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"Les talibans n'ont pas changé": l'ambassadeur de France en Afghanistan témoigne sur BFMTV

Invité de BFMTV, David Martinon est revenu sur la situation en Afghanistan, pays contrôlé depuis un an par les talibans et en proie à de profondes crises, tant sociales qu'économiques.

Il y a un an, il gérait l'évacuation des ressortissants français et de leurs auxiliaires à Kaboul. David Martinon, ambassadeur de France en Afghanistan, est revenu ce lundi sur BFMTV sur la situation du pays, aux mains des talibans. Le diplomate, dépossédé de son ambassade et oeuvrant désormais depuis Paris, a notamment évoqué ce premier anniversaire du retour au pouvoir du groupe islamiste.

"Sans surprise, les talibans n'ont pas changé. Sans surprise le concept de 'taliban modéré' n'a aucun sens", déclare David Martinon sur notre antenne.

"Ils ne sont pas les meilleurs gouvernants qui soient"

L'ambassadeur a évoqué une situation "catastrophique" en matière de droits humains, alors que plusieurs femmes ont manifesté samedi dans les rues de Kaboul pour protester contre les restrictions qui leur sont imposées, avant d'être violemment dispersées.

"Leurs droits les plus fondamentaux sont niés, elles n'ont plus le droit à l'éducation, elles ne peuvent plus sortir de chez elle sans un 'mahram' c'est à dire un chaperon", explique-t-il sur BFMTV.

Parallèlement à ce sujet, la situation économique n'est guère meilleure. Crise des liquidités, mauvaises récoltes du fait de la sécheresse... "Les talibans ne sont pas les meilleurs gouvernants qui soient", ironise notre invité.

"Les talibans ont incontestablement une capacité à se faire obéir, mais c'est une stabilité qui n'est pas forcément durable", estime l'ambassadeur, évoquant notamment l'opposition que représente Daesh mais aussi "des foyers de rébellion" sur le territoire afghan.

Une fragile "stabilité"

En outre, la gestion du pays se fait sans prendre en considération tous les groupes ethniques du pays. "S'ils ne comprennent pas qu'il faut évoluer dans leur gouvernance, cette stabilité ne sera pas durable", considère à nouveau David Martinon. Reste que les talibans contrôlent actuellement le pays et que la France n'a d'autre choix que de garder "un canal de discussion" avec le pouvoir afghan, bien que David Martinon n'ait pas de contact direct avec eux.

"Ce que nous attendons d'elles (les autorités afghanes, NDLR) c'est très simple: cela veut dire le respect des droits humains, une vraie rupture avec le terrorisme [...] pour le moment à l'évidence ces conditions ne sont pas remplies", constate le diplomate.

David Martinon, qui affirme recevoir encore tous les jours une dizaine de demandes d'évacuation, se dit néanmoins "prêt" à retourner en Afghanistan si les conditions le permettent un jour. "Les circonstances, le contexte était déjà très difficile [...] aujourd'hui, avec ce régime la sécurité n'est pas assurée. Nous savons que nous pourrions être des cibles".

Hugues Garnier Journaliste BFMTV