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Les Occidentaux ont refusé un plan russe visant à faire tomber el-Assad, selon le Guardian

La ville de Douma, proche de la capitale syrienne Damas détruite par les bombardements, le 16 septembre dernier.

La ville de Douma, proche de la capitale syrienne Damas détruite par les bombardements, le 16 septembre dernier. - AFP - Abd Doumany

Selon un ambassadeur des Nations unies interrogé par le Guardian, la Russie a proposé en 2012 un plan de paix en Syrie, dont l'une des modalités était la démission de Bachar al-Assad. Plan refusé par les Occidentaux, assure-t-il.

L'information est presque incroyable, mais provient pourtant d'une source que l'on peut considérer de fiable. Martti Ahtisaari, ancien président finlandais, lauréat du prix Nobel de la paix en 2008 et aujourd'hui diplomate de l'ONU, a confié au Guardian avoir eu vent d'une proposition russe de faire partir pacifiquement Bachar al-Assad.

Le 22 février 2012, Martti Ahtisaari s'est entretenu avec des représentants des membres du Conseil de sécurité de l'ONU concernant la réponse à apporter au conflit syrien, qui à cette époque avait coûté la vie à près de 7.500 personnes. Le représentant russe, Vitaly Churkin, lui a alors fait part d'un plan en trois étapes: ne pas fournir d'armes à l'opposition, engager un processus de dialogue entre celle-ci et Assad, et enfin trouver un moyen "élégant" pour le président syrien de s'écarter du pouvoir.

Aucune réaction des Occidentaux

La proposition étonne, car la Russie a toujours soutenu Bachar al-Assad et son maintien à la tête de la Syrie. Martti Ahtisaari assure pourtant qu'elle est réelle. "Il n'y a aucun doute à avoir, je lui ai demandé de confirmer ses dires une seconde fois", affirme-t-il au Guardian, ajoutant que Vitaly Churkin revenait d'un voyage à Moscou et qu'il y avait peu de chance que la proposition n'émane pas directement du Kremlin.

Le diplomate finlandais explique avoir alors exposé ce plan aux représentants occidentaux du Conseil de sécurité, américains, britanniques et français, sans réactions. "Aucune suite n'a été donnée à cette proposition parce que, selon moi, tous ces gens étaient persuadés qu'Assad allait tomber sous quelques semaines, et qu'il n'y avait donc pas besoin de faire quoi que ce soit", avance-t-il.

Doute sur l'implication du Kremlin

Vitaly Churkin a refusé de s'exprimer à propos de ce qu'il appelle "une conversation privée". Les diplomates occidentaux n'ont pas plus accepté de commenter cette révélation, soulignant tout de même auprès du Guardian qu'après un an de conflit syrien, les forces du régime avaient déjà opéré de nombreux massacres et que les groupes d'opposition refusaient pourtant toute négociation.

Sir John Jenkins, ancien responsable du bureau Moyen-Orient du ministère des Affaires étrangères britannique, doute pour sa part que Churkin ait parlé sous l'autorité du Kremlin. "Si on m'avait parlé de cette proposition, j'aurais répondu que je voulais l'entendre de la bouche de Poutine avant de la prendre au sérieux", soutient-il. Et selon un ancien diplomatique européen cité par le quotidien britannique, il y a peu de chances que les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France aient refusé une telle proposition émanant des Russes.

H. M.