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Manifestations et répression se poursuivent en Syrie

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par Khaled Yacoub Oweis AMMAN (Reuters) - Des milliers de Syriens ont à nouveau manifesté vendredi dans plusieurs villes, bravant la répression du...

par Khaled Yacoub Oweis

AMMAN (Reuters) - Des milliers de Syriens ont à nouveau manifesté vendredi dans plusieurs villes, bravant la répression du régime de Bachar al Assad qui aurait fait de nouvelles victimes en cette journée de prières, selon des témoins et des militants des droits de l'homme.

Les forces de sécurité ont tué au moins dix personnes à travers le pays lors de cette grande journée de manifestations, selon l'avocate et défenseur des droits de l'homme, Razan Zaïtouna.

L'armée, appuyée par des chars, a pénétré dans la ville de Maaret al Noumane, dans le nord-ouest de la Syrie, pour disperser les manifestations, a-t-elle dit. Au moins trois personnes sont mortes, a ajouté Razan Zaïtouna.

Les forces de l'ordre ont tiré à balles réelles dans deux villes au moins, à Sanamine, au sud de Damas, et à Homs, dans le centre, selon un groupe de défense des droits de l'homme.

Le vendredi, journée de prière hebdomadaire dans le monde musulman, est traditionnellement l'occasion des plus grandes manifestations.

La répression, condamnée par l'Union européenne et les Etats-Unis, a fait au moins 800 morts dans les rangs des contestataires, estiment les organisations indépendantes.

La Syrie a exclu la plupart des médias internationaux de son territoire, ce qui rend les affirmations des deux parties difficiles à vérifier.

Des militants ont fait état de manifestations dans plusieurs villes, de Banias sur la côte méditerranéenne, où l'armée a été déployée, à Kamichli, dans l'Est à majorité kurde.

"On entend des coups de feu à Banias. Il y a eu une manifestation, bien qu'un millier d'habitants de la ville et des environs aient été arrêtés ces dernières semaines", a dit un porte-parole de l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

Selon un témoin, environ 20.000 personnes se sont rassemblées en deux endroits différents de Hama (centre) et ont été dispersées par la police faisant usage de gaz lacrymogènes.

DAMAS VERROUILLÉE

Avant la prière, un témoin a dit à Reuters avoir constaté une forte présence des forces de sécurité et des barrages dans les faubourgs de Damas, probablement pour empêcher les opposants de marcher sur le centre de la capitale.

Un habitant d'Hajaz al Assouad, une banlieue de Damas, a signalé des manifestants réclamant "la chute du régime", sur le modèle des révolutions tunisienne et égyptienne.

Depuis fin avril, le régime syrien a déployé ses forces et ses chars dans plusieurs foyers de contestation afin de tenter de mettre au pas les manifestants en procédant à des arrestations massives.

La révolte, partie du Sud, a atteint la plupart des villes syriennes à l'exception des deux plus grandes, Damas et Alep.

Le président syrien a fait peu de concessions aux manifestants, hormis la levée d'un état d'urgence instauré il y a 48 ans et un décret accordant la nationalité syrienne aux Kurdes.

Les Etats-Unis et l'Union européenne ont adopté des sanctions contre plusieurs personnalités du régime et Barack Obama les a étendues mercredi au président Bachar al Assad, parvenu au pouvoir en 2000 après le décès de son père.

L'UE devrait en faire de même la semaine prochaine, dit-on de source diplomatique européenne.

Damas a condamné ces sanctions, affirmant qu'elles visaient le peuple syrien et servaient les intérêts d'Israël.

Les autorités syriennes imputent les violences à des groupes armés soutenus par des islamistes et des puissances étrangères.

Clément Guillou pour le service français, édité par Gilles Trequesser