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Londres en accusation à la conférence sur le cyberespace

Le chef de la diplomatie britannique, William Hague, à Londres. A l'ouverture d'une conférence sur le cyberespace organisée à Londres, la Grande-Bretagne a rejeté mardi des appels de la Chine et de la Russie en faveur de contrôles plus stricts sur interne

Le chef de la diplomatie britannique, William Hague, à Londres. A l'ouverture d'une conférence sur le cyberespace organisée à Londres, la Grande-Bretagne a rejeté mardi des appels de la Chine et de la Russie en faveur de contrôles plus stricts sur interne - -

par Adrian Croft et Georgina Prodhan LONDRES (Reuters) - A l'ouverture d'une conférence sur le cyberespace organisée à Londres, la Grande-Bretagne...

par Adrian Croft et Georgina Prodhan

LONDRES (Reuters) - A l'ouverture d'une conférence sur le cyberespace organisée à Londres, la Grande-Bretagne a rejeté mardi des appels de la Chine et de la Russie en faveur de contrôles plus stricts sur internet, mais s'est vu reprocher d'avoir envisagé de brider les réseaux sociaux après les émeutes de l'été.

Ministres, dirigeants de l'industrie technologique et défenseurs d'internet sont réunis 48 heures pour discuter des moyens de combattre les atteintes à la sécurité et la criminalité sur le réseau mondial sans limiter les perspectives économiques et la liberté d'expression.

Si les pays occidentaux s'inquiètent des violations des droits d'auteur et du téléchargement illégal, les gouvernements autoritaires comme ceux de la Chine et de la Russie ont observé avant autant de préoccupation le rôle qu'internet et les réseaux sociaux jouaient dans le "printemps arabe".

"Des Etats trop nombreux tentent d'aller au-delà d'une ingérence légitime ou sont en désaccord avec nous sur ce qui constitue un comportement 'légitime'", a dit aux participants le chef de la diplomatie britannique, William Hague.

"Nous avons constaté en Tunisie, en Egypte et en Libye qu'on ne créait pas de stabilité et qu'on n'apaisait pas les griefs en coupant internet, en fermant Facebook, en brouillant Al Djazira, en intimidant les journalistes et en emprisonnant les blogueurs (...) On ne met pas l'idée de liberté sous les verrous, aussi puissants soient-ils."

ACCORD IMPROBABLE DANS L'IMMÉDIAT

En septembre, la Chine, la Russie, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan avaient proposé à l'Onu un code de conduite mondial centré sur le principe que "le contrôle des questions publiques sur internet relève du droit souverain des Etats".

Mais un groupe anticensure a accusé les gouvernements occidentaux de faire deux poids, deux mesures, en notant que le Premier ministre britannique David Cameron avait brièvement envisagé de restreindre les réseaux sociaux après les émeutes qui ont secoué plusieurs villes britanniques en août.

"Il est très facile de plaider cette cause des droits de l'homme en noir et blanc contre les dictatures à travers le monde, mais sitôt que notre stabilité nationale à l'occidentale est mise en question, la liberté d'expression devient superflue. Il devrait y avoir une règle pour tous, gouvernements occidentaux compris", a déclaré aux participants John Kampfner, directeur d'Index on Censorship.

A l'occasion de la conférence de Londres, les pays occidentaux espèrent reprendre l'initiative dans le débat, déclarent des experts de la cybersécurité.

"L'ordre du jour est si large et le sujet si vaste qu'il ne faut pas vous attendre à ce qu'on en vienne à bout à cette conférence", a dit le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt en estimant qu'un accord international d'une forme ou d'une autre se ferait jour avec le temps.

"Nous allons tous être si dépendants des réseaux sociaux du monde (...) que nous aurons besoin de normes mondiales."

TERRAINS D'ENTENTE

Des représentants d'une soixantaine de pays dont la Chine, la Russie et l'Inde, prennent part à la conférence ainsi que des personnalités de l'internet comme Jimmy Wales, fondateur de Wikipedia, et Joanna Shields, responsable de Facebook.

Wales a déclaré que beaucoup de tentatives actuelles pour réguler le flot des informations en ligne relevaient d'une "mauvaise législation". Il se référait notamment aux "superinjonctions" de la justice britannique dont se sont prévalues des célébrités pour empêcher l'examen de faits embarrassants pour elles.

"Nous observons sans cesse des lois de cette nature, a-t-il dit. Il y a peut-être mieux à faire que de s'appuyer sur un contrôle gouvernemental."

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a annulé son déplacement en raison de l'état de santé de sa mère - qui est décédée ce mardi à Washington. Le vice-président Joe Biden doit lire par téléconférence le discours qu'elle était censée prononcer à Londres, indique-t-on de source autorisée.

La lutte contre la criminalité et la pédopornographie est en revanche un domaine où les chances de coopération internationale sont plus sûres.

Une séance à huis clos doit être consacrée aux menaces pesant sur la sécurité internationale, l'une des questions qui mobilise le plus l'attention sur internet.

La veille de la conférence, le chef de l'agence britannique de surveillance du réseau a signalé un nombre "préoccupant" d'attaques informatiques, dont un assaut grave contre les services du Foreign Office.

Avec Peter Apps et Michael Hoden, Pierre Sérisier et Philippe Bas-Rabérin pour le service français, édité par Jean-Philippe