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Moyen-Orient

« Au Pakistan, la pluie tombe toujours, l'eau continue de monter »

L'eau continue de monter au Pakistan et les évacuations de villages sont de plus en plus problèmatiques

L'eau continue de monter au Pakistan et les évacuations de villages sont de plus en plus problèmatiques - -

Filipe Ribeiro, directeur Général de Médecins sans frontières (MSF) décrit la situation au Pakistan et en Inde et explique l'action sur place de son ONG.

On parle au Pakistan et au nord de l’Inde (bilan provisoire d'environ 1500 morts, plus de 5000 blessés et autour de 3 millions de sans–abris) d’une des pires crises humanitaires de l’Histoire due à la mousson. Filipe Ribeiro, directeur Général de Médecins sans frontières (MSF), quelle est la situation dans le pays ?

« Le constat est celui–ci : une zone affectée extrêmement importante, du nord au sud du pays, un millier de kilomètres de zone touchée. Des zones extrêmement denses de population sur la partie sud en particulier (ndlr : 15 millions de personnes sont concernées), et comme souvent dans ce type de catastrophe, des problématiques qui touchent principalement à l’accès à l’eau potable, aux abris (des centaines de milliers de personnes ont perdu leur maison) et tout ce qui touche aux soins de santé et aux risques épidémiques derrière. Mais on est sur un processus extrêmement dynamique, au milieu de la mousson : la pluie continue à tomber, les inondations continuent… L’eau continue à monter. On n’a pas, comme dans d’autres situations : une catastrophe, la situation qui se fige et les secouristes qui peuvent intervenir

Ce drame du Pakistan passe presque inaperçu, par rapport à d’autres catastrophes qui font autant de victimes et dont on parle beaucoup plus… Il a « fallu » que trois français portés disparus pour qu’on parle de la mousson et de l’Inde dans les médias…Il y a une forme d’injustice dans les catastrophes humanitaires ?

« Il y a très clairement une différence d’approche et de couverture médiatique des catastrophes. C’était exactement la même situation avec le Tsunami (en 2004). La période de Noël, la Thaïlande touchée avec un certain nombre d’occidentaux coincés dans les hôtels, ce qui a donné un angle, une accroche particulière d’un point de vue médiatique. Le Pakistan n’a pas ce type d’accroche. Le fait que le nord de l’Inde soit aussi touché avec des touristes, donne effectivement un éclairage particulier qui attire le journaliste occidental. Quand il y a une exposition médiatique, cela peut vouloir dire qu’il y a plus de dons, mais ce n’est pas forcément le cas. C’est un phénomène assez complexe au final. Evidemment le Tsunami et Haïti ont drainé beaucoup de dons en France, mais notre bureau aux Emirats Arabes Unis est beaucoup plus sollicité sur le Pakistan que sur ces deux catastrophes précédentes.»

Quelle est votre action sur place au Pakistan ?

« On fait beaucoup d’évaluations. On a une équipe d’une centaine d’expatriés et 1000 pakistanais tous salariés de MSF sur place qui travaillent sur 11 villes à partir desquelles on rayonne pour faire ces évaluations. Dans ce genre de situation, il est important d’aller voir sur place, mais aussi d’être en capacité d’agir tout de suite. Il ne s’agit pas de revenir, de faire un petit rapport et de décider ensuite de ce que l’on fait. On a des équipes qui font des missions d’évaluation et d’action immédiate. Et les axes de travail sont l’approvisionnement en eau potable, donner des abris quand c’est nécessaire, des kits d’hygiène (de quoi cuisiner, de quoi se laver, de quoi dormir pour redonner des conditions de vie décentes aux populations) et des soins médicaux, là où on peut le faire.»

Pour retrouver l’intégralité du podcast de Filipe Ribeiro chez Guillaume Cahour, cliquez ici