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Moyen-Orient

Attaques en mer Rouge: ce que l'on sait de la coalition créée par Washington et à laquelle la France participe

Alors que les attaques des Houthis du Yémen en mer Rouge contre des navires se mutliplient ces derniers jours, une coalition de 10 pays a vu le jour lundi 18 décembre pour tenter de les contrer.

Une alliance en forme de riposte. Les États-Unis ont annoncé, ce lundi 19 décembre, la formation d'une coalition de 10 pays pour tenter de faire front commun face aux attaques répétées des Houthis du Yémen, soutenus par l'Iran, contre des navires marchands que ces rebelles considèrent comme "liés à Israël". Les enjeux financiers sont colossaux: le détroit de Bab al-Mandab, où se déroulent les attaques, est stratégique pour le commerce international. BFMTV.com fait le point sur ce que l'on sait de cette coalition aux grandes ambitions qui a organisé mardi sa première réunion.

Une initiative venue des États-Unis

Derrière la création de cette coalition multinationale destinée à contrer les "attaques irresponsables" des Houthis, on retrouve Lloyd Austin, le ministre de la Défense américain, qui en a fait l'annonce ce lundi. Nom de code de l'opération: "Prosperity Guardian", ou "Gardien de la prospérité".

Cette coalition multinationale en rappelle une autre : celle lancée en 2019 par Washington pour protéger le transport maritime dans les eaux du Golfe, après une série d'attaques attribuées par les Etats-Unis à l'Iran, qui niait en être à l'origine.

Dix pays participants, dans la France

Après l'annonce de la mise sur pied de cette coalition, Lloyd Austin a publié la liste des participants. Aux côtés des États-Unis, on retrouve la France, le Royaume-Uni, Bahreïn, le Canada, l'Italie, les Pays-Bas, la Norvège, l'Espagne, et les Seychelles. La France, par la voix de sa cheffe de la diplomatie, Catherine Colonna, avait estimée, dès dimanche, que ces attaques "ne peuvent rester sans réponse". Plus surprenant, Israël, cible directe des rebelles yéménites, ne fait pas partie des Etats mentionnés par le chef du Pentagone.

Dans le détail, la force comprend trois destroyers américains, une frégate française, ainsi que le destroyer britannique HMS Diamond, présenté par Londres comme "l'un des plus modernes de la Royal Navy". L'Italie a également annoncé mardi l'envoi "dans les prochaines heures" d'une frégate en mer Rouge.

Un même but: protéger le commerce international

Ces dernières semaines, les rebelles yéménites, proches de l'Iran, ont multiplié les attaques près du détroit stratégique de Bab al-Mandab, qui sépare la péninsule arabique de l'Afrique et par lequel transite 40% du commerce international.

En réaction, les géants du transport maritime désertent le passage. Le géant britannique des hydrocarbures BP et le géant taïwanais du transport maritime Evergreen ont ainsi annoncé suspendre tout transit en mer Rouge. Ces derniers jours, le Danois Maersk, l'Allemand Hapag-Lloyd, le Français CMA CGM et l'Italo-suisse MSC avaient aussi fait savoir que leurs navires n'empruntent plus la mer Rouge "jusqu'à nouvel ordre".

Or, la mer Rouge est une "autoroute de la mer" reliant la Méditerranée à l'océan Indien, et donc l'Europe à l'Asie. Environ 20.000 navires transitent chaque année par le canal de Suez, porte d'entrée et de sortie des navires passant par la mer Rouge. Problème, s'ils ne transitent plus par le canal de Suez et la mer Rouge, les bateaux doivent contourner l'Afrique et passer par le Cap de Bonne-Espérance, ce qui va considérablement rallonger les trajets.

L'efficacité d'une telle coalition en question

Les attaques des Houthis "sont devenues aléatoires et les navires visés n'ont pas de connexion avec Israël ni ne font route vers (le port israélien) d'Eilat", selon l'experte indépendante Eva Koulouriotis sur X.

Comment donc, la coalition va-t-elle choisir quel navire protéger ou non? Dans les faits, comment la coalition pourra garantir la liberté de navigation dans le détroit?

Inévitablement, se pose aussi la question de frapper les Houthis pour détruire leurs capacités balistiques, même si l'option n'est pas officiellement sur la table. Frapper les rebelles, c'est risquer d'ouvrir un nouveau front contre un des membres de "l'axe de résistance", l'alliance formée par les groupes soutenus par l'Iran contre Israël, ce que les Occidentaux veulent éviter absolument.

Et alors que l'issue de ce casse-tête géopolitique semble bien incertaine, les rebelles Houthis ont affirmé mardi n'avoir aucune intention de cesser leurs attaques malgré la mise sur pied de cette coalition, faisant monter encore davantage la pression dans la région.

E.B. avec AFP