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Manifestations en Tunisie après la mort de Mohamed Brahmi

Des manifestations se sont déroulées vendredi dans toute la Tunisie au lendemain du meurtre de l'opposant Mohamed Brahmi, dont les obsèques se dérouleront ce samedi. Un manifestant antigouvernemental est mort à Gafsa, dans le centre du pays, ont rapporté

Des manifestations se sont déroulées vendredi dans toute la Tunisie au lendemain du meurtre de l'opposant Mohamed Brahmi, dont les obsèques se dérouleront ce samedi. Un manifestant antigouvernemental est mort à Gafsa, dans le centre du pays, ont rapporté - -

par Tarek Amara TUNIS (Reuters) - Des manifestations se sont déroulées vendredi dans toute la Tunisie au lendemain du meurtre de l'opposant Mohamed...

par Tarek Amara

TUNIS (Reuters) - Des manifestations se sont déroulées vendredi dans toute la Tunisie au lendemain du meurtre de l'opposant Mohamed Brahmi, dont les obsèques se dérouleront ce samedi.

Un manifestant antigouvernemental est mort à Gafsa, dans le centre du pays, ont rapporté des témoins.

Quarante-deux députés ont annoncé dans la soirée qu'ils démissionnaient de l'Assemblée constituante, qui compte 217 membres, en signe de protestation contre l'assassinat du dirigeant du Front populaire, une coalition de gauche laïque.

Khamis Kssila, du parti Nidaa Tounès, a annoncé lors d'une conférence de presse que les membres démissionnaires allaient organiser un sit-in pour réclamer la dissolution de l'assemblée et la formation d'un gouvernement de salut national, une option rejetée par le Premier ministre Ali Larayedh.

À l'appel de l'opposition, des milliers de personnes sont descendues vendredi dans les rues de Tunis pour protester contre l'assassinat de Mohamed Brahmi. Des milliers de manifestants islamistes ont parallèlement manifesté pour soutenir le gouvernement et rejeter les appels à sa démission.

À Gafsa, dans le bassin minier du centre du pays, des témoins ont annoncé le décès d'un manifestant antigouvernemental, Mofti Mohamed, lors d'un rassemblement au cours duquel plusieurs personnes ont également été blessées par des tirs de gaz lacrymogène.

Agé de 58 ans, Mohamed Brahmi a été abattu jeudi de quatorze balles tirées à bout portant devant chez lui, à Tunis, par deux hommes à moto, alors qu'il descendait de voiture, rapportent les autorités et des témoins.

Le 6 février, l'opposant Chokri Belaïd avait été assassiné de la même façon. Sa mort avait provoqué les plus importantes manifestations dans le pays depuis la chute de Ben Ali en janvier 2011.

La famille de Mohamed Brahmi a annoncé que les obsèques du dirigeant auraient lieu samedi matin à 08h00 GMT et qu'il serait inhumé près de la tombe de Chokri Belaïd.

LA MÊME ARME

Le ministre de l'Intérieur, Lotfi ben Jeddou, a déclaré lors d'une conférence de presse qu'un salafiste radical du nom de Boubacar Hakim, déjà recherché pour contrebande d'armes venant de la Libye voisine, était le principal suspect des deux crimes.

"La même arme automatique de calibre 9mm qui a tué Chokri Belaïd a aussi tué Mohamed Brahmi", a-t-il dit, précisant que les autorités avaient identifié 14 salafistes, la plupart membres de l'organisation Ansar al Charia, qu'elles soupçonnent d'être impliqués dans l'assassinat de Belaïd.

Membre de l'assemblée chargée d'élaborer la nouvelle Constitution et fondateur du Mouvement du peuple (Echaâb), une formation laïque et nationaliste, Mohamed Brahmi ne ménageait pas ses critiques envers le parti islamiste Ennahda au pouvoir.

L'assassinat de Mohamed Brahmi s'est produit le jour de la Fête de la République, férié en Tunisie, et alors que le pays précurseur des "printemps arabes" de 2011 se prépare à voter sur sa nouvelle Constitution avant la tenue de l'élection présidentielle, prévue avant la fin de l'année. La journée de vendredi a été décrétée jour de deuil national.

Des manifestations pacifiques contre le gouvernement ont eu lieu à Sfax, Kairouan, Monastir, au Kef et à Sidi Bouzid, berceau de la "révolution de jasmin" de l'hiver 2010-2011, où des bureaux d'Ennahda avaient été incendiés la veille.

Plusieurs milliers d'islamistes sont également descendus dans les rues de la capitale pour défendre le gouvernement dirigé par Ennahda. "Non à un coup d'Etat contre la démocratie!" ont clamé les manifestants.

Avec Fatma Matoussi; Jean-Stéphane Brosse pour le service français