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Les rebelles syriens encerclés dans leur bastion d'Alep

Membre de l'Armée libre syrienne dans le quartier de Salaheddine, à Alep. Les forces de Bachar al Assad encerclent les rebelles, qui commencent à manquer de munitions, dans ce bastion à l'entrée sud de la capitale économique de Syrie. /Photo prise le 7 ao

Membre de l'Armée libre syrienne dans le quartier de Salaheddine, à Alep. Les forces de Bachar al Assad encerclent les rebelles, qui commencent à manquer de munitions, dans ce bastion à l'entrée sud de la capitale économique de Syrie. /Photo prise le 7 ao - -

par Hadeel Al Shalchi ALEP, Syrie (Reuters) - Les insurgés d'Alep commencent à manquer de munitions, encerclés par les forces du président Bachar al...

par Hadeel Al Shalchi

ALEP, Syrie (Reuters) - Les insurgés d'Alep commencent à manquer de munitions, encerclés par les forces du président Bachar al Assad dans leur bastion de Salaheddine, mardi à l'entrée sud de la capitale économique de Syrie.

Les troupes gouvernementales se sont redéployées il y a une dizaine de jours autour de la métropole du Nord en prévision d'une reconquête des quartiers sous contrôle rebelle, après avoir repris l'essentiel de Damas, la capitale attaquée mi-juillet.

La défection spectaculaire du Premier ministre sunnite Ryad Hidjab, jusque-là dévoué au Parti Baas, a confirmé lundi l'isolement croissant d'un noyau dur autour du président mais ne devrait guère changer la donne sur le terrain.

Mardi matin à Alep, des obus de mortier et de char se sont abattus sur Salaheddine, théâtre de violents combats depuis une semaine, contraignant les rebelles à s'abriter dans des immeubles en ruine et des ruelles jonchées de gravats.

Des chars sont entrés dans certains secteurs et des tireurs se sont déployés sur les toits, entravant les mouvements des insurgés.

"L'armée syrienne essaie de nous prendre en tenaille", a déclaré cheikh Taoufik, un chef rebelle.

Selon un autre commandant insurgé, Abou Ali, des tireurs embusqués des forces gouvernementales ont pris position sur un rond-point stratégique et empêchent les rebelles de se ravitailler.

Les insurgés affirment toujours tenir les principales avenues du quartier situé au sud-ouest de la ville.

EFFONDREMENT DU RÉGIME ?

Les quartiers de l'est d'Alep ne sont pas épargnés, selon un militant de l'opposition qui a fait état de tirs d'artillerie et d'un raid mené par un avion de chasse.

"Deux familles, 14 personnes au total, auraient été tuées par un obus qui a provoqué l'effondrement de leur maison ce matin", a déclaré cet opposant. La maison était située selon lui à une rue d'une école réquisitionnée par les insurgés.

Malgré ses revers à Damas et Alep, l'opposition s'est réjouie de la fuite de Ryad Hidjab avec sa famille en Jordanie, qu'elle a expliqué avoir planifiée depuis des semaines.

La Maison blanche y a vu le signe d'un "effondrement du régime" et le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a estimé que cette défection confirmait "l'affaiblissement inéluctable du clan au pouvoir".

Les prédictions occidentales - ou turques - d'un effondrement imminent du régime issu de la minorité alaouite, une branche du chiisme, se sont cependant toujours révélées prématurées. Les alaouites représentent environ 10% de la population syrienne, à large majorité sunnite (60 à 70%).

"On enregistre des défections dans toutes les composantes du régime à l'exception de son noyau dur, qui n'a pas donné de signes de fracture", déclare Peter Harling, de l'International Crisis Group. "Le régime s'érode et perd ses strates périphériques depuis des mois, tout en se reformant autour d'une force combattante prête à tout", estime cet expert.

Les forces de sécurité syriennes ont une puissance de feu très supérieure à celle des rebelles et leurs opérations de contre-offensive à Damas et Alep à l'aide de chars et d'hélicoptères ont été dévastatrices.

ÉMISSAIRES IRANIENS

D'abord un soulèvement pacifique à la mi-mars 2011 dans le sillage des révolutions tunisienne ou égyptienne, la crise syrienne s'est transformée en conflit armé. Les violences ont fait plus de 18.000 morts en dix-sept mois.

L'insurrection semble tourner à une guerre par procuration opposant rebelles soutenus par la Turquie et les puissances sunnites du Golfe, Arabie saoudite et Qatar, et le gouvernement de Damas soutenu par l'Iran chiite.

Bachar al Assad devait rencontrer mardi le secrétaire du conseil suprême de sécurité nationale d'Iran, Saeed Jalili, selon les médias officiels de Téhéran. Jalili représente le guide suprême de la révolution Ali Khamenei, qui a le dernier mot en matière de politique étrangère. Il est également le négociateur en chef sur le dossier nucléaire iranien.

Le chef de la diplomatie iranienne, Ali Akbar Salehi, est de son côté attendu en Turquie.

Les discussions devraient porter notamment sur le sort d'une quarantaine d'Iraniens enlevés samedi à Damas. Les rebelles les soupçonnent d'être des gardiens de la Révolution, Téhéran affirme que ce sont des pèlerins.

L'Iran envisage par ailleurs d'organiser jeudi une réunion entre les pays ayant une approche "réaliste" du dossier syrien.

Le Quai d'Orsay a confirmé de son côté que Laurent Fabius se rendrait du 15 au 17 août en Jordanie, au Liban et en Turquie "dans le cadre des efforts de la France pour promouvoir une transition politique crédible et rapide en Syrie".

Plus de 1.300 personnes, dont un général de brigade, ont trouvé refuge en Turquie au cours de la nuit de lundi à mardi, selon le ministère turc des Affaires étrangères.

Avec Yara Bayoumy, Tom Perry et Dominic Evans à Beyrouth, Jean-Stéphane Brosse pour le service français