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Manifestation au Caire contre l'armée et les violences

Des milliers d'Egyptiens ont manifesté vendredi sur la place Tahrir du Caire et dans d'autres villes pour crier leur colère contre les militaires au pouvoir, qu'ils tiennent responsables de la violente répression des rassemblements de ces derniers jours.

Des milliers d'Egyptiens ont manifesté vendredi sur la place Tahrir du Caire et dans d'autres villes pour crier leur colère contre les militaires au pouvoir, qu'ils tiennent responsables de la violente répression des rassemblements de ces derniers jours. - -

par Edmund Blair et Marwa Awad LE CAIRE (Reuters) - Des milliers d'Egyptiens ont manifesté vendredi sur la place Tahrir du Caire et dans d'autres...

par Edmund Blair et Marwa Awad

LE CAIRE (Reuters) - Des milliers d'Egyptiens ont manifesté vendredi sur la place Tahrir du Caire et dans d'autres villes pour crier leur colère contre les militaires au pouvoir, qu'ils tiennent responsables de la violente répression des rassemblements de ces derniers jours.

Dix-sept personnes ont été tuées lors de ces récentes manifestations, entre vendredi et mardi derniers. Des hommes et des femmes ont été frappés alors qu'ils se trouvaient à terre.

Une image en particulier a illustré ce nouvel accès de violence dans l'Egypte de l'après-Moubarak: celle de soldats traînant une femme au sol, la rouant de coups et la dénudant partiellement.

"Quiconque l'a vue, quiconque a vu sa souffrance ne peut que venir à Tahrir", dit Omar Adel, 27 ans, expliquant sa présence au rassemblement de vendredi. "Ceux qui ont fait ça devraient être jugés. On ne peut plus supporter cette humiliation et ces abus", ajoute-t-il.

Certains manifestants réclament que l'armée, qui dirige le pays depuis la chute d'Hosni Moubarak le 11 février, accélère le calendrier de la transition censée restituer le pouvoir aux civils.

"La situation difficile dans laquelle nous nous trouvons résulte de la réticence du conseil militaire à jouer son rôle, de ses manoeuvres dilatoires intentionnelles, du non-respect de ses obligations et de son échec en matière d'économie et de sécurité, qui ont entraîné le pays tout entier au bord d'une gigantesque crise", dénoncent une vingtaine de partis et organisations dans un communiqué commun.

Une partie des manifestants veut que l'élection présidentielle ait lieu dès le 25 janvier, jour anniversaire de la révolution égyptienne. En tout cas avant la mi-2012, nouvel objectif avancé par le Conseil suprême des forces armées (CFSA) pour doter le pays d'un président élu.

EXCUSES DE L'ARMÉE

"A bas le pouvoir militaire", ont-ils scandé sur la place Tahrir, dont les accès vers le siège du gouvernement, le Parlement et le ministère de l'Intérieur, où se sont concentrées les violences de décembre comme de novembre, étaient bloqués par de hauts blocs de béton.

Vendredi après-midi, la mobilisation restait relativement modeste comparée aux grandes manifestations de l'hiver dernier contre Moubarak.

A Alexandrie, dans le Nord, ils étaient plusieurs milliers à dénoncer les violences faites aux femmes. Le sort qui leur est réservé était au centre de cortèges organisés dans d'autres villes du pays, rapportent des témoins.

L'armée a exprimé ses regrets après les dernières violences et présenté des excuses à la femme qui a été battue et violentée, parlant d'un cas isolé qui ferait l'objet d'une enquête.

Dix mois après l'éviction de l'ancien "raïs", dont le procès doit reprendre la semaine prochaine, une partie de la population égyptienne, inquiète des répercussions économiques du changement de régime, appellent les révolutionnaires à cesser leur mouvement de sorte que l'ordre puisse être rétabli et l'économie, très dépendante du tourisme, relancée.

La confrérie des Frères musulmans, dont l'émanation politique est arrivée en tête des premières phases des élections législatives programmées jusqu'en janvier, n'avait pas appelé à participer à cette nouvelle manifestation.

Les Frères soutiennent également le calendrier de la transition.

PAS DE "NOUVEAU MOUBARAK"

La tenue d'une élection présidentielle avant l'élection des deux chambres du parlement et la rédaction d'une nouvelle Constitution risquerait d'accorder trop de pouvoir au nouveau président, a expliqué Essam El Erian, député du Parti liberté et justice (FJP), émanation politique de la confrérie.

"Nous ne créerons pas un nouveau Moubarak", a-t-il ajouté jeudi.

Mais pour certains mouvements en pointe dans la révolution, la prise de position des Frères musulmans et d'autres islamistes démontre qu'ils ont trahi le mouvement de protestation pour assurer leurs places dans les futures institutions du pays.

La troisième phase des élections législatives se tiendra dans la première quinzaine de janvier et les élections à la chambre haute s'étaleront de fin janvier à début mars, avant l'élection présidentielle.

Le nouveau parlement aura comme première tâche de nommer les 100 membres de l'Assemblée chargée de rédiger une nouvelle Constitution définissant les pouvoirs du président, du parlement et peut-être ceux de l'armée dans la nouvelle Egypte.

Compte tenu des premiers résultats connus, les Frères musulmans via le Parti liberté et justice (FJP) et les salafistes, considérés comme étant plus radicaux, du parti Al Nour devraient avoir une forte influence sur la rédaction de la nouvelle Constitution.

Marine Pennetier et Henri-Pierre André pour le service français, édité par Gilles Trequesser