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Afghanistan

Qui est Akhtar Mansour, successeur du mollah Omar à la tête des talibans en Afghanistan?

Image tirée d'une des rares vidéos montrant le mollah Mansour.

Image tirée d'une des rares vidéos montrant le mollah Mansour. - SITE Intelligence Group - AFP

Les talibans afghans ont confirmé jeudi la mort de leur chef historique, l'énigmatique mollah Omar, ouvrant la voie à sa succession. Elle sera assurée par le mollah Akhtar Mansour, fin tacticien perçu comme proche du Pakistan. Portrait.

Le mollah Akhtar Mansour, dont la désignation à la tête des talibans afghans a été annoncée vendredi, apparaît comme le successeur naturel du mollah Omar. S'il ne bénéficie pas de la même aura religieuse que son prédécesseur, il compense ce handicap par ses origines, son parcours et son pragmatisme. Point commun avec Omar, ils sont nés tous deux au début des années 1960 dans la province de Kandahar, le coeur du pays pachtoune et berceau de la rébellion talibane qui dirigea l'Afghanistan de 1996 à 2001.

De même que le mollah Omar fuyait les caméras, les interviews et même les apparitions publiques, son successeur apparaît sur très peu de photos. Sur les rares clichés, on voit un homme à la barbe noire fournie et le crâne surmonté d'un turban. Le mollah Mansour a passé une grande partie de sa jeunesse au Pakistan, à l'instar des millions d'Afghans qui fuyaient la guerre. Au fil du temps, il a tissé des liens avec l'ISI, les services secrets pakistanais, régulièrement accusés par l'Afghanistan d'avoir créé et d'alimenter l'insurrection talibane. 

Le fils du mollah Omar habilement évincé

Au milieu des années 90, les talibans contrôlent la majeure partie du pays et il devient ministre de l'Aviation civile du gouvernement des islamistes. S'il est réputé très proche du mollah Omar, il n'a pas l'aura religieuse de ce dernier, désigné "émir des croyants" à son avènement en 1996, titre qui lui conférait un supplément de légitimité auprès des combattants.

Pour autant, en fin tacticien, le mollah Mansour a su naviguer entre les différentes chapelles qui composent le mouvement taliban: de la "choura de Quetta", la direction des talibans au Pakistan, aux talibans installés au Qatar et jusqu'aux commandants sur le terrain, en Afghanistan. Il a également damé le pion au mollah Yaqoub, un des fils du mollah Omar, pressenti par certains pour prendre la succession de son père, mais jugé trop jeune du haut de ses 26 ans. "Le mollah Mansour est le leader de fait des talibans depuis 2013", explique un responsable intermédiaire des insurgés au Pakistan. 

Mise en garde de l'Etat islamique 

"Il est perçu comme proche du Pakistan et en faveur des négociations de paix", entamées au début du mois de juillet avec le gouvernement de Kaboul, ajoute cette source qui tient à conserver l'anonymat. Il reprend le flambeau à un moment charnière pour le mouvement taliban, dont les objectifs quant aux pourparlers de paix semblent incertains.

En outre, il devra mettre un frein à l'expansion de l'organisation de l'Etat islamique en Afghanistan, qui recrute de plus en plus de talibans déçus par la direction du mouvement. Dans un message publié en juin, le mollah Mansour avait d'ailleurs mis en garde le chef de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi, contre toute implantation en Afghanistan, sous peine de "réaction" de la part des talibans.