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Les Tunisiens aux urnes pour des législatives cruciales

Deux employés préparent des paquets pour envoi dans les bureaux de vote en prévision des élections législatives du lendemain.

Deux employés préparent des paquets pour envoi dans les bureaux de vote en prévision des élections législatives du lendemain. - Fethi Belaid - AFP

Dernier espoir de la réussite d'une transition démocratique après les Printemps arabes, la Tunisie vote pour élire ses députés.

Les Tunisiens se rendaient aux urnes dimanche pour leurs premières législatives depuis la révolution, un scrutin clé pour la transition démocratique du pays et sous haute sécurité de craintes d'attaques jihadistes.

En octobre 2011, l'élection de l'assemblée constituante, remportée par les islamistes d'Ennahda, avait été le premier scrutin libre de l'histoire du pays mais le vote de dimanche est crucial car il doit enfin doter la Tunisie d'institutions pérennes près de quatre ans après le soulèvement de janvier 2011 qui donna le coup d'envoi au Printemps arabe.

A 7 heures (6 heures GMT), les premiers Tunisiens sont entrés dans leurs bureaux de vote pour glisser un bulletin dans l'urne. Près de 5,3 millions d'électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour choisir les 217 députés qui les représenteront pendant cinq ans et qui auront la tâche de former la majorité devant gouverner.

Malgré l'heure matinale, de longues queues de dizaines de personnes se sont formées dans les minutes précédent le début du scrutin devant plusieurs bureaux de vote de Tunis. 

Les islamistes favoris

La nouvelle Constitution, adoptée en janvier, accorde de larges pouvoirs au Parlement et au gouvernement, et des prérogatives restreintes au chef de l'Etat. La présidentielle est prévue le 23 novembre.

Selon les analystes, deux partis partent favoris: Ennahda, au pouvoir de début 2012 à début 2014, et leurs principaux détracteurs de Nidaa Tounès, une formation hétéroclite rassemblant aussi bien des anciens opposants au dictateur déchu Zine El Abidine Ben Ali que des caciques de son régime. Le mode de scrutin -- la proportionnelle au plus fort reste-- favorisant les petites formations, les principales forces politiques ont d'ores et déjà souligné qu'aucun parti n'aura de majorité pour gouverner seul.

Ennahda, qui a dû quitter le pouvoir début 2014 à l'issue d'une année 2013 marquée par une crise politique, l'assassinat de deux de ses opposants et des attaques jihadistes, a assuré vouloir former un cabinet consensuel, se disant même prêt à une alliance de circonstance avec Nidaa Tounès. Ce discours d'ouverture était d'ailleurs l'un des principaux axes de sa campagne.

Un scrutin sous surveillance

Quelque 80.000 policiers et militaires ont été déployés, selon les autorités, pour assurer la sécurité du scrutin, notamment en raison de craintes d'attaques jihadistes. La Tunisie fait figure de dernier espoir de transition démocratique réussie parmi les pays du Printemps arabe qui pour l'essentiel ont basculé dans le chaos ou la répression. 

"J'appelle tous les Tunisiens à voter massivement car c'est un jour très important pour l'histoire politique de la Tunisie, et à ne pas avoir peur des menaces car les terroristes ont cet objectif d'empêcher les élections, la création d'une démocratie, d'un Etat de droit", a martelé samedi le ministre de la Défense, Ghazi Jeribi.

Des accrochages avec des jihadistes ont fait depuis 2011 des dizaines de morts dans les rangs de l'armée et de la police. Vendredi, après un siège de plus de 24 heures, les forces tunisiennes ont tué dans une maison de la banlieue de Tunis six membres présumés d'un groupe armé, dont cinq femmes

D. N. avec AFP