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Moscou reste opposé à une résolution sur la Syrie à l'Onu

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BEYROUTH (Reuters) - La Russie a annoncé jeudi qu'elle ne soutiendrait pas un projet de résolution devant l'Assemblée générale de l'Onu sur la...

BEYROUTH (Reuters) - La Russie a annoncé jeudi qu'elle ne soutiendrait pas un projet de résolution devant l'Assemblée générale de l'Onu sur la Syrie alors que Kofi Annan quittait son poste de médiateur des Nations unies et de la Ligue arabe.

Dans un communiqué, Moscou a taxé de partialité excessive ce texte d'inspiration saoudienne qui condamne le Conseil de sécurité pour avoir échoué à prendre des mesures contre Damas.

Sur le terrain, les rebelles syriens ont attaqué jeudi une base aérienne utilisée par l'armée pour bombarder Alep. La prise de cette base pourrait faciliter leur progression dans la deuxième ville et capitale commerciale de la Syrie.

Le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé, à quelques heures d'une réunion de l'Assemblée générale de l'Onu, qu'il ne soutiendrait pas le projet de résolution qui, selon lui, fait porter "(...) l'entière responsabilité des événements actuels en Syrie (...) uniquement sur les autorités de Damas".

Selon des diplomates de l'Onu, la résolution exprime "de graves préoccupations face à l'escalade de la violence en Syrie, notamment les violations continues, à grande échelle et systématiques des droits de l'homme".

Moscou, qui a opposé par trois fois au Conseil de sécurité de l'Onu son veto à des projets de résolution condamnant son allié syrien, reproche également au texte de ne présenter aucune exigence aux opposants syriens.

Contrairement au Conseil de sécurité de l'Onu, les résolutions de l'Assemblée générale sont non-contraignantes et les décisions sont prises à la majorité simple.

ATTAQUE D'UNE BASE STRATÉGIQUE

Au même moment à Londres, le Premier ministre britannique a fait état, à l'issue d'un entretien avec le président Vladimir Poutine, de divergences persistantes sur le dossier syrien.

"Il existe certaines divergences quant aux positions que nous avons prises sur le conflit syrien", a déclaré à la presse David Cameron. "Nous voulons tous deux l'arrêt du conflit et une Syrie stable, et nous évoquerons avec nos ministres des Affaires étrangères respectifs comment faire avancer tout cela".

Le chef de l'Etat russe a confirmé de son côté que Moscou et Londres partageaient certains points de vue à propos de la Syrie.

Sur le terrain, la bataille pour le contrôle d'Alep, enjeu crucial pour le régime dans le nord du pays, s'est poursuivie jeudi.

A l'aide d'un char pris aux militaires, les rebelles syriens ont attaqué la base aérienne de Menakh, site stratégique de l'armée situé à 35 km au nord d'Alep.

"Nous avons touché l'aéroport (militaire) grâce à un char que nous avons pris à l'armée d'Assad. Nous avons attaqué l'aéroport à plusieurs reprises mais nous avons décidé de nous retirer à cette heure", a déclaré à Reuters Abou Ali, combattant rebelle.

Selon d'autres sources rebelles, ces derniers se sont retirés après avoir essuyé des tirs de MiG en provenance de l'aéroport.

Les combattants rebelles disent avoir utilisé des engins explosifs improvisés contre l'aéroport international Nejrab, dans la banlieue d'Alep, mais n'ont pas fait état de dégâts importants.

D'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG favorable à l'opposition basée à Londres, les forces gouvernementales positionnées sur la base ont utilisé des canons et des lance-roquettes pour bombarder la ville de Tel Rifaat, située entre Menakh et Alep.

BESOIN D'UNE AIDE ALIMENTAIRE URGENTE

Les soldats de l'armée fidèle au président Bachar al Assad ont par ailleurs continué à pilonner le quartier de Salaheddine, dans le sud-ouest d'Alep, à l'aide de chars et de l'artillerie, alors que les rebelles tentaient de consolider leur emprise sur les zones dont ils se sont emparés.

La télévision d'Etat a déclaré mercredi que l'armée poursuivait les derniers "terroristes" restants dans un quartier d'Alep et qu'elle en avait tué plusieurs, dont des combattants arabes étrangers.

Les liaisons par téléphone portable sont également coupées depuis mercredi soir, ce qui porte à croire en l'imminence d'une action militaire de grande ampleur.

Alors qu'ils affrontent les chars et l'artillerie à Salaheddine, les rebelles ont fait savoir qu'ils avaient prévu d'attaquer un autre endroit de la région, sans dévoiler le lieu exact.

Près de Damas, au moins 35 personnes, pour la plupart des civils non armés, ont été tuées mercredi dans un assaut de l'armée syrienne sur Jdeidet Artouz, une banlieue du sud-ouest de la capitale, rapportent des habitants et des militants de l'opposition.

"Les chars et les soldats sont partis vers 16h00. Lorsqu'on a pu sortir dans les rues, on a trouvé les corps d'au moins 35 hommes", a dit un habitant, Fares, joint par Reuters au téléphone.

Au total, plus de 180 personnes, dont 133 civils, ont trouvé la mort en Syrie mercredi, selon l'OSDH.

Face à la dégradation de la situation, le Programme alimentaire mondial et l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture ont annoncé jeudi que trois millions de Syriens auraient besoin d'une aide alimentaire au cours des douze prochains mois.

Hélène Duvigneau pour le service français