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Mali: la junte militaire compte diriger le pays pendant trois ans

L'ancien président nigérian Goodluck Jonathan, chef de la délégation ouest-africaine envoyée au Mali, à côté de Malick Diaw, vice-président du Comité national pour le salut du peuple, à l'aéroport de Bamako, le 22 août 2020

L'ancien président nigérian Goodluck Jonathan, chef de la délégation ouest-africaine envoyée au Mali, à côté de Malick Diaw, vice-président du Comité national pour le salut du peuple, à l'aéroport de Bamako, le 22 août 2020 - ANNIE RISEMBERG © 2019 AFP

Suite au coup d'Etat de mardi, la junte a annoncé une transition en trois ans au Mali, avec un militaire à la tête du pays. Le président déchu, Ibrahim Boubacar Keïta, sera libéré.

L'avenir du Mali se précise. La junte militaire qui a pris le pouvoir mardi dernier a annoncé une transition de trois ans dirigée par un militaire, dimanche soir. "La junte a affirmé qu'elle souhaite faire une transition de trois ans pour revoir les fondements de l'Etat malien. Cette transition sera dirigée par un organe présidé par un militaire, qui sera en même temps chef de l'Etat", a indiqué une source au sein de la délégation de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), à l'issue du deuxième jour de négociations avec la nouvelle équipe au pouvoir à Bamako. Un membre de la junte à confirmé "les trois ans de transition avec un président militaire et un gouvernement en majorité composé de militaires".

Libération du président déchu

Selon la même source de la Cédéao, la junte a donné son accord pour "libérer le président Keïta", qu'elle détient depuis le coup d'Etat, "qui pourra repartir à son domicile" de Bamako. "Et s'il souhaite voyager pour des soins, il n'y a pas de problème", a-t-elle précisé.

Ibrahim Boubacar Keïta avait été contraint d'annoncer sa démission dans la nuit de mardi à mercredi après avoir été arrêté par des militaires. Elu en 2013 et réélu en 2018, le président "IBK" était fortement contesté dans la rue depuis le mois de juin, à l'appel d'un mouvement d'opposition hétéroclite qui réclamait sa démission. Samedi, plusieurs envoyés de la Cédéao ont pu rencontrer le chef d'Etat déchu. "Nous avons vu le président Keïta", a confirmé Goodluck Jonathan, qui a précisé à son propos: "Ça va".

Quant au Premier ministre Boubou Cissé, arrêté en même temps que le président Keïta et détenu dans le camp militaire de Kati, dans la banlieue de la capitale, "nous avons obtenu de la junte qu'elle accepte qu'il soit dans une résidence sécurisée à Bamako", a ajouté ce responsable ouest-africain. Des informations de nouveau confirmées par un membre de la junte.

Les négociations se poursuivent

La deuxième journée de négociations entre les militaires et la Cédéao avait débouché sur des avancées sans accord complet. Elles doivent reprendre ce lundi. "Nous avons pu nous entendre sur certains points mais pas sur l'ensemble des points de discussion", a déclaré à sa sortie de plusieurs heures de réunion le chef de la délégation ouest-africaine, l'ex-président nigérian Goodluck Jonathan, mandaté par la Cédéao pour tâcher de rétablir "l'ordre constitutionnel" au Mali.

Le président de la Commission de la Cédéao, Jean-Claude Kassi Brou, qui espère "pouvoir tout finaliser d'ici lundi", a souligné la "volonté de vraiment aller de l'avant" du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) mis en place par la junte.

"Il faut des résultats parce que le 26 août, les chefs d'Etat de la Cédeao se réunissent pour dire si ils renforcent les sanctions contre la junte ou si on desserre l'étau", a expliqué un membre de la délégation de la Cédéao.

Les pays voisins du Mali, réunis en Sommet extraordinaire, avaient initialement réclamé jeudi le "rétablissement" du président Keïta et décidé d'envoyer cette délégation à Bamako, la quatrième de l'ex-président Goodluck Jonathan depuis le début de la crise qui ébranle le Mali suite aux législatives contestées du printemps.

Les militaires acclamés à Bamako

Dénoncé par la communauté internationale, le coup d'Etat militaire n'a suscité aucune opposition notable à Bamako. Les Maliens ont repris leurs activités dès le lendemain du putsch et la télévision nationale, l'ORTM, poursuit ses programmes.

Les militaires au pouvoir ont promis de mettre rapidement en place une "transition politique" et ont été acclamés vendredi par des milliers de personnes dans le centre de Bamako.

C.S. avec AFP