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Les jeunes Espagnols mobilisés avant les scrutins locaux

Jeunes manifestants devant la mairie de Valence, dans le sud de l'Espagne. Des centaines de jeunes Espagnols ont protesté samedi contre le chômage et les mesures d'austérité dans de nombreuses villes du pays, bravant ainsi une interdiction de manifester à

Jeunes manifestants devant la mairie de Valence, dans le sud de l'Espagne. Des centaines de jeunes Espagnols ont protesté samedi contre le chômage et les mesures d'austérité dans de nombreuses villes du pays, bravant ainsi une interdiction de manifester à - -

par Andres Gonzalez et Fiona Ortiz MADRID (Reuters) - Des centaines de jeunes Espagnols ont protesté samedi contre le chômage et les mesures...

par Andres Gonzalez et Fiona Ortiz

MADRID (Reuters) - Des centaines de jeunes Espagnols ont protesté samedi contre le chômage et les mesures d'austérité à Madrid et dans d'autres villes, bravant ainsi une interdiction de manifester avant des élections locales qui s'annoncent défavorables aux socialistes au pouvoir.

On s'attend à ce que le nombre de ces "indignados" augmente dans la soirée. Ils étaient 25.000 vendredi soir à la Puerta del Sol, principale place de Madrid.

Des manifestants étaient aussi rassemblés à Barcelone, à Valence, à Séville, à Bilbao et ailleurs, comme c'est le cas depuis une semaine.

Ils appellent au boycott des deux grands partis du pays, le PSOE au pouvoir et le PP (opposition de droite), aux élections municipales et régionales prévues dimanche dans 8.116 communes et 13 des 17 régions du pays.

Craignant de violents affrontements, le gouvernement socialiste n'a pas fait appliquer par la force l'interdiction de manifester, qui est entrée en vigueur à minuit et rend illégales les rassemblements politiques une veille d'élections.

"Je manifeste parce que je n'ai aucun avenir professionnel en Espagne malgré mon diplôme de tourisme", explique Inma Moreno, 35 ans. "Cela devrait faire prendre conscience à la classe politique que quelque chose ne va pas."

Les socialistes, dont la gestion de la crise économique est vivement contestée, devraient essuyer de sérieux revers aux scrutins de dimanche.

OPINION DE MOINS EN MOINS PATIENTE

Le président du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, qui n'est pas parvenu à endiguer le taux de chômage le plus élevé de l'Union européenne (21,3%), a dit respecter les manifestants pacifiques en expliquant leur action par la crise économique.

Jusqu'ici, la population s'était montrée patiente face aux mesures d'austérité et à un taux de chômage qui atteint 45% pour la tranche des 18-25 ans. Mais les manifestants ont cristallisé la frustration accumulée sous l'effet de ce malaise économique.

"Nous savions qu'il finirait par arriver quelque chose de ce genre. La politique de l'Espagne n'a pas été très convaincante et, avec tous les effets de la crise, il devait se passer quelque chose", note Fermin Bouza, de l'Université Complutense de Madrid.

L'Espagne est sortie de la récession au début de l'an dernier, mais l'économie peine à redémarrer et le taux de chômage s'est emballé.

Les frais d'emprunt du gouvernement augmentent car les investisseurs redoutent qu'une croissance faible et lente n'empêche l'Espagne de réduire son déficit, prélude possible à une crise financière et à un plan de sauvetage comme en Grèce, en Irlande et au Portugal.

Les manifestations trouvent un écho chez des Espagnols de tous âges, notamment ceux qui gardent le souvenir des mouvements sociaux qui secouèrent l'Europe voilà plus de quarante ans.

"J'ai vu les manifestations de mai 68, et le mouvement actuel est un mouvement similaire, lorsque la jeunesse était descendue dans les rues", a commenté Javier Gutierrez, ingénieur accompagné de sa femme.

Si les manifestations font la une de nombreux médias, les analystes estiment qu'elles ne devraient pas modifier très sensiblement l'issue des élections de dimanche, sinon en accentuant la déroute des socialistes et incitant certains électeurs à voter pour de petites formations de gauche.

"Cela aura un effet très marginal à moins qu'une éruption de violence n'ait lieu durant le week-end, ce dont je doute", confie Fernando Fernandez, analyste à l'IE Business School.

Avec Paul Day, Marine Pennetier et Philippe Bas-Rabérin pour le service français