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Les Libyens décidés à tourner la page de la dictature

A Misrata des Libyens célèbrent la fin de Mouammar Kadhafi. Après huit mois d'affrontements armés, le "guide" de la révolution a été tué jeudi dans des circonstances obscures aux alentours de Syrte, sa ville natale. /Photo prise le 20 octobre 2011/REUTERS

A Misrata des Libyens célèbrent la fin de Mouammar Kadhafi. Après huit mois d'affrontements armés, le "guide" de la révolution a été tué jeudi dans des circonstances obscures aux alentours de Syrte, sa ville natale. /Photo prise le 20 octobre 2011/REUTERS - -

par Yasmine Saleh TRIPOLI (Reuters) - "Nous sommes libres, c'est tout ce qui compte !", se réjouit Shiha Al Djilani, un habitant de Tripoli sorti...

par Yasmine Saleh

TRIPOLI (Reuters) - "Nous sommes libres, c'est tout ce qui compte !", se réjouit Shiha Al Djilani, un habitant de Tripoli sorti célébrer dans la rue la mort de Mouammar Kadhafi.

"Nous ne pensons pas à qui viendra après. L'important, c'est que Kadhafi, le dirigeant cruel et inhumain, a disparu !", poursuit-il levant les bras au ciel en rendant grâce à Dieu.

Après huit mois d'affrontements armés, le "guide" de la révolution a été tué jeudi dans des circonstances obscures aux alentours de Syrte, sa ville natale. En abandonnant le 23 août son quartier général de Bab al Azizia aux hommes du Conseil national de transition (CNT), il était devenu la troisième victime du printemps arabe, après Zine ben Ali en Tunisie et Hosni Moubarak en Egypte.

A la différence des deux autres régimes, la Libye de Mouammar Kadhafi ne tolérait aucune opposition.

"Nous ne pourrions jamais avoir une discussion comme celle-là, dans un lieu ouvert, si Kadhafi était toujours au pouvoir", poursuit Shiha.

"J'ai passé sept ans en prison, de 1982 à 1988, seulement parce que je me trouvait près de l'aéroport quand les forces de Kadhafi ont arrêté des jeunes qui avaient retiré des banderoles portant des slogans à sa gloire."

Pour Mohamed, chauffeur de taxi dans la capitale, la Libye est désormais ouverte à tous les discours politiques, mais elle ne laissera jamais une nouvelle dictature s'installer.

COMME UNE PAGE BLANCHE

"Les Libyens sont comme une page blanche. Tous les mouvements politiques et leurs dirigeants ont la même chance de se présenter au peuple et, en définitive, le peuple choisira ce qui lui convient le mieux. Mais, ce dont je suis sûr, c'est qu'on n'acceptera jamais qu'une personne ou un groupe nous dirige indéfiniment même s'il fait des miracles. Nous voulons la démocratie et un président (...) qui ne peut effectuer que deux mandats", explique-t-il.

Parmi les membres du CNT figurent beaucoup d'anciens de l'administration de Kadhafi qui se sont démarqués du "guide" après le soulèvement.

Ils promettent des élections libres et un régime pleinement démocratique qui, même s'il repose sur la loi islamique, garantira le respect des libertés individuelles.

"L'absence d'expérience démocratique n'est jamais un problème. La démocratie s'apprend toujours quand le régime devient démocratique. Plus ont veut instaurer la démocratie, plus elle s'installe", assure Laleh Khalili, professeure à l'Institut d'études orientales et africaines de Londres.

"Cela dit, nuance-t-elle, je suit très prudente en ce qui concerne la Libye. Si le soutien de l'Otan a joué un rôle essentiel dans le renversement de Kadhafi, (ses membres) préfèrent la stabilité à un régime révolutionnaire et soutiendront les hommes en gris qui appartenaient à l'ancien régime".

Jean-Philippe Lefief pour le service français