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Les opposants russes de retour dans les rues de Moscou

Intensifiant la pression contre Vladimir Poutine, des milliers de Russes ont commencé à se rassembler samedi dans le centre de Moscou pour réclamer la tenue de nouvelles élections législatives. /Photo prise le 24 décembre 2011/REUTERS/Sergei Karpukhin

Intensifiant la pression contre Vladimir Poutine, des milliers de Russes ont commencé à se rassembler samedi dans le centre de Moscou pour réclamer la tenue de nouvelles élections législatives. /Photo prise le 24 décembre 2011/REUTERS/Sergei Karpukhin - -

par Maria Tsvetkova et Guy Faulconbridge MOSCOU (Reuters) - Intensifiant la pression contre Vladimir Poutine, des milliers de Russes ont commencé à...

par Maria Tsvetkova et Guy Faulconbridge

MOSCOU (Reuters) - Intensifiant la pression contre Vladimir Poutine, des milliers de Russes ont commencé à se rassembler samedi dans Moscou pour réclamer la tenue de nouvelles élections législatives.

Deux semaines après une première journée de mobilisation réussie, les organisateurs espèrent attirer de nouveau les foules.

Même s'il n'est que consultatif, l'avis rendu par le conseil des droits de l'homme du Kremlin, qui s'est prononcé en faveur d'un nouveau scrutin, a donné du baume au coeur des manifestants.

Le 10 décembre, six jours après les législatives aux résultats contestés, des dizaines de milliers de Moscovites avaient convergé vers la place Bolotnaïa pour dénoncer des fraudes et participer à une manifestation sans précédent depuis l'arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir, en 1999.

Samedi matin, la police russe estimait à 5.000 manifestants le nombre de personnes massées au départ du rassemblement, sur l'avenue Sakharov. Mais une source policière citée par l'agence Itar-Tass a évoqué la présence d'environ 20.000 manifestants.

Une scène a été érigée sur l'avenue, barrée d'un slogan proclamant: "La Russie sera libre !"

Une vingtaine d'orateurs devraient y prendre la parole, dont Mikhaïl Gorbatchev. L'architecte de la pérestroïka et dernier président de l'Union soviétique a confessé vendredi dans les colonnes de la Novaya Gazeta sa "honte" d'avoir soutenu Poutine lorsque ce dernier a succédé Boris Elstine au Kremlin en 2000.

L'avocat-blogueur Alexeï Navalni, une des nouvelles figures de l'opposition, doit également s'adresser à la foule.

UNE DOUMA DISCRÉDITÉE ?

Le mouvement né de la contestation des résultats des législatives du 4 décembre réunit libéraux, nationalistes, anarchistes, écologistes et jeunes urbains qui affirment que la victoire de Russie unie, le parti présidentiel qui a conservé de justesse sa majorité absolue à la Douma d'Etat, est le produit de fraudes massives.

Ils réclament notamment l'annulation du scrutin et la tenue de nouvelles élections, l'enregistrement de partis d'opposition, l'éviction du président de la commission électorale et la libération de détenus considérés comme des prisonniers politiques.

Certains veulent aussi obtenir la démission de Vladimir Poutine.

L'actuel Premier ministre, qui entend retrouver la présidence à l'occasion de l'élection de mars prochain, et le chef de l'Etat, Dmitri Medvedev, ont rejeté l'idée d'annuler les législatives du 4 décembre.

Dans son avis, le conseil des droits de l'homme rattaché à la présidence russe estime que les allégations d'irrégularités -confirmées par des observateurs étrangers- ont jeté le discrédit sur la nouvelle Douma.

Ceci constitue "une véritable menace contre l'Etat russe", ajoute le conseil qui estime également que le président de la commission centrale des élections, Vladimir Tchourov, devrait démissionner.

LE SOUTIEN DE KOUDRINE

L'avis n'est que consultatif, mais il renforce la motivation des contestataires, qui ont également reçu l'appui d'Alexeï Koudrine, un proche de Poutine dont il fut le ministre des Finances pendant onze ans, jusqu'à septembre dernier.

"Je partage vos émotions négatives liées aux résultats des élections législatives dans notre pays", écrit-il dans une tribune publiée sur le site internet du quotidien Kommersant. "Je suis prêt à appuyer l'organisation préliminaire d'un dialogue concret entre la société et les autorités."

A en croire l'agence de presse RIA, Koudrine pourrait participer au rassemblement sur l'avenue Sakharov.

Face à cette mobilisation, Dmitri Medvedev a promis jeudi de refondre le système politique en rétablissant notamment l'élection au suffrage direct des gouverneurs des régions, abolie en 2004 et remplacée par un processus de désignation par le Kremlin.

Le président a également annoncé un assouplissement des règles d'enregistrement des partis politiques.

Mais les opposants jugent que ces ouvertures sont trop timides et trop tardives, et considèrent en outre que Medvedev, en fin de mandat, n'aura pas les moyens de les faire appliquer, lui qui a officialisé en septembre l'inversion attendue des postes, Vladimir Poutine briguant de nouveau la présidence à l'élection de mars prochain et proposant que son dauphin le remplace à la tête du gouvernement.

Avec Alexeï Anichtchouk; Marine Pennetier et Henri-Pierre André pour le service français