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Les rebelles libyens dénoncent l'"inaction" de l'Otan

Combattants rebelles à l'est de Brega. Les rebelles libyens, qui ont dû battre en retraite mardi à l'est du port pétrolier de Brega, ont vivement mis en cause l'attitude de l'Otan, qu'ils accusent de ne pas agir assez rapidement pour leur venir en aide. /

Combattants rebelles à l'est de Brega. Les rebelles libyens, qui ont dû battre en retraite mardi à l'est du port pétrolier de Brega, ont vivement mis en cause l'attitude de l'Otan, qu'ils accusent de ne pas agir assez rapidement pour leur venir en aide. / - -

par Angus McSwan BENGHAZI (Reuters) - Les rebelles libyens, qui ont dû battre en retraite mardi à l'est du port pétrolier de Brega, ont vivement mis...

par Angus McSwan

BENGHAZI (Reuters) - Les rebelles libyens, qui ont dû battre en retraite mardi à l'est du port pétrolier de Brega, ont vivement mis en cause l'attitude de l'Otan, l'accusant de ne pas agir assez rapidement pour leur venir en aide.

La situation serait particulièrement préoccupante à Misrata, leur dernière position dans l'Ouest, que les forces fidèles à Mouammar Kadhafi ont bombardée pendant sept heures, mardi, faisant deux morts et 26 blessés, rapportent les insurgés.

"Soit l'Otan fait son travail correctement, soit nous demanderons au Conseil national de transition (de la rébellion) de soulever la question devant le Conseil de sécurité" de l'Onu, a averti Abdel Fattah Younes, chef d'état-major des insurgés, lors d'une conférence de presse organisée à Benghazi.

L'inaction des Occidentaux, a-t-il poursuivi, permet aux forces de Mouammar Kadhafi d'avancer et de massacrer "chaque jour" la population de Misrata, troisième ville de Libye, à 220 km à l'est de Tripoli.

"L'Otan nous a déçus, elle ne nous a pas donné ce que nous attendions, elle est devenue notre problème.

"Misrata fait l'objet d'une véritable extermination", a insisté le chef militaire.

Interrogée sur ses propos, Oana Lungescu, porte-parole de l'Alliance, a assuré que les raids n'avaient pas diminué. "Les faits parlent d'eux-mêmes (...) Nous avons effectué 851 sorties au cours des six derniers jours".

"Les rebelles ne nous voient peut-être pas. Nous sommes peut-être à 100, 150 km d'eux", a ajouté un autre représentant de l'Otan.

POLÉMIQUE SUR LES "BOUCLIERS HUMAINS"

Selon le général Mark van Uhm, membre de l'état-major de l'Alliance, les raids occidentaux ont jusqu'ici permis de détruire un tiers des capacités militaires des forces de Kadhafi.

Ces dernières vingt-quatre heures, les opérations occidentales ont permis de détruire des chars, des véhicules blindés et des batteries anti-aériennes de l'armée gouvernementale autour de Misrata, a-t-il fait valoir.

L'officier a toutefois souligné que Kadhafi utilisait des civils comme "boucliers humains" et faisait stationner ses troupes dans des zones très peuplées, ce qui force l'Otan à agir avec prudence. "Quand il y a des boucliers humains, nous ne frappons pas", a-t-il expliqué.

"L'Otan dit que les hommes de Kadhafi se cachent parmi les civils, mais il ne reste pas de civils dans les zones où ils sont stationnés. Nous lui demandons de détruire les bâtiments civils pour en finir avec les snipers et les bandes armées", a rétorqué un représentant des rebelles à Misrata. "Il n'y a pas de civils dans les zones où se trouvent les forces de Kadhafi", a lui aussi affirmé Abdel Fattah Younes.

Sur le front oriental, les rebelles ont donc du battre en retraite à l'est de Brega. Ils se trouvaient mardi soir à mi-chemin entre Brega et Ajdabiah, l'un des derniers verrous vers la capitale de la Cyrénaïque.

KADHAFI DANS LE COLLIMATEUR DE LA CPI

Sur le plan diplomatique, les efforts marquent le pas. Moussa Ibrahim, porte-parole du gouvernement libyen, a annoncé lundi soir que la Libye était prête à trouver "une solution politique" avec la communauté internationale.

"Si elles veulent une issue pacifique à la crise, toutes les milices doivent déposer les armes. Elles seront ensuite les bienvenues pour participer au processus politique", a par ailleurs déclaré mardi Khaled Kaïm, vice-ministre des Affaires étrangères, s'adressant à la presse à Tripoli.

Abdelati Obeïdi, nommé mardi à la tête de la diplomatie libyenne en remplacement de Moussa Koussa, qui a fait défection la semaine dernière, a achevé une tournée éclair en Europe qui l'a conduit successivement en Grève, en Turquie et à Malte.

Il a exposé à ses interlocuteurs la position de la Libye, sans parvenir à une percée quelconque. La Turquie, qui jouit d'un grand prestige dans le monde arabo-musulman et entend parler aux deux parties, devrait dépêcher un émissaire auprès des insurgés libyens dans les jours à venir.

L'émissaire américain Chris Stevens, ancien numéro deux de l'ambassade des Etats-Unis à Tripoli, est par ailleurs arrivé à Benghazi, notamment pour examiner avec l'opposition libyenne les besoins financiers des insurgés en lutte contre les forces de Mouammar Kadhafi, a-t-on appris mardi de source autorisée à Washington.

Les insurgés espèrent procéder rapidement au chargement de leur première cargaison de pétrole. Le pétrolier "Equator", capable de transporter un million de barils de brut, approche du port de Marsa el Hariga, près de Tobrouk, dans l'est de la Libye.

A La Haye, le procureur de la Cour pénale internationale, saisi du dossier en février, a déclaré que le régime de Mouammar Kadhafi était prêt à tirer sur des civils désarmés avant même que l'agitation en Tunisie et en Egypte voisines ne gagne la Libye.

Jean-Philippe Lefief pour le service français