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Les résultats de la présidentielle en Haïti vont être vérifiés

A Port-au-Prince. Le conseil électoral haïtien va procéder à une vérification des résultats contestés du premier tour de l'élection présidentielle, à l'origine de violents incidents qui ont fait au moins quatre morts. /Photo prise le 9 décembre 2010/REUTE

A Port-au-Prince. Le conseil électoral haïtien va procéder à une vérification des résultats contestés du premier tour de l'élection présidentielle, à l'origine de violents incidents qui ont fait au moins quatre morts. /Photo prise le 9 décembre 2010/REUTE - -

par Joseph Guyler Delva PORT-AU-PRINCE (Reuters) - Le conseil électoral haïtien a annoncé jeudi qu'il allait procéder à une vérification des...

par Joseph Guyler Delva

PORT-AU-PRINCE (Reuters) - Le conseil électoral haïtien a annoncé jeudi qu'il allait procéder à une vérification des résultats contestés du premier tour de l'élection présidentielle, à l'origine de violents incidents qui ont fait au moins quatre morts.

Il s'agit de revoir de manière "rapide et exceptionnelle" les suffrages attribués aux trois candidats arrivés en tête le 28 novembre, Mirlande Manigat, Jude Célestin et Michel Martelly, afin de prendre en compte "le clair mécontentement de nombreux électeurs, les manifestations et les actes de violence", précise le conseil électoral provisoire dans un communiqué.

Ce réexamen sera confié à une commission spéciale à laquelle participeront notamment des observateurs internationaux, des représentants des trois candidats et des membres du conseil électoral.

Diffusés mardi par le Conseil électoral provisoire, les résultats préliminaires ont ouvert la voie à un second tour entre Mirlande Manigat, arrivée en tête avec 31,37% des voix, et Jude Célestin, candidat adoubé par le président sortant René Préval.

Mais Michel Martelly, chanteur populaire connu sous le nom de "Sweet Micky", conteste ces résultats qui le donnent à moins d'un point de Célestin (21,84% contre 22,48%) mais l'écartent d second tour.

Il accuse René Préval et Jude Célestin d'avoir truqué les résultats. Plusieurs milliers de ses partisans ont manifesté dans les rues de Port-au-Prince et d'autres villes du pays.

TIRS SIGNALÉS DANS UN CAMP DE RESCAPÉS

Jeudi, la situation s'est un peu calmée dans Port-au-Prince par rapport aux deux derniers jours, mais des partisans de Martelly ont continué de manifester et des barricades de pneus enflammés bloquaient toujours des rues.

Des témoins affirment en outre qu'une personne a été tuée et trois autres blessées par balles dans un camp de rescapés du tremblement de terre du 12 janvier, où une altercation venait d'éclater entre partisans de Célestin et de Martelly.

Les casques bleus indiens de la Minustah, la mission de stabilisation de l'Onu, ont renforcé le dispositif de sécurité autour du siège de la commission électorale.

Les Nations unies, les Etats-Unis et l'Union européenne ont émis de fortes réserves sur le déroulement du scrutin et sur les résultats communiqués mardi. Washington et Bruxelles soulignent notamment que les chiffres diffusés par le conseil électoral ne correspondent pas aux projections réalisées par des observateurs qui dessinaient un second tour entre Mirlande Manigat et Michel Martelly.

"C'est assurément positif", a réagi l'ambassadeur Colin Granderson, qui dirige la mission commune d'observation du scrutin de l'Organisation des Etats américains et de la Caricom, la communauté des Etats caribéens. "Il s'agit à l'évidence d'une réaction aux problèmes suscités par les résultats préliminaires", a-t-il ajouté.

Le second tour doit avoir lieu à la mi-janvier, sous réserve de confirmation. Le conseil électoral est censé pour sa part officialiser les résultats du premier tour le 20 décembre prochain.

"Les gens ne peuvent pas se déplacer, on ne peut pas aller travailler ou à l'école. Les magains sont fermés. Ils ont bloqué le pays, et des mesures sérieuses doivent être prises pour que nous puissions reprendre le cours de nos vies", confie Cinqetoile Jazze, un agent de sécurité de 35 ans rencontré dans Port-au-Prince.

Jean-Philippe Lefief et Henri-Pierre André pour le service français