Loukachenko réélu en Biélorussie, répression contre l'opposition

par Andreï Makhovsky et Lidia Kelly

MINSK (Reuters) - Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a été élu pour un quatrième mandat lundi au terme d'un scrutin dénoncé comme frauduleux par l'opposition.

Selon la commission électorale, le candidat sortant a obtenu 79,7% des suffrages après le décompte de la totalité des bulletins de vote avec un taux de participation qui serait supérieur à 90%.

L'opposition a dénoncé des élections truquées et a manifesté pour demander le départ du président en exercice.

La police est intervenue pour disperser à coups de matraques des milliers de personnes réunies dans le centre de Minsk dimanche soir et a procédé à l'arrestation de plusieurs dirigeants de l'opposition.

Plus de 10.000 manifestants ont défilé dans les rues enneigées de la capitale alors que les opérations de vote s'achevaient et que l'institut de sondage pro-gouvernemental prédisait une très large victoire de Loukachenko, au pouvoir depuis 1994.

Pendant plus de deux heures, les manifestants conduits par le candidat de l'opposition, Andreï Sannikov, se sont massés sur la place de l'Indépendance en chantant des slogans hostiles au chef de l'Etat sortant.

Les forces de police antiémeutes sont intervenues en faisant usage de leurs matraques, a rapporté un journaliste de Reuters sur place. Plusieurs manifestants ont lancé des pierres et des boules de neige en direction des policiers.

"MEILLEURES" CONDITIONS QU'EN 2006

Plusieurs personnes ont été vues allongées sur le sol, y compris une femme âgée, touchée à la tête. Un proche de Sannikov a déclaré qu'il pensait que le chef de file de l'opposition avait été arrêté. Deux autres candidats de l'opposition auraient également été appréhendés.

Un autre candidat de l'opposition, Vladimir Nekliaïev, a été hospitalisé dimanche avec une blessure à la tête après que la police a dispersé un groupe de ses partisans qui tentaient de rejoindre une manifestation sur la place d'Octobre dans le centre de la capitale.

Des membres des forces de sécurité, vêtus de noir, ont tiré des coups de semonce en l'air et ont fait usage de grenades paralysantes pour disperser les supporters de Nekliaïev.

L'Union européenne suit avec attention ce scrutin et le président du parlement européen, Jerzy Buzek, a estimé que ces actions contre les défenseurs de Nekliaïev étaient inacceptables.

"Cette lâche attaque contre un candidat sans défense à la présidence de la Biélorussie est honteuse et indigne", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Avant la fermeture des bureaux de vote, le chef des 400 observateurs de l'Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE) a déclaré à la presse que le scrutin de dimanche s'était déroulé dans de "meilleures" conditions que celui de 2006.

Contrairement à ce qu'ils avaient fait en 2006, les groupes d'opposition n'avaient pas choisi de candidat unique et neuf candidats étaient en lice face à Loukachenko.

Les opposants les plus résolus à Loukachenko, comme le mouvement Govori Pravdou (Dites la vérité), de Vladimir Nekliaïev, et les Nationalistes biélorusses avaient appelé leurs partisans à manifester dimanche soir place d'Octobre, dans le centre de la capitale, pour protester contre ce qu'ils estiment être des fraudes massives.

A la précédente présidentielle en 2006, Loukachenko avait dépassé les 80%.

Pierre Sérisier pour le service français