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Afghanistan

Bombardement d'un hôpital de MSF: ce que l'on sait

Le bombardement de l'hôpital de Médecins sans Frontières (MSF) dans la ville afghane de Kunduz, a fait 19 morts dans la nuit de vendredi à samedi. Il pourrait s'agir d'une bavure de l'armée américaine. Le point sur ce que l'on sait.

Un hôpital de Médecins sans Frontières (MSF) à Kunduz, dans le nord de l'Afghanistan, a été la cible de frappes aériennes, dans la nuit de vendredi à samedi. Au moment du bombardement, 105 patients et 80 membres du personnel, des Afghans et des étrangers, étaient présents. Pour l'heure, le bilan est de 19 morts et de 37 blessés. Le point sur ce que l'on sait.

> Que s'est-il passé?

Dans la nuit de vendredi à samedi, vers 2h10 locales, le centre de soins de Médecins sans Frontières (MSF) à Kunduz, dans le nord de l'Afghanistan, se réveille dans l'horreur. L'hôpital est la cible de frappes aériennes nourries. Très vite, la direction appelle les armées afghane et américaine pour les avertir que l'établissement est attaqué. Les bombardements se poursuivent "pendant plus de 45 minutes" après ce signalement, raconte le directeur des opérations de MSF Bart Janssens.

> Combien de victimes?

Ces frappes ont coûté la vie à 19 personnes, 12 employés, et sept patients, parmi lesquels trois enfants. Les membres de MSF qui ont perdu la vie étaient "tous de nationalité afghane", a indiqué Mathilde Berthelot, responsable des programmes MSF en Afghanistan sur BFMTV.

Alors qu'une centaine de malades étaient dans l'hôpital, "les patients qui n'étaient pas en état de fuir ont été carbonisés dans leurs lits", a raconté Heman Nagarathnam, chef des programmes de MSF pour le nord de l'Afghanistan. Au moins 37 personnes ont été blessées.

> Qui est l'auteur des frappes?

Ce serait une bavure de l'armée américaine. L'Otan a confirmé qu'une frappe américaine avait été menée pendant la nuit, sans établir de lien avec les bombardements sur l'hôpital. Pour l'heure, les Etats-Unis ne reconnaissent pas la responsabilité de ces tirs, mais le secrétaire à la Défense Ashton Carter a annoncé samedi matin qu'une "enquête exhaustive" était en cours.

Dans l'après-midi, l'armée américaine a confirmé qu'elle avait effectué une frappe aérienne à 2h15 du matin. Reprenant les mots de l'OTAN, elle a évoqué des individus qui "menaçaient la coalition" et de possibles "dommages collatéraux" sur un centre médical.

L'opération visait sans doute "des terroristes armés qui ont attaqué l'hôpital de MSF et l'ont utilisé en tant que base pour attaquer les forces afghanes et les civils", a précisé le ministère afghan de la Défense.

> Quelles réactions?

Médecins sans frontières a condamné "dans les termes les plus forts ce bombardement horrible". Dans un communiqué, Meinie Nicolai, la présidente de l'organisation humanitaire, a "exigé la transparence la plus totale des forces de la Coalition. Nous n'acceptons pas que ces horribles pertes en vie humaines soient classées comme de simples 'dommages collatéraux'".

Cette bavure a provoqué la fureur des Nations Unies. Cet acte "inexcusable" pourrait relever du "crime de guerre" si elle était jugée "délibérée par la justice", a déclaré le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme Zeid Ra'ad Al Hussein.

La Croix-Rouge a parlé d'une "effroyable tragédie", tandis que la France a appelé à ce qu'"une enquête soit conduite" et le commissaire européen aux Affaires humanitaires Christos Stylianides s'est dit "profondément choqué".

C. P.