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Mort du chef de l'Etat islamique au Grand Sahara: comment la France a mené l'opération

L'armée française se félicite d'une victoire qui est le résultat de "dix-huit mois d'efforts constants" dans la région.

C'est une opération qui "porte un coup décisif au commandement de Daesh au Sahel", d'après la ministre des Armées Florence Parly. Un "succès majeur", selon les mots du président de la République Emmanuel Macron. Mercredi soir, le chef de l'État annonçait sur son compte Twitter que les forces françaises de l'opération Barkhane avaient tué le chef du groupe jihadiste État islamique au Grand Sahara (EIGS), Adnan Abou Walid al-Sahraoui.

Lors d'une conférence de presse ce jeudi, Florence Parly, accompagnée du chef d'état-major des armées Thierry Burkhard, et du directeur général de la DGSE Bernard Émié, a précisé le déroulé de l'opération qui a conduit à l'élimination de la principale figure de l'organisation État Islamique au Sahel.

"18 mois d'efforts constants"

L'émir Adnan Abou Walid al-Sahraoui a succombé à des blessures provoquées par des frappes aériennes de la force Barkhane, au mois d'août 2021. Selon Florence Parly, sa mort est intervenue "après 18 mois d'efforts constants" contre l'organisation de l'EIGS pour réduire son "volume de combattants", amoindrir ses "forces logistiques" avant de finalement s'attaquer à sa "tête".

La ministre des Armées explique également que l'opération a été rendue possible par de nombreuses "manoeuvres de renseignement" en amont, passant notamment par des opérations de capture de combattants proches de l'émir. La force Barkhane et les services de renseignements français ont ainsi pu identifier "plusieurs lieux d'intérêt" où ce dernier était "susceptible de se terrer". Et c'est finalement à la mi-août que la décision d'attaque a été prise.

"C'est "l'effort de tous: Européens, Américains, Sahéliens, et Français, qui a conduit à ce succès militaire", a salué Florence Parly.

L'émir circulait vraisemblablement à moto

Le général Thierry Burkhard, chef d'état-major des armées, a précisé que l'opération avait mobilisé l'ensemble des composantes de l'opération Barkhane, tant aériennes que terrestres. Et qu'elle elle s'est articulée autour de deux phases. La première, menée entre les 17 et 20 août, a eu lieu autour de la forêt de Dangarous, au sud-ouest de Ménaka, au Mali.

"Elle visait en particulier à préciser des informations obtenues grâce à la capture de deux membres de l'EIGS réalisée le 14 juillet", a détaillé le général Burkhard, expliquant qu'au cours de cette phase de renseignement, le 17 août "une frappe réalisée par un drone a permis de neutraliser deux membres de l'EIGS qui circulaient sur une moto."

S'en est suivie la deuxième phase, entre les 20 et 22 août. Une opération d'abord terrestre, avec l'héliportage d'un groupe commando d'une vingtaine de soldats, qui avaient pour mission de fouiller l'ensemble de la zone où étaient recherchées plusieurs figures de l'EIGS.

La carte détaillant avec précision le déroulé de l'opération
La carte détaillant avec précision le déroulé de l'opération © Capture d'écran de l'antenne

L'opération a abouti à des frappes de Mirage et de drones sur des endroits occupés par les figures en question. Au cours de l'opération complète, entre les 17 et 22 août, une "dizaine de membres" de l'EIGS ont été tués d'après le général Burkhard. Et toujours selon lui, "tout porte à croire qu'Adnan Abou Walid al-Sahraoui était un des deux passagers de la moto ciblée" par la frappe du 17 août.

La mort d'Adnan Abou Walid al-Sharaoui représente un véritable affaiblissement de l'EIGS, et interroge désormais sur les futurs objectifs de l'armée française dans la région. Après plus de huit ans d'engagement militaire au Sahel, Emmanuel Macron avait annoncé en juin dernier la fin de l'opération Barkhane pour la remplacer par un dispositif "d'accompagnement" des armées locales. Florence Parly a néanmoins assuré ce jeudi que même après avoir éliminé le numéro un du jihadisme dans la région, "nous ne quittons pas le Sahel".

Louis Augry