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Les partis de Guinée-Bissau se concertent après le coup de force

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par Alberto Dabo BISSAU (Reuters) - Les partis politiques de Guinée-Bissau devaient se réunir samedi après avoir reçu l'ordre des chefs de l'armée,...

par Alberto Dabo

BISSAU (Reuters) - Les partis politiques de Guinée-Bissau devaient se réunir samedi après avoir reçu l'ordre des chefs de l'armée, qui ont pris le pouvoir dans cette ancienne colonie portugaise d'Afrique de l'Ouest, d'organiser de nouvelles élections.

Le président par intérim, Raimundo Pereira, et l'ancien Premier ministre Carlos Gomes Jr sont entre les mains de militaires qui ont interrompu jeudi le processus électoral à deux semaines du second tour de la présidentielle.

"Ils vont bien", a déclaré le lieutenant-colonel Daha Bana na Walna, porte-parole militaire, après une rencontre au QG de l'armée entre des officiers et des représentants des partis à Bissau, la capitale où le calme régnait samedi.

Un responsable politique ayant participé à cette rencontre, Agnela Regalla, de l'Union pour le changement, a pour sa part rapporté: "Les chefs militaires ont avancé l'idée de nouvelles élections présidentielle et législatives."

Une source proche de l'armée et souhaitant conserver l'anonymat a déclaré à Reuters: "Les responsables militaires ont fait savoir aux partis qu'ils ne cherchaient pas le pouvoir."

Des représentants des formations politiques devaient se concerter dans la journée à l'Assemblée nationale pour tenter de former une sorte d'administration supervisée par l'armée en vue des élections.

Ce putsch, le deuxième en moins d'un mois dans la région après celui au Mali le 22 mars, a été condamné par le Conseil de sécurité de l'Onu, l'Union africaine, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, les Etats-Unis, l'Union européenne et le Portugal.

Pour des diplomates, l'intervention de l'armée semble destinée à empêcher l'accession à la présidence de Carlos Gomes Jr, candidat du PAIGC arrivé largement en tête du premier tour le 18 mars. Le second tour du scrutin présidentiel devait avoir lieu le 29 avril.

RÉPROBATION UNANIME

Ban Ki-moon a ajouté sa voix au concert des protestations en invitant samedi les putschistes à "relâcher immédiatement et sans condition toutes les personnes détenues".

"Le secrétaire général (de l'Onu) souligne la nécessité pour les forces armées et leur commandement de respecter l'autorité civile, l'ordre constitutionnel et l'état de droit et de prendre des mesures urgentes et immédiates pour le retour à l'ordre civil dans le pays."

Le Gabonais Jean Ping, président de la Commission de l'UA, a exprimé "le rejet total (de son organisation) de toute tentative visant à saper l'ordre constitutionnel et à faire obstacle à la poursuite du processus électoral en cours".

Enfin, la Communauté des pays lusophones, dont fait partie la Guinée-Bissau, a convoqué samedi à Libonne une réunion extraordinaire de ses membres pour évoquer la situation.

Carlos Gomes Jr a provoqué le mécontentement d'une partie de l'armée en raison de sa politique de réforme et de réduction des effectifs pléthoriques de l'institution militaire.

La Guinée-Bissau, devenue la tête de pont africaine des cartels de la drogue sud-américains pour faire transiter leur marchandise à destination de l'Europe, était censée élire le successeur du président Malam Bacai Sanha, décédé dans un hôpital parisien en janvier des suites d'une longue maladie.

Au second tour, Carlos Gomes Junior devait affronter l'ancien président Kumba Yala, mais ce dernier a appelé au boycott du scrutin en affirmant que le premier tour avait été entaché de fraudes.

Quelques heures avant le début des événements à Bissau, Kumba Yala, qui dit avoir des liens étroits avec les militaires appartenant majoritairement à l'ethnie Balanta, avait mis en garde contre les "conséquences" de la tenue du second tour.

Les hauts gradés de l'armée sont considérés par les Etats-Unis comme des trafiquants de drogue et, selon des diplomates, l'armée est au courant de chaque avion chargé de cocaïne qui atterrit sur le territoire.

Avec Mamadu Cande à Bissau, Aaron Maasho à Addis-Abeba et Stephanie Ulmer-Nebehay à Genève; Bertrand Boucey et Jean-Loup Fiévet pour le service français