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Mohamed Morsi annule le décret contesté du 22 novembre en Egypte

Mohamed Morsi (au centre), au palais présidentiel, au Caire. Le président égyptien a annulé samedi soir le décret qui élargissait ses prérogatives à l'origine d'une crise politique et de manifestations violentes en Egypte mais a refusé de reporter la date

Mohamed Morsi (au centre), au palais présidentiel, au Caire. Le président égyptien a annulé samedi soir le décret qui élargissait ses prérogatives à l'origine d'une crise politique et de manifestations violentes en Egypte mais a refusé de reporter la date - -

LE CAIRE (Reuters) - Mohamed Morsi a annulé samedi soir le décret qui élargissait ses prérogatives présidentielles à l'origine d'une crise...

LE CAIRE (Reuters) - Mohamed Morsi a annulé samedi soir le décret qui élargissait ses prérogatives présidentielles à l'origine d'une crise politique et de manifestations violentes en Egypte mais a refusé de reporter la date du référendum sur la nouvelle constitution comme le lui demandaient ses adversaires.

Face à la contestation croissante, Morsi a invité ses rivaux à une réunion de "dialogue national" samedi au palais présidentiel mais le Front de salut national, la principale coalition d'opposition, a refusé de s'y rendre.

Le chef de l'Etat a fait un geste pour tenter d'apaiser la situation dans le pays et a décidé d'annuler le décret du 22 novembre par lequel il avait unilatéralement élargi ses pouvoirs, mesure à l'origine d'une contestation sanglante.

A l'issue d'une réunion regroupant une quarantaine de personnalités, le porte-parole de la commission de dialogue a annoncé que Mohamed Morsi avait adopté un nouveau décret qui, dans son article premier, "annule la déclaration constitutionnelle" publiée il y a trois semaines.

Ce nouveau texte revient sur plusieurs dispositions qui avaient provoqué la colère de l'opposition accusant le président en fonction depuis le 30 juin de se comporter de manière autocratique.

Est ainsi supprimé un article qui conférait au chef de l'Etat des pouvoirs étendus pour s'opposer aux menaces pesant contre la révolution et la nation, formule qualifiée de porte ouverte à l'arbitraire par ses adversaires.

Est également abandonné l'article qui mettait à l'abri de contestations judiciaires les décisions prises par le président jusqu'à l'élection d'un nouveau parlement. Une telle élection ne pouvait survenir qu'après l'adoption de la Loi fondamentale.

Le décret détaille enfin la procédure de mise en place d'une nouvelle assemblée constituante dans l'hypothèse où le projet de constitution serait rejeté lors de la consultation référendaire du 15 décembre.

En revanche, Mohamed Morsi a refusé la demande de ses opposants de reporter la date du référendum, a précisé le porte-parole Mohamed Selim al Aoua.

Le président a simplement demandé à l'opposition de proposer des amendements au projet qui a été rédigé par une assemblée dominée par les islamistes et qui, selon ses adversaires, accorde une trop grande place au pouvoir religieux.

LES MILITAIRES APPELLENT AU DIALOGUE

Un porte-parole du Front de salut national a fait savoir que le groupe va se réunir dimanche pour étudier les dernières annonces faites par Morsi, mais a ajouté que de son point de vue celles-ci ne sont pas suffisantes.

Samedi, l'armée a fait entendre sa voix après plusieurs jours de crise politique, lançant un appel au dialogue et affirmant que la violence ne pouvait être tolérée.

La radio et la télévision publiques ont interrompu leurs programmes pour diffuser le communiqué de l'armée, qui a fourni tous ses présidents à l'Egypte entre la chute de la monarchie en 1952 et le renversement d'Hosni Moubarak en février 2011.

Le communiqué des militaires ne mentionne pas le président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans.

Il souligne cependant que la solution à la crise ne doit pas aller à l'encontre de la "légitimité et (des) règles de la démocratie", ce qui sonne comme un avertissement lancé aux opposants qui font le siège du palais présidentiel et demandent le départ du chef de l'Etat.

Le communiqué de l'armée émis samedi affirme que son devoir est de protéger l'intérêt national et les institutions vitales de l'Etat. Les Egyptiens doivent pouvoir exprimer leur opinion "loin de toute manifestation de violence".

Ce texte ne semble pas pour autant sous-entendre que les militaires, qui ont géré les affaires publiques entre le renversement d'Hosni Moubarak et l'élection de Mohamed Morsi, aient l'intention de reprendre le contrôle du pays.

"Les forces armées affirment que le dialogue est la meilleure et la seule voie pour parvenir à un consensus", a dit un porte-parole militaire qui a lu la déclaration. "L'inverse nous précipitera dans un tunnel sombre qui débouchera sur une catastrophe, ce que nous ne tolérerons pas."

Un responsable des Frères musulmans, Abdel Khaled al Chérif, a jugé les déclarations de l'armée "équilibrées". "Ce communiqué souligne le dévouement de l'armée envers le peuple et c'est bien", a-t-il dit à Reuters.

Yasmine Saleh; Pierre Sérisier et Julien Dury pour le service français