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Madagascar touché par la peste

Dans un bidonville d'Antananarivo, la capitale malgache, en 2000.

Dans un bidonville d'Antananarivo, la capitale malgache, en 2000. - Alexander Joe - AFP

Après avoir disparu pendant dix ans, la peste touche à nouveau l'île de Madagascar, où 138 cas suspects ont été recensés depuis le mois de janvier, dont 47 mortels. Les quartiers insalubres de la capitale, Antananarivo, sont les plus touchés.

La peste frappe Madagascar. La maladie a fait récemment son apparition dans la capitale de l'île, Antananarivo, où la prolifération des rats et des puces, qui véhiculent la peste, inquiète. Une jeune femme est morte de la maladie le 11 novembre dans un bidonville de la ville, une zone insalubre où les habitations s'empilent entre marécages et rizières. Un autre cas non mortel a été signalé.

Risque de développement rapide, selon l'OMS

"Il y a maintenant un risque d'un rapide développement de la maladie" en raison de "la haute densité de population dans la ville" et des "faiblesses du système de santé", avertit l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a fait état de 119 cas de peste dans le pays cette année, dont 40 mortels.

Lundi soir, le ministère de la Santé malgache a donné un nouveau chiffre de 138 cas suspects de peste depuis janvier, dont 47 mortels. Un bilan qui pourrait s'alourdir du fait de la "recrudescence saisonnière" observée chaque année "entre octobre et mars".

Prolifération des rats

Dans le quartier d'Ankasina où vivait la jeune femme de 21 ans, les habitants restent incrédules. "On vit ici depuis 1975, avec les mêmes conditions de vie, alors pourquoi c'est aujourd'hui qu'on a la peste?", s'interroge Bernadette Rasoarimanana, la mère de la victime. "On doit l'admettre, notre quartier est vraiment sale et délaissé par l'Etat, envahi par les rats, et cela depuis longtemps", soupire Adolphe Rakotojaona, un voisin.

Le dernier cas de peste dans la capitale remonte à dix ans, selon Christophe Rogier, directeur général de l'Institut Pasteur de Madagascar. "Il est possible que la peste ait continué à circuler à Antananarivo pendant dix ans, sans qu'elle ne touche les humains", avance-t-il. En revanche, les rats qui pullulent dans les bas quartiers de la ville ont pu continuer à être touchés par le virus. "Les rats sont des réservoirs naturels de la peste, il y a des rats qui survivent à la peste aussi!"

Autre problème, selon l'OMS: la résistance des puces à la Deltaméthrine, un insecticide. Le bacille de la peste, qui se développe chez les rats, est véhiculé par les puces. Chez l'homme, après piqûre d'une puce, la maladie se développe généralement sous forme bubonique. Si la bactérie atteint les poumons, elle provoque en plus une pneumonie et devient transmissible à travers la toux.

La peste pneumonique, très meurtrière

Découverte à temps, la peste bubonique se soigne avec des antibiotiques. Mais la forme pneumonique, une des maladies infectieuses les plus meurtrières, peut être fatale en seulement 24 heures. Pour l'heure, l'OMS "ne recommande aucune restriction aux voyages et au commerce" à Madagascar mais demande la mise en place d'indicateurs de risques pour les zones urbaines telles qu'Antananarivo. "Il y a eu pendant des années des surveillances qui ont été organisées mais, malheureusement, elles se sont arrêtées depuis 2006 ou 2007, faute de moyens financiers", déplore le directeur de l'Institut Pasteur.

Madagascar est un des pays les plus pauvres du monde. Plus de 90% des 22 millions d'habitants vit avec moins de deux dollars par jour. La Grande Île de l'Océan Indien sort de cinq ans d'une crise politique qui a considérablement affecté l'économie. 

A.S. avec AFP