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Les Syriens appelés à voter dans un climat de violences

Dans un bureau de vote à Damas. Les Syriens étaient appelés à se prononcer par référendum sur une nouvelle constitution qui pourrait permettre au président Bachar al Assad de rester au pouvoir jusqu'en 2028, dimanche, alors que les affrontements se sont p

Dans un bureau de vote à Damas. Les Syriens étaient appelés à se prononcer par référendum sur une nouvelle constitution qui pourrait permettre au président Bachar al Assad de rester au pouvoir jusqu'en 2028, dimanche, alors que les affrontements se sont p - -

par Erika Solomon BEYROUTH (Reuters) - Les Syriens sont appelés dimanche à se prononcer par référendum sur une nouvelle constitution, une...

par Erika Solomon

BEYROUTH (Reuters) - Les Syriens sont appelés dimanche à se prononcer par référendum sur une nouvelle constitution, une consultation populaire qualifiée de farce par l'opposition alors que la répression du mouvement de contestation du régime du président Bachar al Assad s'intensifie.

Pour la quatrième semaine consécutive, le quartier de Bab Amro à Homs, foyer de la contestation, a été bombardé par les forces syriennes, faisant une quarantaine de victimes dans cette ville du centre du pays pour la seule journée de samedi selon l'opposition.

"Personne ne va aller voter. C'est une constitution rédigée pour plaire à Bachar (al Assad) et pendant ce temps on nous bombarde et on nous tue", dénonce Omar, un militant de l'opposition présent à Homs et joint par Skype.

"Plus de 40 personnes ont été tuées aujourd'hui et vous voulez qu'on aille voter dans le cadre du référendum ? Personne ne va aller voter."

Les négociations entre les autorités syriennes, l'opposition, le comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Croissant Rouge pour parvenir à l'évacuation des blessés à Homs se sont soldées par un échec, a indiqué samedi soir le porte-parole du CICR, Hisham Hassan.

"Nous allons continuer à négocier avec les autorités et l'opposition dans l'espoir de pouvoir entrer demain (dimanche) dans Bab Amro afin de mener des opérations d'urgence", a-t-il dit.

La journaliste française Edith Bouvier et le photographe britannique Paul Conroy, blessés cette semaine lors du bombardement d'un centre de presse improvisé, se trouvent toujours à Bab Amro où de nombreux civils sont pris au piège des bombardements.

"Nous avons des centaines de blessés entassés dans des habitations", indique un militant, Nader Husseini. "Les gens meurent parce que l'on manque de sang et que nous n'avons pas les moyens de les soigner tous."

BOYCOTT

Confronté depuis près d'un an à des manifestations antigouvernementales, Bachar al Assad s'est engagé à organiser des élections législatives dans un délai de trois mois si la constitution est adoptée lors du référendum.

Le nouveau texte supprime un article qui stipule que le parti Baas est le dirigeant de l'Etat et de la société, ouvrant la voie au pluralisme politique et limitant à deux le nombre de mandat présidentiel.

Les militants ont d'ores et déjà appelé au boycott du référendum et prévoient de manifester près des bureaux de vote et de brûler des copies de la nouvelle constitution.

La télévision d'Etat a diffusé des images montrant les préparatifs du vote et des électeurs affichant leur intention de voter oui, au nom de l'intérêt national.

Au moins 100 personnes ont été tuées dans les violences samedi à travers la Syrie, dont 44 à Homs et ses environs, selon le réseau syrien pour les droits de l'homme.

Le Croissant-Rouge syrien a évacué vendredi 27 blessés de Bab Amro, selon le CICR.

Lors de la réunion des "Amis de la Syrie" qui s'est tenue vendredi à Tunis, la Ligue arabe a réclamé l'adoption d'une résolution du Conseil de sécurité de l'Onu appelant à un cessez-le-feu, le Qatar a plaidé pour la constitution d'une "force arabe" et l'Arabie Saoudite a soutenu l'idée d'armer les insurgés.

Les autorités syriennes ont condamné l'ensemble des communiqués émis par les participants à la réunion de Tunis, qualifiée de rencontre des "ennemis de la Syrie", a indiqué la télévision d'Etat samedi.

La diplomatie est dans l'impasse au Conseil de sécurité des Nations unies, où la Russie et la Chine ont opposé à deux reprises leurs vetos aux projets de résolution condamnant la répression en Syrie.

Marine Pennetier pour le service français