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Misrata toujours bombardée malgré les menaces de l'Otan

Colonne de fumée au dessus de la ville libyenne de Misrata. La troisième ville de Libye assiégée depuis près de deux mois par les forces fidèles à Mouammar Kadhafi, a été à nouveau bombardée dans la nuit de mercredi à jeudi, malgré les menaces des puissan

Colonne de fumée au dessus de la ville libyenne de Misrata. La troisième ville de Libye assiégée depuis près de deux mois par les forces fidèles à Mouammar Kadhafi, a été à nouveau bombardée dans la nuit de mercredi à jeudi, malgré les menaces des puissan - -

par Michael Georgy MISRATA, Libye (Reuters) - Misrata, troisième ville de Libye assiégée depuis près de deux mois par les forces fidèles à Mouammar...

par Michael Georgy

MISRATA, Libye (Reuters) - Misrata, troisième ville de Libye assiégée depuis près de deux mois par les forces fidèles à Mouammar Kadhafi, a été à nouveau bombardée dans la nuit de mercredi à jeudi, malgré les menaces des puissances occidentales, qui ont promis de multiplier les raids aériens.

Des tirs de mortiers ont fait au moins trois morts et 17 blessés dans les rangs des insurgés, a dit un de leurs représentants.

Le siège de la dernière ville de l'Ouest aux mains des rebelles a déjà fait plusieurs centaines de tués. Parmi eux figurent les photoreporters Tim Hetherington, coauteur d'un documentaire nominé aux Oscars l'an dernier, et Chris Hondros, de l'agence Getty, tués mercredi par un obus de mortier qui s'est abattu rue de Tripoli, principale artère de Misrata.

Les rebelles affirment que des tireurs d'élite des forces gouvernementales s'en prennent aux civils, ce que Tripoli dément. Ban Ki-moon, secrétaire général de l'Otan, a exhorté les autorités "à cesser de combattre et de tuer des gens".

"A ce stade, notre priorité est de parvenir à un cessez-le-feu vérifiable et effectif puis d'élargir notre aide humanitaire et d'entamer un dialogue politique", a-t-il ajouté, faisant état de 500.000 réfugiés depuis le début du conflit.

Selon la télévision publique libyenne, un raid de l'Otan a fait sept morts et 18 blessés à Tripoli, dans le quartier de Khallat al Farjan.

Un peu plus tard, les avions de l'Alliance ont bombardé Gharyan, au sud de Tripoli, ajoute la chaîne, faisant état de plusieurs victimes et des maisons détruites.

Le général canadien Charles Bouchard, qui commande les opérations de l'Otan en Libye, a invité la population à se tenir à distance des forces gouvernementales.

"L'OTAN EST INEFFICACE"

"Nous voulons maintenir et accentuer la pression sur les unités du front, mais le risque principal est celui des pertes civiles", a expliqué un autre représentant de l'organisation, interrogé par Reuters. "Le matériel militaire de Kadhafi est utilisé de plus en plus près des zones d'habitation civiles, ce qui complique évidemment les opérations", a-t-il ajouté.

Les rebelles ont à nouveau déploré la prudence des alliés. "L'Otan est inefficace à Misrata. L'Otan n'a absolument pas réussi à changer le cours des choses sur le terrain", a déclaré un porte-parole nommé Abdelsalam.

Sur le front diplomatique, la Russie a estimé que l'envoi de conseillers militaires français et britanniques, annoncé cette semaine, outrepassait le mandat des Nations unies et risquait d'entraîner la communauté internationale dans un conflit terrestre.

Face à cette éventualité, les autorités libyennes ont commencé à distribuer des armes aux civils, a annoncé Moussa Ibrahim, porte-parole du gouvernement.

"Beaucoup de villes se sont organisées en escouades pour repousser une éventuelle invasion de l'Otan. Si l'Otan vient à Misrata ou dans tout autre ville libyenne, elles lui feront connaître l'enfer (...) Nous ferons en sorte que ce soit dix fois pire qu'en Irak", a-t-il dit.

La France a annoncé mercredi l'envoi d'un "petit nombre d'officiers de liaison" auprès du Conseil national de transition (CNT) libyen, mis sur pied par les insurgés à Benghazi. Le Royaume-Uni avait fait la veille une annonce similaire.

Mercredi toujours, Nicolas Sarkozy, qui a reçu le président du CNT Moustafa Abdeldjeïl à l'Elysée, a promis de multiplier les raids aériens.

Le ministère français de la défense a fait état jeudi de 41 sorties au cours de la semaine écoulée. La moyenne était de 30 au début de l'opération, il y a un mois.

Les forces de l'Otan ont par ailleurs intercepté un pétrolier libyen, rapporte l'agence officielle Jana, qui ne précise ni le lieu ni la date de l'incident.

Sur le terrain, les rebelles semblent avoir pris le contrôle côté libyen d'un poste-frontière avec la Tunisie, rapportent des témoins. Moussa Ibrahim a toutefois démenti l'information.

Le poste en question se trouve à Dhiba, où des milliers de réfugiés sont arrivés ces derniers jours en provenance d'une région de Libye appelée les Montagnes de l'Ouest.

Jean-Stéphane Brosse et Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Gilles Trequesser