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Moyen-Orient

Arabie saoudite: les premières élections ouvertes aux femmes ont débuté

Les femmes saoudiennes, qui ont le droit de vote et d'éligibilité depuis 2011 seulement, participent ce samedi à leur premier scrutin, pour des élections municipales.

Les premières élections ouvertes aux femmes, candidates et électrices, en Arabie saoudite ont débuté samedi matin, un scrutin perçu comme un timide progrès dans ce royaume ultra-conservateur régi par une version rigoriste de l'islam. "Je pense que cette étape sera efficace et très positive", a déclaré à Badreldin al-Saouari, candidate à Ryad. Il s'agit d'élections municipales.

L'Arabie saoudite était le dernier pays à dénier à ses citoyennes le droit de vote. Ce royaume est l'un des plus restrictifs au monde pour les femmes, qui n'ont pas le droit de conduire et doivent obtenir l'accord d'un homme pour travailler ou voyager. Les chances de voir des candidates élues lors de ces élections sont néanmoins minces, voire nulles. Les Saoudiennes étaient rares dans les bureaux de vote au début des opérations électorales à 8 heures.

"J'ai voté pour un homme car je manque d'informations sur les femmes", a résumé Ahmed Soulaybi, 78 ans, soulignant toutefois n'avoir "aucune réserve" sur la participation des femmes, qui devraient jouer "pleinement un rôle" dans la société.

"Nous avons déjà gagné en nous présentant"

Samedi, électeurs et électrices doivent choisir entre 6.000 candidats hommes et 900 femmes autorisées pour la première fois à se présenter. Tous briguent un siège dans les 284 conseils municipaux, des assemblées aux pouvoirs limités qui sont les seules en Arabie à être composées de représentants élus.

La mixité dans les lieux publics étant interdite, les Saoudiennes en campagne n'ont pu rencontrer que leurs électrices, qui sont 119.000 à s'être inscrites pour la première fois sur une liste électorale, sur près de 1,5 million d'électeurs, selon des chiffres officiels. Des femmes ont affirmé que l'enregistrement des électrices avait été compliqué par des obstacles bureaucratiques, par un manque d'information et par le fait que les femmes ne peuvent pas conduire pour aller s'inscrire.

Dans un contexte où moins d'un électeur sur dix est une femme, peu de Saoudiennes s'attendent à être élues mais certaines pourraient entrer dans les conseils municipaux en étant nommées par le pouvoir, un tiers des sièges étant pourvus par désignation. "Pour vous dire la vérité, je ne me présente pas pour gagner", a confié Badreldin al-Sawari, pédiatre du centre de Ryad. "Nous avons déjà gagné en nous présentant". Pour Aljazi al-Hossaini, consultante de 57 ans qui a mené campagne principalement sur internet, "même une seule victoire d'une candidate serait un progrès".

A. G. avec AFP