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Moyen-Orient

Clotilde Reiss, « otage » de l'Iran

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Tandis que la France exige toujours la libération de Clotilde Reiss, l'universitaire française jugée en Iran, la presse internationale et les spécialistes dénoncent une parodie de justice.

Hier dimanche 9 août, le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a réaffirmé que Clotilde Reiss, l'universitaire française jugée en Iran n'était « coupable de rien du tout ». La jeune lectrice de l'université d'Ispahan, a comparu samedi devant un tribunal de Téhéran pour ses liens présumés avec les manifestations qui ont suivi la réélection controversée du président Mahmoud Ahmadinejad le 12 juin dernier.
Selon l'agence officielle iranienne Irna, Clotilde Reiss (24 ans), arrêtée le 1er juillet alors qu'elle s'apprêtait à quitter l'Iran, a reconnu samedi devant le tribunal avoir participé à des manifestations et avoir rédigé un rapport pour un institut dépendant de l'ambassade de France. Paris a également demandé la libération de Nazak Afshar, une employée franco-iranienne de l'ambassade de France arrêtée pour sa part jeudi dernier et qui comparaissait pour les mêmes accusations.

« Les Iraniens utilisent leur art du bluff »

Plutôt optimiste quant à la libération prochaine de Clotilde Reiss, Yann Richard, professeur à la Sorbonne-Nouvelle et spécialiste de l'Iran, explique : « Ce n'est pas de l'intérêt de la République Islamique de faire de cette étudiante une victime. Ils vont peut-être faire comme pour les otages britanniques il y a 2 ans : ils leurs avaient donné des vêtements, les avaient invités à boire des jus de fruits en présence du Président de la République et ils les avaient mis dans un avion en première classe à destination de l'Europe. C'est peut-être un peu ce qui va arriver à Clotilde Reiss. Est-ce que ça va se passer demain ou dans 10 jours, c'est là la question. Et c'est peut-être là que les Iraniens utilisent un petit peu leur art du bluff. »

« La véritable négociation : entre Téhéran et Washington »

Pour Yann Richard, les intentions de l'Iran, qui « a pris Clotilde Reiss comme otage », sont claires dans cette affaire : « L'Iran est en pleine phase de négociation actuellement. Mais la véritable négociation n'est pas entre Téhéran et Paris, mais entre Téhéran et Washington. Les Iraniens ne supportent pas que la France intervienne sans arrêt dans les affaires intérieures du pays. Donc faire pression sur la France serait probablement libérer le champ pour les négociations qui sont engagées entre Téhéran et Washington. Si l'Iran a hâte de retrouver des relations normales avec les Etats-Unis, c'est pour avoir des relations commerciales directes, ne plus être considéré comme un état voyou, etc. »

La rédaction, avec Antoine Mariotti