BFMTV
International

Love Parade : les avertissements ont été ignorés, dit un policier

A Duisbourg, une stèle en glace portant l'inscription "profond chagrin", à l'entrée du tunnel où s'est produit la bousculade qui a endeuillé samedi la "Love Parade" allemande, faisant 19 morts et plus de 500 blessés. Au surlendemain de cet accident, Raine

A Duisbourg, une stèle en glace portant l'inscription "profond chagrin", à l'entrée du tunnel où s'est produit la bousculade qui a endeuillé samedi la "Love Parade" allemande, faisant 19 morts et plus de 500 blessés. Au surlendemain de cet accident, Raine - -

par Erol Dogrudogan DUISBOURG, Allemagne (Reuters) - Les autorités municipales n'ont pas tenu compte des alertes de la police sur les dangers liés à...

par Erol Dogrudogan

DUISBOURG, Allemagne (Reuters) - Les autorités municipales n'ont pas tenu compte des alertes de la police sur les dangers liés à l'organisation d'une Love Parade à Duisbourg, a dit lundi le chef du syndicat de la police allemande, après la bousculade qui a fait 19 morts et plus de 500 blessés.

La chancelière Angela Merkel attend de l'enquête qu'elle soit minutieuse et approfondie, a dit son porte-parole, Ulrich Wilhelm, à Berlin. Le drame, samedi, a stupéfié l'opinion publique allemande, peu coutumière de telles tragédies.

Les autorités ont précisé que l'on dénombrait 511 blessés, dont 43 sont dans un état grave et un est dans un état critique.

"La ville et les organisateurs sont responsables", a déclaré Rainer Wendt, officier de police et dirigeant du syndicat national des forces de police. "Je les avais mis en garde il y a un an, en disant que Duisbourg n'était pas un lieu approprié pour une Love Parade. On y est trop à l'étroit, trop gêné".

La Love Parade, festival de musique techno, a connu sa première édition en 1989 à Berlin, dont l'agglomération compte 3,4 millions d'habitants. La manifestation s'y est tenue dans un vaste parc du centre, Tier Garten, jusqu'en 2006. Duisbourg, par comparaison, a une population de 500.000 habitants.

Six étrangers, de nationalités espagnole, bosniaque, néerlandaise, australienne, italienne et chinoise, figurent parmi les personnes qui ont péri dans la bousculade survenue dans un tunnel situé sur le périmètre de la Love Parade, une ancienne gare de fret.

Rainer Wendt, qui est originaire de Duisbourg et qui, en tant que dirigeant d'un syndicat regroupant 170.000 adhérents, jouit d'une grande influence, assure que ses avertissements ont été ignorés par la municipalité. Bochum, ville d'environ la même taille, avait quant à elle tenu compte de l'avis de la police en 2009 et annulé la Love Parade qui devait s'y tenir.

"A Bochum, il n'y a pas eu de Love Parade en 2009 parce que la municipalité a pris en compte nos inquiétudes quant à la sécurité. A Duisbourg, ils n'ont pas écouté", ajoute Wendt, selon lequel "le maire a subi d'intenses pressions."

TOUJOURS PAS D'EXPLICATION PRÉCISE

Les enquêteurs envisagent d'éventuelles inculpations pour homicide involontaire et négligence. Le procureur fédéral de Duisbourg, Rolf Haferkamp, a fait savoir qu'il examinerait les mesures de sécurité qui étaient en vigueur pendant la Love Parade et tenterait de déterminer pourquoi un événement qui devait accueillir 250.000 personnes en a au bout du compte accueilli, selon les estimations, 500.000 à un million.

"Nous allons devoir nous pencher de près sur cette question, mais il est trop tôt pour dire si telle ou telle personne sera tenue responsable", a dit Rolf Haferkamp à la chaîne de télévision N-24, en ajoutant que l'enquête durerait des semaines, voire plusieurs mois.

"Nous entendrons des témoins, nous examinerons des photos et des documents vidéo, et nous avons beaucoup de documents à passer au crible", a-t-il dit.

Le maire de Duisbourg, Adolf Sauerland, qui a dû être protégé de certaines personnes en colère lorsqu'il s'est rendu dimanche sur les lieux du drame, a fait savoir que la municipalité coopérait avec les procureurs.

"Toute la ville est en deuil. Nous contribuerons à faire la lumière sur ce qui s'est passé. Nous avions fait tout ce que nous pouvions pour que cela se passe dans la sécurité", a-t-il dit à la station de radio WDR.

Les autorités ne sont pas en mesure d'expliquer comment, exactement, s'est produite la tragédie, à proximité d'un tunnel qui menait au lieu où se déroulait le festival. La majeure partie des victimes ont trouvé la mort sur la rampe d'accès au tunnel mais aucune n'a péri dans le tunnel, selon les autorités.

"Rarement autant d'experts avaient mis en garde contre le risque d'organiser une telle manifestation dans un lieu aussi inapproprié", écrit Ulrich Becker, l'éditorialiste du journal populaire Bild. "Pourquoi personne ne les a-t-il écoutés?"

Le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung affirme de son côté: "Ce qui fait de ce drame un tel scandale, c'est que tout le monde avait été averti - la municipalité, la police, les organisateurs et les consultants".

Eric Faye et Nicole Dupont pour le service français, édité par Gilles Trequesser