utilisés vendredi par le régime syrien du...

par Khaled Yacoub Oweïs

AMMAN (Reuters) - Des hélicoptères de combat ont, pour la première fois, été utilisés vendredi par le régime syrien du président Bachar al Assad afin de réprimer une manifestation de masse en faveur de la démocratie dans la localité de Maarat al Noumaane, entre Alep et Hama.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme a déclaré que les aéronefs ont ouvert le feu sur la foule après la mort de cinq manifestants tués par les forces de sécurité au sol, mais qu'apparemment ils n'auraient fait aucune victime.

Selon un témoin, au moins cinq hélicoptères ont tiré à la mitrailleuse pour disperser des dizaines de milliers de protestataires. "Les gens se sont précipité à couvert dans les champs, sous les ponts et dans les maisons mais les tirs se sont poursuivis durant des heures sur les rues quasi désertes."

"Il y a eu des manifestations pacifiques aujourd'hui pour réclamer la liberté d'expression et la chute du régime. Les forces de sécurité nous ont d'abord laissés manifester, mais quand elles ont vu que la foule grossissait, elles ont ouvert le feu pour nous disperser", raconte un autre témoin.

"Durant la manifestation, deux officiers et trois soldats ont refusé d'ouvrir le feu, alors nous les avons portés en triomphe. Après cela, nous avons été surpris de voir des hélicoptères tirer sur nous", a ajouté ce manifestant de Maarat al Noumaane.

Selon la télévision officielle, des "groupes terroristes" bien armés avaient auparavant incendié des immeubles de la police et tué des membres des forces de sécurité dans cette ville du centre de la Syrie.

Elle a accusé ces "bandes armées" de tenter de "répéter le scénario de Djisr al Chougour", un ville proche située non loin de la frontière turque, théâtre ces derniers jours, selon des témoins, d'un massacre de soldats mutins ayant refusé de tirer sur des manifestants.

MANIFESTATIONS DANS TOUT LE PAYS

Selon des groupes de défense des droits l'homme, les combats dans cette région du nord-ouest du pays opposaient des militaires loyalistes à des mutins et ont fait des dizaines de victimes civiles, dont encore 28 à Djisr al Chougour pour la seule journée de vendredi.

Plus de 3.000 Syriens ont fui en Turquie, où les autorités se préparent à en accueillir davantage, a annoncé vendredi le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). "Le nombre de nouveaux arrivés augmente rapidement", au fur et à mesure que l'armée syrienne tente de reprendre le contrôle de la ville, a annoncé Metin Corabatir, porte-parole local du HCR.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a réaffirmé jeudi que la Turquie garderait ses portes ouverts aux Syriens, accusé le régime de Bachar al Assad de prendre "trop à la légère" ce problèmes de réfugiés et critiqué sa riposte "inhumaine" à la révolte populaire.

Ailleurs dans le pays, les manifestations se sont également poursuivies. Il y a eu deux morts et de nombreux blessés dans le village de Bousra al Harir, dans le Sud, et un autre tué à Lattaquié, sur la côte méditerranéenne.

A Damas, les tirs des forces de sécurité sur une manifestation dans le quartier de Kaboune ont fait deux morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

Des milliers de manifestants réclamant "la chute du régime" ont également manifesté à Daïr az Zour, dans l'Est, à Hama et à Homs dans le centre, et dans la région de à Rakka, dans le Nord, à Alep et dans des faubourgs de Damas.

LE CONSEIL DE SÉCURITE SE CONCERTE

"Est-ce que Assad a encore la légitimité pour gouverner son propre pays, je pense que c'est une question que tout le monde doit se poser", a déclaré le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates.

Pressé par la communauté internationale de cesser la répression sanglante du soulèvement populaire auquel il fait face, le président Assad ne répond pas aux coups de téléphone du secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon.

Martin Nesirky, porte-parole de l'Onu, a confirmé vendredi une dépêche de l'agence de presse koweïtienne Kuna rapportant que Ban a encore tenté de joindre Assad jeudi au téléphone mais qu'il s'était entendu dire que le chef de l'Etat syrien n'était "pas disponible". Ban a tenté sans succès de joindre Assad toute la semaine, a-t-il précisé.

Ban a invité publiquement le chef du régime baassiste de Damas à mettre un terme à la "répression violente" et aux violations des droits de l'homme auxquelles les forces de sécurité syriennes sont accusées de se livrer.

Le soulèvement en faveur de la démocratie politique en Syrie a fait plus de 1.100 morts depuis le mois de mars.

Les représentants permanents auprès du Conseil de sécurité se sont réunis à nouveau vendredi au siège de l'organisation mondiale à New York pour tenter de trouver un compromis sur un texte à adopter au sujet de la Syrie.

Un projet de résolution proposé par la France, le Portugal, la Grande-Bretagne et l'Allemagne condamne le régime de Damas et n'exclut pas que les forces de sécurité syriennes se soient rendues coupables de crimes contre l'humanité, mais la Russie a laissé entendre qu'elle était prête à y opposer son veto.

Marc Delteil, pour le service français, édité par Jean-Loup Fiévet