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Les Turcs aux urnes pour des élections législatives

Dans un bureau de vote à Istanbul. Les électeurs turcs se rendent aux urnes ce dimanche pour un scrutin législatif qui devrait accorder un troisième mandat au Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et lui donner l'occasion d'amender la Constitution. /Photo

Dans un bureau de vote à Istanbul. Les électeurs turcs se rendent aux urnes ce dimanche pour un scrutin législatif qui devrait accorder un troisième mandat au Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et lui donner l'occasion d'amender la Constitution. /Photo - -

Les électeurs turcs se rendent aux urnes ce dimanche pour un scrutin législatif qui devrait accorder un troisième mandat au Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et lui donner l'occasion d'amender la Constitution.

Le Parti de la Justice et du Développement (AKP), au pouvoir depuis 2002, est promis à obtenir la majorité absolue au Parlement pour la troisième fois consécutive. Son succès s'appuie sur l'essor de l'économie turque et sur les mutations de la société, particulièrement sur les questions liées à la place de l'islam et à la laïcité.

La seule incertitude porte sur l'ampleur de sa victoire, dont dépendra l'avenir de la Turquie, pays de 74 millions d'habitants que Recep Tayyip Erdogan, à 57 ans, a déjà considérablement transformé en près de dix années de pouvoir.

Les bureaux de vote ouvriront à 07h00 (04h00 GMT) dans l'Est et à 08h00 (05h00 GMT) dans l'Ouest. Ils fermeront entre 16h00 et 17h00. Les premiers résultats sont attendus vers 21h00 (18h00 GMT).

S'il est reconduit, ce dont personne ne doute, le Premier ministre entend modifier la Loi fondamentale élaborée en 1982 à la suite du coup d'Etat militaire de 1980.

Erdogan assure que la nouvelle Constitution s'appuiera sur des principes démocratiques et pluralistes, mais ses détracteurs dénoncent ses tendances autocratiques et lui prêtent l'ambition de se hisser plus tard au poste de chef de l'Etat dans le cadre d'un système présidentiel renforcé.

Les opposants critiquent aussi l'usage répandu des mises sur écoute, la détention de journalistes critiques, la corruption et un fossé croissant entre riches et pauvres.

"N'oubliez pas que la stabilité promise par Erdogan pour la Turquie, c'est l'enrichissement de ses sympathisants et la pauvreté pour le reste de la population", a déclaré Kemal Kilicdaroglu, chef de file du principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, centre gauche), samedi lors d'une réunion électorale en Anatolie centrale. "C'est ce qu'il entend par stabilité."

CONSENSUS

L'AKP, parti conservateur créé à partir d'une formation islamiste interdite à la fin des années 1990, détient 331 des 550 sièges du Parlement sortant et les sondages suggèrent un score semblable, voire plus élevé.

Le parti a besoin d'au moins 330 élus pour organiser un référendum sur une modification de la Constitution. S'il obtient une majorité des deux tiers (366), un référendum ne serait plus requis.

"L'enjeu de ces élections n'est pas de savoir qui gagnera, mais si l'AKP obtiendra une majorité suffisamment solide pour réécrire la constitution", résume Sinan Ulgen, du Centre d'études économiques et de politique étrangère basé à Istanbul.

Quinze partis concourent à ces élections pour 7.695 candidats, y compris les indépendants.

Pour obtenir une représentation au Parlement, un parti doit obtenir au moins 10% des voix sur le plan national. Ce seuil, l'un des plus élevés au monde, empêche beaucoup de petites formations d'avoir des députés.

Certains, comme le parti pro-kurde Paix et Démocratie (BDP), contournent la difficulté en présentant des candidats indépendants, qui peuvent ensuite les représenter au Parlement s'ils sont élus.

Outre l'AKP et le CHP, seul le parti du Mouvement nationaliste (MHP) peut espérer dépasser le seuil des 10%, indiquent les instituts de sondage.

Par Simon Cameron-Moore et Ibon Villelabeitia

Bertrand Boucey et Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Henri-Pierre André

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