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Moubarak rejette les accusations, des manifestants place Tahrir

L'ancien président Hosni Moubarak, renversé le 11 février par une révolution de rue, est sorti de son silence pour rejeter en bloc les accusations de corruption portées contre lui et sa famille. Le parquet a peu après annoncé dans un communiqué sa convoca

L'ancien président Hosni Moubarak, renversé le 11 février par une révolution de rue, est sorti de son silence pour rejeter en bloc les accusations de corruption portées contre lui et sa famille. Le parquet a peu après annoncé dans un communiqué sa convoca - -

par Patrick Werr LE CAIRE (Reuters) - L'ancien président égyptien Hosni Moubarak, renversé le 11 février par une révolution de rue est sorti...

par Patrick Werr

LE CAIRE (Reuters) - L'ancien président égyptien Hosni Moubarak, renversé le 11 février par une révolution de rue est sorti dimanche de son silence pour rejeter en bloc les accusations de corruption portées contre lui et sa famille.

Le parquet a peu après annoncé dans un communiqué la convocation de Moubarak dans le cadre d'enquêtes sur la mort de manifestants et le détournement de fonds publics.

Cette convocation intervient alors que des milliers de manifestants sont revenus sur la place Tahrir, haut lieu de la "révolution du Nil", pour demander un retour de l'armée dans les casernes et une purge des anciens dirigeants de l'ère Moubarak soupçonnés de corruption.

"Je ferai respecter mon droit légal à défendre ma réputation ainsi que celle de ma famille", a dit l'ancien "raïs", assigné à résidence à Charm el Cheikh, dans une déclaration enregistrée diffusée par la chaîne de télévision Al Arabia.

Il a affirmé que les informations qu'il a communiquées au parquet égyptien montreront qu'il ne possède ni avoirs financiers, ni biens immobiliers à l'étranger et que les précisions données sur les comptes en banque de ses fils, Alaa et Gamal, montreront qu'ils n'ont réalisé aucun profit illégal.

Les manifestants à l'origine du vaste mouvement de protestation qui a abouti à la mise à l'écart de Moubarak ont réclamé des mesures plus fermes pour récupérer les avoirs qui, selon eux, ont été soustraits à l'Etat par Moubarak et des personnes de son entourage.

L'ARMÉE ACCUSÉE DE COLLUSION

Un millier de manifestants ont bravé dimanche l'ordre de l'armée égyptienne d'évacuer la place Tahrir, dans le centre du Caire. Ils réclamaient pour le troisième jour consécutif une transmission rapide du pouvoir à la société civile et une purge des dirigeants corrompus.

"Révolution ! Révolution !", "Nous voulons un conseil civil", "Renversons le ministre de la Défense", ont scandé les manifestants en brandissant une effigie du maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, le ministre de la Défense qui dirige le conseil militaire au pouvoir en Egypte.

Un douzaine de véhicules de transport de troupes stationnaient à proximité de la place, mais hors de vue.

L'armée a bénéficié d'un large soutien depuis qu'elle assume les pouvoirs à la suite de la démission de Moubarak, mais les plaintes se multiplient, bien qu'elle ait promis des élections législatives libres et démocratiques en septembre.

Un noyau dur de manifestants accuse l'armée de collusion avec des proches de Moubarak et affirme qu'elle s'efforce d'éviter que certains de ses anciens collaborateurs soient traduits en justice.

Selon des sources médicales, 13 hommes ont été blessés par des armes à feu et deux ont été tués dans la nuit de vendredi à samedi lors du plus grand rassemblement organisé depuis le 18 février lorsque des millions d'Egyptiens avaient célébré la chute du président Hosni Moubarak.

Dans des scènes renvoyant aux manifestations qui ont eu raison de l'ancien chef d'Etat, les soldats et les policiers ont utilisé des tasers et de bâtons pour tenter d'évacuer de la place Tahrir les manifestants.

ACCÈS À LA PLACE CONTRÔLÉS

N'y parvenant pas, l'armée s'est finalement retirée de la place. Elle a annoncé par la suite qu'elle ferait évacuer la place samedi soir.

"Mais rien ne s'est passé", a rapporté Ahmed el Moqdami, 25 ans, qui a dit faire partie d'un groupe de jeunes de Haute-Egypte.

"Nous poursuivrons le sit-in jusqu'à ce que nous obtenions satisfaction", a-t-il dit. "Avant tout, le maréchal doit partir. Moubarak doit être traduit en justice et un conseil civil doit être formé pour la période de transition".

L'armée a affirmé que les violences lors de la manifestation étaient le fait d'éléments "appuyant la contre-révolution" qui tentaient "de semer la discorde entre l'armée et le peuple".

Elle a assuré que l'armée n'avait pas eu recours à des tirs à balles réelles.

Dimanche matin, seule la carcasse d'un véhicule incendié rappelait les affrontements passés et la présence des forces de sécurité était réduite à son minimum.

Des manifestants vérifiaient les identités des personnes entrant sur la place mais ils ont par la suite cessé de le faire, retiré une partie des barbelés qui en interdisaient l'entrée et brièvement autorisé certaines voitures à passer.

"Nous avons fait cela pour que personne ne puisse nous accuser de paralyser la vie ordinaire comme on l'a dit auparavant", expliquait Mohamed Abdouh, 29 ans.

Un peu plus tard, une quarantaine de jeunes sont arrivés sur la place et ont commencé à jeter des pierres. Des manifestants les ont chassés dans les rues adjacentes et ils ont à nouveau interdit la place à la circulation.

Avec Sherine El Madany et Sarah Mikhail; Marine Pennetier et Nicole Dupont pour le service français