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Moyen-Orient

Arabie saoudite: le prince procède à une purge sans précédent

Le prince héritier Mohammed ben Salmane, à l'origine d'une purge sans précédent en Arabie Saoudite.

Le prince héritier Mohammed ben Salmane, à l'origine d'une purge sans précédent en Arabie Saoudite. - Fayez Nureldine - AFP

Des chefs de la Garde nationale saoudienne et de la Marine ont également été limogés. Cette purge sans précédent doit permettre au jeune prince héritier de consolider son pouvoir.

Ambiance en Arabie Saoudite. Le prince héritier et homme fort du royaume ultra-conservateur, Mohammed ben Salmane, a fait arrêter onze princes et une dizaine de ministres, anciens et actuels, samedi soir. Parallèlement, les puissants chefs de la Garde nationale saoudienne, une force d'élite intérieure, et de la Marine ont été limogés. Des arrestations qui sont intervenues quelques heures après la création, par décret royal, d'une commission anticorruption dirigée par le prince héritier.

Selon la chaîne satellitaire Al-Arabiya, à capitaux saoudiens, onze princes, quatre ministres et des dizaines d'anciens ministres ont été arrêtés alors que la commission a lancé une enquête sur les inondations qui ont dévasté en 2009 la ville portuaire de Jeddah, sur la mer Rouge, à la suite de pluies torrentielles, faisant une centaine de morts.

L'agence de presse officielle saoudienne SPA a indiqué que le but de la commission était de "préserver l'argent public, punir les personnes corrompues et ceux qui profitent de leur position". Parmi les personnes arrêtées figure le prince et milliardaire Al-Walid ben Talal, selon des sites web saoudiens. Cette information n'a pas été confirmée officiellement. Une source aéroportuaire a par ailleurs indiqué que les forces de sécurité avaient cloué au sol des avions privés à Jeddah, pour empêcher que certaines personnalités quittent le territoire.

Réformes sociétales et étouffement de la contestation

Avec une telle opération, Mohammed ben Salmane semble chercher à étouffer les contestations internes avant que son père, le roi Salmane, lui transfère formellement le pouvoir.

Fin octobre, le prince héritier a promis une Arabie "modérée", en rupture avec l'image de son pays. "Nous n'allons pas passer 30 ans de plus de notre vie à nous accommoder d'idées extrémistes et nous allons les détruire maintenant", avait-il assuré sous les applaudissements des participants à un forum économique baptisé le "Davos dans le désert" qui avait attiré 2.500 décideurs du monde entier.

Il a lancé plusieurs chantiers de réformes - droit de conduire pour les femmes et ouvertures de cinémas notamment - qui marquent le plus grand bouleversement culturel et économique de l'histoire moderne du royaume, avec une marginalisation de fait de la caste des religieux conservateurs. Dans le même temps, il a oeuvré pour renforcer son emprise politique sur le pouvoir: en septembre, il a notamment procédé à une vague d'arrestations de dissidents, dont des religieux influents et des intellectuels.

A. K. avec AFP