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Les violences continuent en Syrie, La Ligue veut une enquête

Alors que Kofi Annan poursuit à Ankara sa mission de bons offices et attend pour ce mardi soir la réponse de Damas à ses "propositions concrètes" visant à faire retomber la tension, les forces syriennes ont tué mardi des dizaines de personnes aux abords d

Alors que Kofi Annan poursuit à Ankara sa mission de bons offices et attend pour ce mardi soir la réponse de Damas à ses "propositions concrètes" visant à faire retomber la tension, les forces syriennes ont tué mardi des dizaines de personnes aux abords d - -

par Oliver Holmes et Erika Solomon BEYROUTH (Reuters) - Les forces syriennes ont tué mardi des dizaines de personnes aux abords d'une mosquée de la...

par Oliver Holmes et Erika Solomon

BEYROUTH (Reuters) - Les forces syriennes ont tué mardi des dizaines de personnes aux abords d'une mosquée de la ville d'Idlib, près de la frontière turque, ont rapporté des opposants armés.

Dans le même secteur ainsi qu'à Deraa, des insurgés ont tué 22 soldats gouvernementaux.

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Elarabi, a réclamé l'ouverture d'une enquête internationale sur les tueries de civils en Syrie, qui équivalent selon lui à des crimes contre l'humanité.

"Il doit y avoir une enquête internationale neutre pour faire la lumière sur ce qui se passe, identifier les responsables de ces crimes et les traduire devant la justice", a-t-il dit.

"A propos des tueries, de l'élimination horrible de familles entières, parmi lesquelles des femmes, des enfants et des personnes âgées, l'on peut parler de crimes contre l'humanité", a ajouté Nabil Elarabi.

Kofi Annan, émissaire de l'Onu et de la Ligue arabe sur la Syrie, poursuit à Ankara sa mission de bons offices et attend pour ce mardi soir la réponse de Damas à ses "propositions concrètes" visant à faire retomber la tension.

Sur le front politique, le président Bachar al Assad a fixé au 7 mai la date des prochaines élections législatives, conformément à la nouvelle Constitution adoptée en février par référendum et instituant le pluralisme politique.

Si la Russie et la Chine ont salué ces promesses de réformes, le département d'Etat américain en a fait peu de cas. "Des élections législatives pour élire une chambre d'enregistrement au milieu de cette violence que nous voyons dans tout le pays? C'est ridicule", a déclaré la porte-parole Victoria Nuland.

EMBUSCADE

Sur le terrain, la province d'Idlib est devenue un sanctuaire pour les insurgés, ce qui provoque des représailles de l'armée régulière.

D'après un militant de la ville d'Idlib joint par téléphone, l'armée a tué en deux jours plus de 20 personnes qui tentaient de fuir et jeté leurs corps dans la mosquée d'Al Bilal. Des riverains venus les inspecter ont été également mitraillés, portant le bilan total des victimes à plus de 50, selon cette source. Un autre activiste contacté par Reuters a confirmé ces décès.

"Lorsque des habitants du voisinage sont arrivés ce matin, les forces de sécurité ont commencé à leur tirer dessus. Au total, quelque 45 personnes ont été massacrées", a raconté cet homme qui, comme beaucoup de ses compatriotes, n'a donné que son prénom, Mohammed, par crainte de représailles.

D'après des militants, six autres corps ont été retrouvés au village voisin de Maarat Chourine.

Des déserteurs de l'armée ont par ailleurs tendu une embuscade dans la région d'Idlib, tuant au moins 10 militaires, tandis que 12 membres des forces loyales au chef de l'Etat ont été abattus par des insurgés à Deraa, ville du Sud d'où est partie la révolte contre le régime Assad il y a un an, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Alors que l'exode des réfugiés et déplacés fuyant les violences s'accélère, l'ONG Human Rights Watch (HRW) affirme que l'armée syrienne a posé des mines non loin des frontières turque et libanaise ainsi que le long des axes routiers empruntés par les civils fuyant le chaos.

"L'utilisation de mines antipersonnel est déraisonnable", a déclaré Steve Goose, directeur de la branche Armes de HRW.

Des affrontements sont aussi signalés à Daïr az Zour, dans l'est de la Syrie, ainsi qu'à Homs, autre bastion historique de l'insurrection et troisième ville du pays.

Les informations en provenance de Syrie sont impossibles à vérifier de façon indépendante, les autorités ayant déclaré depuis longtemps persona non grata la presse et les ONG de défense des droits de l'homme.

Les Nations unies ont porté à 8.000 le bilan des morts depuis le début du soulèvement et l'agence onusienne pour les réfugiés a annoncé mardi que près de 230.000 Syriens avaient fui leur domicile au cours des douze derniers mois, dont 30.000 ont déjà quitté le pays.

L'OPPOSITION BOYCOTTERA LE SCRUTIN

A Ankara, où il se trouve après ses entretiens du week-end à Damas, Kofi Annan a eu des contacts avec des responsables du Conseil national syrien (CNS, opposition en exil).

"Je m'attends à recevoir aujourd'hui des nouvelles des autorités syriennes à propos des propositions concrètes que je leur ai demandé d'étudier", a déclaré le diplomate ghanéen lors d'une conférence de presse. "Une fois que j'aurai leur réponse, nous aviserons comment réagir".

Kofi Annan n'a pas dit mot sur le contenu de ses "propositions" mais d'après une source diplomatique il a déclaré à Bachar al Assad qu'il souhaitait un arrêt immédiat des hostilités, un accès humanitaire aux zones de conflit et l'ouverture d'un dialogue politique.

Le président du CNS, Bouhran Ghalioune, a déclaré que l'objectif était d'obtenir une solution politique et diplomatique, faute de quoi des gouvernements étrangers mettront à exécution leurs promesses d'armer les rebelles.

Le CNS reste pourtant divisé, comme le montrent les démissions récentes de certains membres. "Le groupe est en plein chaos et ne sait pas clairement quoi faire à présent", a déclaré Haitham al Maleh, opposant de longue date qui a quitté le CNS fin février.

Deux pays sunnites - Arabie saoudite et Qatar - ont demandé que des armes soient livrées aux opposants de Bachar al Assad.

Ces derniers ont immédiatement annoncé qu'ils boycotteraient le scrutin législatif annoncé pour le 7 mai et présenté par le pouvoir comme une réponse politique au mouvement de contestation.

Jean-Loup Fiévet, Eric Faye et Hélène Duvigneau pour le service français