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Madagascar: de retour, l'ex-président Ravalomanana aussitôt arrêté

L'ex-président de Madagascar Marc Ravalomanana accueilli par des supporters en rentrant à Antananarivo, le 13 octobre  2014.

L'ex-président de Madagascar Marc Ravalomanana accueilli par des supporters en rentrant à Antananarivo, le 13 octobre 2014. - Rijasolo - AFP

En exil en Afrique du sud depuis 2009, l'ex-président est apparu lundi sur le perron de son domicile, dans la capitale malgache. Très rapidement, Marc Ravalomanana a été emmené par des gendarmes. Il n'a pas été emprisonné mais "mis en sécurité", explique l'actuel président de Madagascar.

L'ancien président malgache Marc Ravalomanana, en exil en Afrique du Sud depuis qu'il avait été renversé en 2009, est rentré lundi dans son pays, prenant apparemment de court les autorités qui ont immédiatement envoyé les gendarmes le chercher. Après avoir eu le temps d'improviser un bref meeting et un point presse sur le perron de son domicile d'Antananarivo, la capitale, Marc Ravalomanana, a été escorté par des forces spéciales de la gendarmerie. Il n'a pas été "emprisonné" mais "mis en sécurité", explique lundi soir l'actuel président de Madagascar.

Apparition surprise

Une heure après cette apparition surprise au petit matin, sans que personne ne sache ni comment ni quand il a pu rentrer au pays, semble-t-il à l'insu du gouvernement, la route passant devant sa villa a été bouclée avant qu'une quarantaine de gendarmes d'élite ne fassent irruption pour l'arrêter.

"Ne me demandez pas comment j'ai fait pour arriver ici. Je suis venu tout seul", a eu le temps de déclarer aux médias Marc Ravalomanana, 64 ans, affirmant en avoir parlé avant avec la communauté internationale. "J'étais président en exercice quand j'ai quitté le pays, maintenant que je suis de retour, le peuple malgache sait ce qu'il a à faire", a-t-il lancé. Provocateur, il a ajouté à l'adresse de ses partisans: "Si quelqu'un vient ici pour procéder à des arrestations, il faut lui d'aller voir ailleurs. S'il insiste, dîtes lui d'envoyer le président (de la République), s'il y en a un ici". 

"Mis en sécurité" 

La réponse de l'actuel président, au pouvoir depuis le début de l'année, ne s'est pas fait attendre. Elle est tombée au journal de midi de la radio nationale: "Le régime actuel déclare qu'on ne lui a pas demandé son avis et qu'il n'est pas au courant du retour au pays de l'ancien président Marc Ravalomanana", a déclaré le directeur de cabinet du président Hery Rajaonarimampianina. Quelques instants plus tard, des tirs de gaz lacrymogènes éclataient devant la maison de Marc Ravalomanana, pour disperser la foule, et la gendarmerie donnait l'assaut, forçant un des portails en tirant sur la serrure. Après une fouille des lieux, les gendarmes sont ressortis avec l'ancien président "emmené maintenu par deux hommes cagoulés", selon l'entourage de Marc Ravalomanana.

Marc Ravalomanana a été "mis en sécurité" mais "pas arrêté", a affirmé lundi soir le président malgache Hery Rajaonarimampianina. "Monsieur Marc Ravalomanana n'a pas été arrêté. Il n'a pas été emprisonné. Il est mis en sécurité contre les menaces de toutes sortes", a déclaré le président, expliquant que la sécurité de l'ancien président et l'ordre public étaient en jeu.

Empêché plusieurs fois de revenir

Depuis 2009, Marc Ravalomanana été empêché à plusieurs reprises de revenir à Madagascar, par peur de débordements. La communauté internationale a aussi dû exercer d'extraordinaires pressions pour qu'il ne se présente pas à la présidentielle fin 2013, ni lui, ni son épouse, afin d'éviter de raviver les tensions dans la Grande Ile. Marc Ravalomanana a été condamné trois fois par contumace sous le régime d'Andry Rajoelina, l'ancien maire d'Antananarivo qui l'avait renversé et s'était installé au pouvoir. Il a notamment été condamné aux travaux forcés à perpétuité pour la mort de 36 partisans d'Andry Rajoelina abattus par sa garde le 7 février 2009, devant le palais présidentiel.

V.R. avec AFP