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Les Rohingyas, l'un des peuples les plus persécutés au monde

Des Rohingyas de Birmanie fuient l'Etat de Rakhine vers le Bangladesh le 4 septembre 2017

Des Rohingyas de Birmanie fuient l'Etat de Rakhine vers le Bangladesh le 4 septembre 2017 - K.M. ASAD / AFP

Communauté apatride de près de 1,3 million de personnes, les Rohingyas sont considérés par l'ONU comme l'un des peuples les plus persécutés au monde.

Les Rohingyas de Birmanie sont toujours plus nombreux à fuir vers le Bangladesh. Depuis dix jours, ils sont près de 87.000 à être entrés dans ce pays voisin, selon l'ONU. À la frontière, quelque 20.000 personnes, dont de nombreux enfants, sont elles encore coincées dans l'attente d'être autorisées à la franchir.

Les violences ont repris le 25 août avec l'attaque d'une trentaine de postes de police par les rebelles de l'Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA), qui dit vouloir défendre les droits bafoués de cette minorité musulmane. 

Depuis, l'armée birmane a lancé une vaste opération dans cette région pauvre et reculé, l'Etat Rakhine, poussant des dizaines de milliers de personnes sur les routes. En dix jours, selon l'armée birmane, 400 personnes sont mortes, dont près de 370 "terroristes" rohinyas.

Une minorité apatride 

Ces violences interethniques entre la majorité bouddhiste et la minorité musulmane sont fréquentes depuis plusieurs années dans cette région à l'ouest du pays. Et pour cause, depuis 1982, les Rohingyas ne sont plus officiellement birmans. Cette année-là, une loi sur la nationalité spécifiait en effet que seuls les groupes ethniques apportant la preuve de leur présence sur le territoire avant 1823 (soit avant la première guerre anglo-birmane qui a mené à la colonisation), peuvent obtenir la nationalité. Sauf que pour la Birmanie, les Rohingyas n'en font pas partie.

Apatride, cette minorité musulmane est ainsi visée par de nombreuses campagnes de haine et vit entassée dans des camps de fortune, sans accès aux écoles, aux hôpitaux et au marché du travail. Selon l'Organisation des Nations unies, il s'agit de "l'une des ethnies les plus persécutées du monde"

Le mot "Rohingya" tabou 

Aujourd'hui encore, les autorités birmanes, au premier rang desquelles la chef du gouvernement Aung San Suu Kyi, considèrent le million de Rohingyas vivant en Birmanie comme des immigrés illégaux du Bangladesh voisin, même s'ils vivent en Birmanie depuis des générations.

Le mot même de "Rohingya" est tabou en Birmanie, où on parle de "Bangladais". À tel point qu'il a été annoncé en début que le service birman de la BBC ne pourra plus émettre en Birmanie en raison de l'emploi du mot "rohingya" dans les programmes d'informations. 

Aung San Suu Kyi au cœur des critiques 

Depuis le début de la crise liée aux attaques de fin août, les réseaux sociaux se sont enflammés, notamment contre les médias internationaux mais aussi les ONG étrangères, accusés d'être pro-Rohingyas. Lundi, c'est la jeune prix Nobel de la paix Malala Yousafzai qui a osé prendre la tête des protestations internationales en critiquant son homologue Aung San Suu Kyi pour sa gestion du drame des Rohingyas.

"Ces dernières années, je n'ai cessé de condamner le traitement honteux dont ils font l'objet. J'attends toujours de ma collègue prix Nobel Aung San Suu Kyi qu'elle en fasse de même", a-t-elle lancé sur son compte Twitter.

Aung San Suu Kyi, qui limite ses apparitions publiques au minimum depuis son arrivée à la tête du gouvernement début 2016 et ne parle quasiment jamais à la presse, a reçu lundi la chef de la diplomatie indonésienne, Retno Marsudi, dépêchée en Birmanie pour tenter de mettre fin aux violences.

Retno Marsudi a aussi rencontré le chef de la puissante armée, le général Min Aung Hlaing, qui continue à mener la danse, notamment en Etat Rakhine, malgré la fin officielle de la junte militaire.

M.P avec AFP