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Accueil réservé à la résolution arabe sur la Syrie

Dans la ville syrienne de Homs, dimanche. La proposition de la Ligue arabe d'accroître le soutien à l'insurrection syrienne et d'envoyer des soldats de maintien de la paix en Syrie a été accueillie avec réserve lundi et n'a pas fait taire les armes à Homs

Dans la ville syrienne de Homs, dimanche. La proposition de la Ligue arabe d'accroître le soutien à l'insurrection syrienne et d'envoyer des soldats de maintien de la paix en Syrie a été accueillie avec réserve lundi et n'a pas fait taire les armes à Homs - -

par Khaled Yacoub Oweis et Angus MacSwan AMMAN/BEYROUTH (Reuters) - La proposition de la Ligue arabe d'accroître le soutien à l'insurrection...

par Khaled Yacoub Oweis et Angus MacSwan

AMMAN/BEYROUTH (Reuters) - La proposition de la Ligue arabe d'accroître le soutien à l'insurrection syrienne et d'envoyer des soldats de maintien de la paix en Syrie a été accueillie avec réserve lundi et n'a pas fait taire les armes à Homs, où les bombardements ont repris.

Selon Navi Pillay, Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, l'échec de la dernière résolution sur la Syrie au Conseil de sécurité des Nations unies a entraîné une "offensive aveugle" à Homs.

"L'incapacité du Conseil de sécurité à s'entendre sur une action collective ferme semble avoir encouragé le gouvernement syrien à lancer une offensive généralisée pour écraser l'opposition", a-t-elle dit devant l'Assemblée générale des Nations unies.

La Russie, proche alliée du président Bachar al Assad et principal fournisseur d'armes de Damas, a déclaré ne pas pouvoir soutenir l'idée d'une mission de maintien de la paix tant que les deux camps n'auraient pas cessé le feu.

La Ligue arabe a adopté dimanche une résolution demandant à aux Nations unies d'envoyer une mission de maintien la paix de l'Onu et des pays arabes en Syrie, où se poursuit la répression contre l'opposition au président Assad.

"Nous étudions cette initiative et nous comptons sur nos amis de la Ligue arabe pour nous présenter des éclaircissements sur certaines clauses", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

"En d'autres termes, il importe de s'entendre sur une sorte de cessez-le-feu, mais ce qui est tragique, c'est que les groupes armés qui affrontent les forces du régime ne sont assujettis à personne et ne peuvent être contrôlés", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Moscou.

Américains et Européens ne souhaitent pas être attirés dans une opération au sol, craignant que, compte tenu de la situation de la Syrie sur des "lignes de faille" religieuses, ethniques et politiques au coeur du Proche-Orient, une option militaire ne s'avère plus risquée et complexe que le soutien aérien apporté aux insurgés de Libye l'an dernier.

REPRISE DES PILONNAGES

Le secrétaire au Foreign Office, William Hague, a déclaré ne pas envisager que des troupes occidentales puissent intervenir "au sol" en Syrie dans le cadre d'une force de maintien de la paix.

Même son de cloche du côté de Paris: "Nous pensons qu'aujourd'hui toute intervention à caractère militaire extérieur ne ferait qu'aggraver la situation, d'autant qu'il n'y aura pas de décision du Conseil de sécurité, qui est la seule instance à même d'autoriser une intervention militaire", a déclaré Alain Juppé, le chef de la diplomatie française.

Toute mission de maintien de la paix requerrait la coopération du pouvoir syrien, qui a d'ores et déjà taxé la résolution de la Ligue arabe d'"acte hostile qui vise la sécurité et la stabilité de la Syrie".

Sur le terrain, les bombardements des forces syriennes à Homs, troisième ville de Syrie, ont repris après une accalmie en début de week-end. Des obus de mortier et de chars se sont abattus sur le quartier de Bab Amro, dans la partie sud de la ville, mais aussi à Al Waer dans la partie ouest.

Selon des opposants, 23 personnes ont été tuées dimanche, victimes qui s'ajoutent aux quelque 300 personnes tuées à Homs depuis le commencement des bombardements le 3 février.

L'Armée syrienne libre, dont les rangs sont gonflés par les défections de l'armée loyaliste, a transformé le mouvement de contestation né en mars en insurrection armée.

PÉNURIES ALIMENTAIRES

Il est difficile de vérifier les affirmations des deux camps car le régime limite de manière très stricte les déplacements des journalistes. Selon un bilan des Nations unies fourni en décembre, la répression du mouvement de contestation a fait plus de 5.000 morts tandis que le régime impute les violences à des groupes "terroristes" soutenus par l'étranger.

Et selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), les populations vivant dans les zones où s'affrontent l'armée et les insurgés sont confrontées à de graves pénuries alimentaires.

"La situation est de plus en plus violente et les gens ont du mal à faire quoi que ce soit. Les rues sont désertes, les gens ne peuvent aller nulle part pour s'approvisionner. Il devient même difficile de se procurer du pain", a dit un responsable du CICR, Saleh Dabbakeh.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, organisation d'opposition basée en Grande-Bretagne, les bombardements ont également repris dans la ville de Rastan, dans la province de Homs.

L'armée syrienne a lancé plusieurs attaques à Rastan lundi à l'aube à partir de l'entrée sud. Les insurgés ont détruit un véhicule blindé et tué trois soldats, selon l'Observatoire.

Dans la ville de Hama, à 50 km au nord de Homs, les forces gouvernementales appuyées par des chars et des véhicules blindés ont tué un homme dimanche.

"Il s'agit de la troisième journée d'incursions (de l'armée dans des quartiers). Les militaires tirent sans distinction, à la mitrailleuse lourde et aux canons antichars. Ils effectuent des descentes dans les maisons et arrêtent des dizaines de personnes", a déclaré un activiste de Hama, Fadi al Djaber.

Bertrand Boucey et Eric Faye pour le service français, édité par Gilles Trequesser