BFMTV
International

Les opposants syriens font campagne, tension aux frontières

Bombardement à Ras al Aïn, observé depuis le village turc de Ceylanpinar. Les bombardements de l'armée syrienne se sont poursuivis lundi dans le secteur de Ras al Aïn, tenus par les rebelles, près de la frontière avec la Turquie. /Photo prise le 12 novemb

Bombardement à Ras al Aïn, observé depuis le village turc de Ceylanpinar. Les bombardements de l'armée syrienne se sont poursuivis lundi dans le secteur de Ras al Aïn, tenus par les rebelles, près de la frontière avec la Turquie. /Photo prise le 12 novemb - -

par Rania El Gamal et Regan Doherty DOHA (Reuters) - La nouvelle instance représentative de l'opposition syrienne, forgée dans la douleur et sous la...

par Rania El Gamal et Regan Doherty

DOHA (Reuters) - La nouvelle instance représentative de l'opposition syrienne, forgée dans la douleur et sous la pression internationale, a entamé lundi une quête de reconnaissance et de soutien avec l'espoir de hâter le départ de Bachar al Assad.

La crainte d'une "exportation" de la guerre civile vers les pays voisins s'est par ailleurs accrue avec de nouveaux incidents à la frontière turque et sur le plateau du Golan occupé par Israël.

Le responsable religieux réformiste Moaz Alkhatib s'est rendu au Caire pour obtenir l'adoubement de la Ligue arabe après avoir été élu dimanche, à la suite de longues tractations, à la tête de la nouvelle "coalition nationale" réunissant l'ensemble des composantes de l'opposition.

"Nous réclamons la liberté pour chaque sunnite, alaouite, ismaili, chrétien, druze, assyrien (...) et des droits pour toutes les composantes de l'harmonieux peuple syrien", a-t-il déclaré, avant d'appeler les soldats syriens à faire défection et l'ensemble des communautés à s'unir.

Le nouvel organe, formé des mouvements en exil et de ceux qui opèrent en Syrie, est censé resserrer les rangs rebelles et favoriser la chute du président Assad.

Le cheikh Alkhatib, âgé de 50 ans et emprisonné à plusieurs reprises pour ses critiques envers le gouvernement Assad, a choisi l'exil cette année. Il est de longue date partisan d'un islam libéral et tolérant, sensible aux droits des minorités religieuses et ethniques et à ceux des femmes.

Alkhatib est un "islamiste dynamique et progressiste, populaire à Damas et dans le reste de la Syrie", a indiqué Mazen Adi, un militant syrien des droits de l'homme qui a travaillé avec Alkhatib avant le début du soulèvement populaire. "Ce n'est pas un djihadiste à la gâchette facile et il peut aider à contenir les groupes extrémistes."

Des représentations spécifiques devraient être réservées au sein de la Coalition nationale aux femmes, aux Kurdes, aux chrétiens et aux alaouites, ces derniers appartenant comme le président Assad à une branche du chiisme.

"La première étape vers une reconnaissance passe par la Ligue arabe", a déclaré le cheikh Alkhatib lors d'une conférence de presse à Doha.

L'opposition tentera ensuite d'obtenir le soutien officiel des pays souhaitant le départ d'Assad - elle a celui de Paris depuis dimanche et du Conseil de coopération du Golfe (CCG) depuis lundi - puis des Nations unies.

Elle devra également tenter de convaincre la Russie et la Chine, deux pays qui ont jusqu'à présent rechigné à soutenir les initiatives onusiennes et qui soupçonnent l'opposition d'être manipulée par les puissances occidentales.

UN AVION SYRIEN FRÔLE LA FRONTIÈRE TURQUE

Moscou a exhorté la nouvelle coalition d'opposants à négocier avec le président syrien et à rejeter toute ingérence étrangère dans le conflit.

Prié de dire si Pékin reconnaissait la nouvelle opposition, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hong Lei, a appelé toutes les parties à s'engager dans "une transition politique conduite par le peuple syrien."

Sur le terrain, les combats ont continué près de la Turquie, tandis qu'Israël ripostait sur le plateau du Golan à un obus venu de Syrie.

Des bombardements de l'armée syrienne se sont poursuivis dans le secteur de Ras al Aïn, tenu par les rebelles, près de la frontière avec la Turquie.

Un avion militaire a bombardé la localité de Ras al Aïn, ce qui a entraîné la fuite de dizaines de civils vers le territoire turc. De leur côté, les hélicoptères de l'armée syrienne ont visé des cibles près de la localité, prise jeudi par les insurgés de l'Armée syrienne libre (ASL).

Un journaliste de Reuters à Ceylanpinar, côté turc, rapporte que l'avion a volé le long de la frontière et a semblé un moment être entré dans l'espace aérien turc.

Les Comités de coordination locaux, qui appartiennent à l'opposition syrienne, font état de 16 morts, et l'Observatoire syrien des droits de l'homme, basé à Londres, en signale douze. Sept combattants islamistes figurent parmi eux, précise-t-il.

Israël a répondu de son côté à un mortier tombé sur le plateau du Golan en provenance de Syrie par des tirs de blindés qui ont atteint, selon Tsahal, la pièce d'artillerie syrienne source du tir.

On ignore toutefois si la cible touchée appartenait à l'armée régulière syrienne ou aux rebelles en guerre contre le pouvoir central. L'armée israélienne avait déjà riposté dimanche à un tir perdu en provenance de Syrie, mais il ne s'agissait que de coups de semonce.

"Nous n'autoriserons pas la violation de nos frontières ou des tirs sur nos citoyens", a prévenu le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Pascal Liétout et Marine Pennetier pour le service français