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Mahmoud Djibril souhaite une grande coalition en Libye

Mahmoud Djibril, à la tête de l'Alliance des forces nationales en Libye, prône la formation d'une grande coalition gouvernementale réunissant les quelque 150 partis politiques du pays, à quelques heures de la proclamation des résultats des élections de sa

Mahmoud Djibril, à la tête de l'Alliance des forces nationales en Libye, prône la formation d'une grande coalition gouvernementale réunissant les quelque 150 partis politiques du pays, à quelques heures de la proclamation des résultats des élections de sa - -

par Ali Shuaib et Mark John TRIPOLI (Reuters) - Mahmoud Djibril, qui fut Premier ministre du Conseil national de transition (CNT) lors de la guerre...

par Ali Shuaib et Mark John

TRIPOLI (Reuters) - Mahmoud Djibril, qui fut Premier ministre du Conseil national de transition (CNT) lors de la guerre civile libyenne, a souhaité la formation d'une grande coalition gouvernementale réunissant les quelque 150 partis politiques du pays, à quelques heures de la proclamation des résultats des élections de samedi.

Après quatre décennies de régime autocratique de Mouammar Kadhafi, 1,6 million d'électeurs sur 2,8 millions d'inscrits - un taux de participation de 65% - ont voté avec de la joie et parfois des larmes d'émotion aux premières élections libres de l'histoire de leur pays.

Dans l'attente des premiers résultats officiels, Mahmoud Djibril s'est refusé à commenter des rumeurs selon lesquelles l'Alliance des forces nationales (AFN) qu'il dirige, et qui regroupe une soixantaine de formations, devancerait le Parti de la Justice et de la reconstruction, le parti formé par les Frères musulmans.

"Nous lançons un appel honnête à un dialogue national pour créer une coalition, sous une seule bannière (...) Il s'agit d'un appel honnête et sincère à tous les partis politiques existants aujourd'hui en Libye", a déclaré Djibril lors d'une conférence de presse organisée dimanche soir.

"Lors de l'élection d'hier, il n'y a eu ni gagnant ni perdant (...) Le seul vainqueur est la Libye", a-t-il dit.

Mahmoud Djibril, qui parle anglais couramment, fut le principal interlocuteur du CNT avec les puissances occidentales - France, Grande-Bretagne, Etats-Unis - qui ont contribué à la chute du régime de Mouammar Kadhafi, mort le 20 octobre.

"PACIFIQUE ET DÉMOCRATIQUE"

L'ancien Premier ministre a refusé l'étiquette libérale et laïque accolée à son alliance, affirmant que le respect des dogmes de la loi islamique figurait parmi ses principes fondamentaux, des propos qui pourraient faciliter les efforts de rapprochement de l'AFN avec les partis ouvertement islamistes.

"La porte du dialogue est désormais ouverte pour tous les Libyens", a estimé Ali Rhouma El Sibaï, chef du groupe Al Assala, classé parmi les formations islamistes dures. "Mais aucun accord ne sera possible tant que nous ne connaîtrons pas les propositions. Nous ne pouvons pas transiger sur nos principes."

Le Parti de la Justice et de la Reconstruction n'a pas réagi dans l'immédiat à l'appel de Djibril. Le groupe Al Watan, de l'islamiste Abdel Hakim Belhadj, a fait savoir qu'il examinait sa proposition.

Les élections de samedi visaient à la désignation d'une assemblée de 200 membres qui désigneront un gouvernement et un Premier ministre et ouvriront la voie à la rédaction d'une nouvelle Constitution afin de permettre l'organisation d'élections législatives en 2013.

Savoir qui contrôle la future assemblée sera toutefois compliqué par le fait que les listes partisanes ne concernaient que 80 élus, les 120 autres sièges étant réservés à des candidats indépendants aux allégeances fluctuantes.

Le scrutin, dont le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon a salué "l'esprit pacifique et démocratique", a été endeuillé par la mort de deux manifestants en Cyrénaïque qui dénonçaient un scrutin faisant la part trop belle à la région de Tripoli et à l'ouest du pays.

Une partie des habitants de l'Est, berceau de la révolution de 2011, réclament une représentation de la Cyrénaïque au parlement plus forte que les 60 sièges alloués par le CNT, voire l'instauration du fédéralisme, et ils avaient appelé à boycotter le scrutin.

Les analystes soulignent qu'une des priorités de la Libye sera de répondre aux revendications de l'Est dans la rédaction d'une nouvelle Constitution, même si la création d'un système fédéral paraît peu probable.

Benjamin Massot et Jean-Stéphane Brosse pour le service français