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Moubarak délègue ses pouvoirs mais ne calme pas la rue

L'espoir a cédé la place à la colère, ici place Tahrir, au Caire, après l'annonce par Hosni Moubarak du transfert de ses pouvoirs au vice-président Omar Souleimane. Les détracteurs du président égyptien entendent procéder vendredi à nouvelle démonstration

L'espoir a cédé la place à la colère, ici place Tahrir, au Caire, après l'annonce par Hosni Moubarak du transfert de ses pouvoirs au vice-président Omar Souleimane. Les détracteurs du président égyptien entendent procéder vendredi à nouvelle démonstration - -

Confronté depuis le 25 janvier à une vague de contestation sans précédent, le chef de l'Etat a délégué ses pouvoirs au vice-président Omar Souleimane, mais n'a pas parlé de démission, à la stupeur des manifestants rassemblés place Tahrir. Barack Obama a quant à lui jugé l'initiative insuffisante.

Pendant plusieurs heures, l'immense foule qui s'est formée sur la place a pourtant cru fermement à cette démission. Dans l'après-midi, la rumeur s'est muée en quasi certitude après la publication d'un communiqué de l'armée dans lequel beaucoup ont vu l'annonce d'un coup d'Etat militaire.

Quelques minutes après le début du discours présidentiel, l'espoir s'est mué en déception, puis en indignation. La foule a brandi des chaussures menaçantes en direction d'un président qui s'est d'emblée posé en garant du processus de transition, excluant de renoncer au pouvoir avant l'élection de septembre, comme il l'avait déjà dit la semaine dernière.

« Vos revendications sont légitimes et justes (...) Il n'y a aucune honte à entendre vos voix et opinions, mais je refuse tout diktat de l'étranger », a affirmé Hosni Moubarak, à l'attention de Washington. « J'ai annoncé ma détermination à remettre pacifiquement le pouvoir après la prochaine élection », a-t-il poursuivi, avant d'annoncer finalement qu'il remettait ses pouvoirs à Omar Souleimane.

« L'un est un pantin, l'autre un lâche! »

Une demi-heure plus tard, l'ancien chef des services de renseignement, que beaucoup considèrent comme l'un des symboles du régime, est à son tour apparu sur les écrans pour promettre la poursuite des réformes et exhorter les manifestants à rentrer chez eux.

Ces derniers, qui se seraient sans doute satisfaits de telles concessions il y a deux semaines, ont promis de poursuivre le mouvement à l'occasion de la « Journée des martyrs » prévue vendredi. « Non à Moubarak! Non à Souleimane! L'un est un pantin, l'autre un lâche! », ont-ils scandé place Tahrir. Certains ont tenté de se diriger vers la résidence présidentielle, mais les militaires leur ont barré le passage à l'aide de fil de fer barbelé.

Déployée lorsque des partisans de Moubarak se sont attaqués aux contestataires, le 28 janvier, l'armée s'est engagée à garantir le droit à manifester. Confronté depuis le 25 janvier à une vague de contestation sans précédent, le chef de l'Etat a délégué ses pouvoirs au vice-président Omar Souleimane, mais n'a pas parlé de démission, à la stupeur des manifestants rassemblés place Tahrir.

Déception affichée de Barack Obama

Mohamed El Baradei, ancien directeur général de l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA), a quant à lui prédit l'explosion de l'Egypte et appelé l'armée à l'aide. « Comment peut-on être un président sans pouvoirs? », s'est interrogé l'opposant, lauréat du prix Nobel de la paix.

Barack Obama, qui réclame depuis plusieurs jours une « transition en bon ordre », n'a pas caché sa déception. « De trop nombreux Egyptiens doutent que le gouvernement soit sincère quant à une véritable transition vers la démocratie et il est de sa responsabilité de parler clairement à l'Egypte et au monde. Le gouvernement égyptien doit ouvrir la voie d'une démocratie véritable de façon crédible, concrète et sans équivoque et il n'a pas encore saisi cette occasion », déclare le président des Etats-Unis dans un communiqué.

A Paris, Nicolas Sarkozy a jugé « inéluctable » la décision d'Hosni Moubarak de déléguer ses pouvoirs. « Ce que je souhaite de tout coeur pour la démocratie égyptienne naissante c'est qu'ils (les Egyptiens) prennent le temps de se doter de formations politiques, de structures, de principes, qui font qu'ils trouveront le chemin de la démocratie et non pas le chemin d'une autre forme de dictature, la dictature religieuse comme malheureusement ça s'est passé en Iran après le départ du shah d'Iran », a-t-il ajouté.