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Les Norvégiens se rassemblent, un an après le massacre d'Utoya

Devant le siège du gouvernement, dans le centre d'Oslo. Un an après le massacre commis par l'extrémiste de droite Anders Behring Breivik, des milliers de Norvégiens se sont rassemblés dimanche en silence devant ce bâtiment de la capitale et sur la petite

Devant le siège du gouvernement, dans le centre d'Oslo. Un an après le massacre commis par l'extrémiste de droite Anders Behring Breivik, des milliers de Norvégiens se sont rassemblés dimanche en silence devant ce bâtiment de la capitale et sur la petite - -

par Balazs Koranyi OSLO (Reuters) - Un an après le massacre commis par l'extrémiste de droite Anders Behring Breivik, des milliers de Norvégiens se...

par Balazs Koranyi

OSLO (Reuters) - Un an après le massacre commis par l'extrémiste de droite Anders Behring Breivik, des milliers de Norvégiens se sont rassemblés dimanche en silence devant le siège du gouvernement à Oslo et sur la petite île d'Utoya, les deux lieux visés par le tueur.

"La bombe et les balles visaient à changer la Norvège", a déclaré le ministre d'Etat (Premier ministre) Jens Stoltenberg devant la foule rassemblée dans le centre de la capitale. "Le peuple a répondu en embrassant nos valeurs. Le tueur a échoué, le peuple a gagné."

Le 22 juillet 2011, Anders Behring Breivik a d'abord fait exploser une bombe dans le quartier du gouvernement et des ministères à Oslo, ce qui a tué huit personnes, puis s'est rendu à un camp d'été des jeunes travaillistes sur l'île d'Utoya, à 30 km de la capitale, où il a tué par balles 69 participants.

Un millier de survivants de la fusillade se sont réunis dimanche sur l'île, en l'absence des médias. Ils ont laissé s'envoler un grand ballon en forme de coeur, auquel étaient attachés des messages adressés aux victimes.

"Très peu de gens peuvent passer une journée sans penser aux événements du 22 juillet", a témoigné Vegard Groeslie Wennesland, une survivante qui s'était barricadée dans une cabane avec une cinquantaine d'autres participants. "Vous savez, une personne qui vous manque, quelqu'un avec qui vous deviez passer du temps, ou à qui vous deviez demander un conseil. Ou juste quelque chose qui vous rappelle ce qui s'est passé."

Les dix semaines de procès d'Anders Behring Breivik, dont le verdict est attendu le 24 août, ont rendu le deuil difficile. En fonction du jugement rendu sur sa responsabilité mentale, le tueur encourt soit un internement en unité psychiatrique pour une durée indéfinie, soit une peine de prison de 21 ans, susceptible d'être prolongée.

REJET UNANIME

"Cette commémoration marque la fin d'un cycle au cours duquel les familles ont passé leur premier Noël, leurs premiers anniversaires, et leur première fête nationale sans leurs proches", a expliqué Kitty Eide, porte-parole d'une association de soutien à l'entourage des victimes, elle-même mère d'un survivant.

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a salué la mémoire du Franco-norvégien Rolf Christopher Johansen Perreau ainsi que des autres victimes et a rendu hommage au peuple norvégien "qui a marqué son attachement aux valeurs de démocratie et de tolérance".

Pour certains observateurs, le rassemblement de milliers de Norvégiens, un an après le massacre, au-delà d'une simple commémoration, marque également un rejet unanime de la rhétorique d'Anders Behring Breivik contre le multiculturalisme.

Le tueur a accusé ses victimes d'être des "marxistes culturels" et de soutenir des politiques d'immigration qui risquent de déboucher, selon lui, sur une guerre civile avec les musulmans.

"Je pense que les responsables politiques comme le peuple, peut-être sans le dire explicitement, ont fait clairement savoir qu'ils ne veulent pas que la société change", a expliqué Thomas Hylland-Eriksen, professeur d'anthropologie sociale à l'université d'Oslo. "Ils vont préserver ce qu'il considère comme les plus importantes valeurs de la Norvège: son ouverture et la sensation de sécurité."

"La lumière brille dans les ténèbres", a affirmé l'évêque luthérienne d'Oslo, Helga Haugland Byfuglien, au cours d'une messe exceptionnelle dans la cathédrale de la capitale. "Les ténèbres n'ont pas pu la recouvrir."

Julien Dury pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse